Chutes de Montmorency, entre glace et éclats lumineux CANADA +

Plus tard, sous nos doudounes épaisses, nous nous dirigeons vers les chutes Montmorency. 

La première visite, de nuit, se déroule dans une ambiance presque surnaturelle. L’obscurité enveloppe les lieux, et seules quelques lumières bleutées éclairent les contours de la chute figée. L’eau grondante, que l’on devine encore vivante sous la glace, semble arrêtée en plein tumulte, formant un mur de cristal, strié de givre et de silence. Des stalactites vermillon, illuminées par des projecteurs cachés, pendent comme des larmes figées. Des coulées blanches s’accrochent à la paroi rocheuse, comme si la chute elle-même avait été pétrifiée dans un élan tragique.

Nous empruntons la passerelle suspendue, que le vent cingle de bourrasques glacées. Chaque pas est une aventure : nos bottes crissent dans la neige gelée, la brume givrée nous recouvre de minuscules éclats scintillants, et l’impression de flotter au-dessus de ce gouffre gelé nous coupe littéralement le souffle. À ce moment-là, il est impossible de ne pas penser à la légende de Mathilde Robin, jeune fiancée dont l’histoire plane toujours au-dessus de la chute.

On raconte que Mathilde, une jeune fille de la noblesse française installée en Nouvelle-France, était promise à un soldat du nom de Louis. Mais celui-ci mourut tragiquement durant la bataille des Plaines d’Abraham. Dévastée par le chagrin, Mathilde serait montée au sommet de la chute et s’y serait jetée. Depuis, certains disent qu’à la tombée de la nuit, on peut apercevoir sa silhouette dans la brume glacée ou entendre ses pleurs mêlés au grondement figé de l’eau.

Le lendemain matin, la chute de Montmorency se révèle sous un tout autre jour, mais l’émotion reste intacte. Sous la lumière froide du soleil d’hiver, la glace dévoile ses nuances de bleu et de blanc, ses formes étranges et hypnotiques. On distingue les détails de la paroi figée, les stalactites recourbées comme des griffes, les bulles emprisonnées dans les couches de glace comme des souvenirs du mouvement disparu.

La passerelle, que nous avions traversée la veille dans l’obscurité, nous offre cette fois une vue dégagée sur le fleuve gelé et les falaises enneigées. Des familles marchent silencieusement, des enfants rient sur les sentiers, et les photographes s’accrochent à leurs trépieds pour capturer ce moment suspendu.

Mais même sous la lumière du jour, l’ombre de Mathilde semble veiller. On la devine dans un frisson, un reflet, ou dans cette impression de beauté tragique que dégage la cascade figée. Comme si le lieu, au-delà de sa splendeur naturelle, conservait à jamais la mémoire des amours brisées et des passions gelées par le destin.

FAUNE ET FLORE

VIDEOS  

AUTRES ARTICLES SUR le Canada à DISPOSITION :

LES LIENS