Halebid — Le temple Hoysaleswara : l’apogée de l’art Hoysala Inde du sud +

Nous quittons Belur par une route verdoyante, bordée de champs et de palmiers, en direction de Hassan, et après une trentaine de kilomètres nous atteignons Halebid, aujourd’hui paisible village, jadis prestigieuse capitale des Hoysalas. De cette gloire passée, il ne reste que des traces de murailles et quelques soubassements de palais, mais surtout s’élève ici l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de l’Inde médiévale : le temple de Hoysaleswara, dédié à Shiva, commencé en 1121 et achevé plusieurs décennies plus tard. L’édifice se présente comme une véritable dentelle de pierre, saturée de figures, d’animaux, de divinités et de récits sculptés. On reste saisi devant la vitalité qui émane de ces frises animées, en contraste radical avec l’austérité des lingams sombres et abstraits, vénérés dans l’ombre des sanctuaires.
Le temple est en réalité double : deux sanctuaires jumeaux, orientés à l’est, chacun abritant un lingam, un mandapa, et son taureau Nandi monumental. Ces deux espaces, reliés par un corridor, traduisent à la fois l’importance du culte shivaïte et l’équilibre recherché par les architectes. À l’est, les ouvertures de pierre finement ajourées filtrent la lumière en la transformant en dentelle — un jeu d’ombre et de clarté qui accompagne la marche rituelle.
Nous pénétrons par la porte nord pour entamer la circumambulation dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, comme le prescrivent les usages. L’œil se perd d’abord dans la profusion des six registres superposés du podium. Une frise d’éléphants, tous différents, symbolise la force et la stabilité ; viennent ensuite les lions, incarnant le courage ; puis les chevaux, messagers de rapidité ; au-dessus, les récits mythologiques se déploient, notamment le Ramayana et le Mahabharata, où les dieux, les héros et les démons se livrent à d’incessants combats. L’exubérance des détails est renforcée par les corniches décorées de rinceaux végétaux : la pierre s’anime au gré de la lumière.
Du côté ouest, le plan en étoile multiplie les surfaces et donne aux sculpteurs une liberté inépuisable : c’est là que se concentrent les scènes les plus virtuoses. Sur la chapelle nord, des jeunes filles apparaissent dans des gestes intimes : l’une ajustant sa coiffure, l’autre dialoguant avec son perroquet — la grâce féminine se fige dans l’éternité. À la chapelle sud, Krishna charme le monde de sa flûte, son corps légèrement cambré en tribhanga, posture d’équilibre et de séduction.
La porte sud, richement ornée, est la plus spectaculaire. C’est par là que le roi lui-même pénétrait chaque matin dans le sanctuaire. Les deux dvarapalas qui gardent l’entrée incarnent la puissance protectrice. Juste au-dessus, Shiva danse sur le corps du démon, tandis que Brahma et Vishnou en sont témoins : la scène, inscrite sous un arc formé de makaras (créatures aquatiques mythiques), réaffirme la suprématie de Shiva. Sur le linteau, une inscription gravée nous livre le nom de l’artiste : Kalidasi, preuve que les sculpteurs Hoysala signaient parfois leurs œuvres, chose rare dans l’Inde médiévale. Sur le montant, un Ganesha dansant semble nous accueillir dans la joie.
Sur le flanc est, les fenêtres ajourées remplacent les grandes statues. Mais la frise attire toute l’attention : elle déroule la bataille finale du Mahabharata, un tumulte de chevaux, d’archers, de chars de guerre, qui s’achève par la victoire des Pandava conduits par Arjuna. Les artistes ont saisi le mouvement avec une intensité saisissante, transformant le soubassement en fresque narrative.
Devant chaque sanctuaire, un pavillon abrite le taureau sacré, monture de Shiva. Celui du sud, d’une taille monumentale, impressionne particulièrement : son corps musclé, orné de colliers et de bijoux sculptés, traduit la majesté de l’animal divin. On sent ici l’importance du culte, où le dévot adresse ses prières d’abord à Nandi avant de pénétrer dans le sanctuaire du lingam.
L’accès aux deux temples se fait par la porte nord. Chacun présente la même organisation : un sanctuaire central, gardé par deux dvarapalas, précédé d’un mandapa aux colonnes caractéristiques de l’art Hoysala. Si certaines consoles sculptées ont disparu avec le temps, les plafonds demeurent splendides, ornés de motifs géométriques et floraux qui rappellent les rosaces gothiques d’Occident par leur minutie. Dans le mandapa nord, encore ouvert au culte, la décoration est plus raffinée : une atmosphère de recueillement s’en dégage, renforcée par la pénombre qui enveloppe les lingams.
Halebid n’est pas seulement un site archéologique : c’est aussi un sanctuaire toujours actif, où l’on croise des prêtres, des fidèles, des enfants jouant dans la cour, mêlés aux visiteurs fascinés. L’écho des pas sur la pierre, le parfum d’encens, le contraste entre la profusion sculptée des façades et l’austérité des sanctuaires intérieurs créent une expérience à la fois artistique et spirituelle. Le temple de Hoysaleswara, chef-d’œuvre de l’art Hoysala, illustre mieux que tout autre la virtuosité de cette dynastie qui sut faire de la pierre un récit vivant.
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