Somnathpur — Le temple de Chennakesava : dentelle de pierre des Hoysala Inde du Sud +

Nous arrivons à Somnathpur sur la route qui nous mène à Mysore, et pénétrons dans l’un des rares temples Hoysalas pratiquement intacts : le Chennakesava Temple. Dès les premiers pas, on comprend pourquoi ce site est souvent cité comme un sommet de l’architecture médiévale du sud de l’Inde — ici, la pierre a été travaillée comme un tissu fin, chaque surface offerte à la sculpture.
Le temple, fondé au XIIIᵉ siècle sous le règne de la dynastie Hoysala, doit son origine à l’initiative d’un haut dignitaire/chef militaire du roi Narasimha III (1254–1291) — un geste de piété et de prestige qui correspond à la grande tradition patronale des Hoysala. La stèle d’entrée en basalte, surmontée de reliefs représentant les trois forms divines, rappelle cette fondation et marque l’arrêt des siècles devant l’œuvre accomplie.
Le Chennakesava est un trikūta : trois sanctuaires distincts coiffés chacun par un shikhara (tour) — trois points culminants qui dominent l’enceinte. Le temple est inscrit dans un périmètre sacré bordé de 64 petites chapelles (cells) ; cette organisation confère au lieu une densité rituelle et architecturale remarquable.
Typique des Hoysalas, le plan est stellé (en étoile) : les murs sont saillants et rentrants, ce qui multiplie la surface disponible pour la décoration. Cette astuce formelle permet aux sculpteurs d’offrir une profusion de niches, de cadres et de panneaux sculptés. Les matériaux employés — une pierre fine et tendre (le fameux « soapstone »/chloritic schist) — ont facilité un travail de ciselure d’une finesse extrême.
Les colonnes annelées du mandapa, les fenêtres ajourées (jalis) et les plafonds sculptés à caissons montrent l’excellence technique : les piliers « tournés » au tour du sculpteur (lathe-turned), les pendentifs finement ouvragés, et les chapiteaux délicatement décorés composent un ensemble d’une grande élégance.
À l’extérieur, les frises courent le long des plinthes et racontent des histoires : rangs d’éléphants, cavalcades de chevaux, scènes de bataille, épisodes épiques et motifs floraux s’enchaînent avec un sens du rythme impressionnant. Au chevet, la frise de cavalcade se change en une scène de bataille vive et dynamique où un cavalier se retourne pour frapper des fantassins — une mise en scène pleine de mouvement et d’intensité.
Les niches abritent essentiellement des formes de Vishnou — Keshava, Venugopala, Janardana — mais l’hétérogénéité iconographique inclut aussi Shiva, Ganesha, Durga et d’autres figures du panthéon. Les statues sont souvent somptueusement parées, encadrées de motifs ornementaux d’une délicatesse remarquable. Fait notable : plusieurs sculptures portent la signature de leur auteur, pratique distinctive de l’école Hoysala (certains sculpteurs célèbres de l’époque ont laissé leur nom sur leurs œuvres).
Sur la façade d’entrée, des scènes érotiques inspirées du Kamasûtra s’insèrent parmi les représentations dévotionnelles — pas tant pour choquer que pour rappeler la vie, la fertilité et la pleine gamme des activités humaines, thème récurrent dans l’art rupestre et temple indien médiéval.
L’intérieur s’organise autour d’un espace central desservant les trois sanctuaires, chacun précédé d’une antichambre. Le mandapa commun est soutenu par des colonnes caractéristiques, ouvragées en anneaux, et surmonté de plafonds sculptés dont émergent de splendides pendentifs — autant d’éléments qui attirent le regard vers le centre et vers les sanctuaires.
Si certaines statues originelles (notamment du sanctuaire de Keshava) ont disparu, les niches latérales conservent encore de beaux exemples : dans la chapelle de Venugopala, un Krishna délicat joue de la flûte ; à droite, la cellule de Janardana présente une image plus solennelle du protecteur.
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La stèle d’entrée, qui représente les trois formes de Vishnou, rappelle la paternité militaire et dévotionnelle du temple — un geste pour légitimer le prestige du fondateur.
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On raconte localement que certaines sculptures étaient si parfaitement travaillées qu’elles « vivaient » aux yeux des villageois : des prêtres auraient longtemps parlé des yeux des dieux qui semblaient suivre les fidèles dans la pénombre des antichambres.
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Anecdote d’atelier : les signatures d’artistes sur les statues montrent que les sculpteurs jouissaient d’un statut reconnu — ils n’étaient pas anonymes, mais artisans-créateurs célébrés de leur vivant.
Somnathpur mérite qu’on s’y attarde lentement : chaque recoin recèle un détail — un fronton, un chapiteau, une scène de la vie quotidienne — qui s’ouvre peu à peu au visiteur attentif. Prenez le temps d’observer les frises depuis la base jusqu’au sommet des murs, d’entrer dans les antichambres et de lever les yeux sur les pendentifs du plafond : l’ensemble forme un texte de pierre qui raconte la foi, l’art et la vie sous les Hoysala.
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Dîner au Lalitha Palace — une soirée dans un écrin blanc
Nous descendons du taxi et restons un instant à admirer la façade immaculée du Lalitha Palace, toute blanche et superbe, comme une promesse. Ancienne propriété de la sœur du maharaja, la maison conserve l’élégance d’un temps royal : la verrière qui surmonte la salle à manger capte les dernières lueurs du jour, faisant miroiter dorures et porcelaines, tandis que les moulures et les boiseries racontent à elles seules une histoire de prestige et de calme feutré.
On nous conduit à notre table dans une salle qui ressemble à une bonbonnière : assises moelleuses, nappes immaculées, couverts brillants et un décor où la délicatesse se mêle au faste sans jamais en faire trop. Au fond, la scène accueille un trio de musiciens — sarangi, tabla et voix — qui jouent de la musique classique indienne en live. Les notes, tour à tour délicates et profondes, tissent une atmosphère intime et presque sacrée, comme si le temps ralentissait pendant le repas.
Le service est attentif sans être envahissant ; on nous présente la carte, riche et soignée, qui propose des plats indiens classiques sublimés par des cuissons précises, mais aussi quelques options internationales. Parfois, la maison offre un buffet généreux — selon les soirs — où l’on peut goûter plusieurs spécialités. Nous céderons volontiers à la tentation d’un plat local réinterprété avec raffinement, accompagné d’un verre conseillé par le sommelier, puis d’un dessert léger servi sous la verrière où la lumière des bougies danse sur les verres.
Après le dîner, nous nous laissons entraîner vers le bar feutré, un vrai témoignage de l’âme britannique de la maison : moquettes épaisses, fauteuils club, billard discret et ambiance tamisée.
Ici, le temps reprend la cadence des conversations feutrées, on commande un digestif, on partage nos impressions sur la soirée et l’on savoure ce moment de confort princier, loin de l’agitation de la ville.
Le Lalitha Palace n’est pas qu’un restaurant : c’est une parenthèse historique et sensorielle où l’architecture, la musique et la table se répondent. Pour nous, cette soirée restera l’une de celles où l’on sent que l’Inde sait aussi se faire élégante et cérémonieuse, sans perdre sa chaleur.
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