Indragiri et la statue de Gomateshwara, le « Beau Seigneur » Inde du Sud +

Nous poursuivons notre route en direction de Hassan et faisons halte à Indragiri, l’un des hauts lieux du jaïnisme en Inde. L’ascension vers le sommet n’est pas une simple promenade mais une véritable épreuve initiatique. Pendant une quinzaine de minutes, nous gravissons de hauts escaliers abrupts, taillés à même la roche, les pieds nus, comme l’exige la tradition jaïne. Le cuir étant interdit dans ce sanctuaire, nous nous délestons de nos chaussures et de toute ceinture ou sac à lanière, nous mettant ainsi à nu face à la pierre brûlante que le soleil a chauffée toute la matinée. Il n’y a pas un seul arbre pour nous offrir une ombre salvatrice, et la chaleur rend l’effort encore plus ardu. Mais chaque marche franchie semble nous rapprocher d’un monde suspendu entre ciel et terre.
Au sommet, la récompense est immédiate et saisissante. Le regard embrasse la campagne environnante, rythmée par des collines douces et des champs quadrillés, ainsi que le lac paisible qui s’étend en contrebas. Tout autour de l’esplanade se dressent de gracieux pavillons, offerts jadis par les souverains de Mysore aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, témoignant de la ferveur religieuse et du patronage royal envers le jaïnisme. Mais au cœur de ce complexe, fondé au XIIᵉ siècle, se dresse l’icône qui attire ici pèlerins et curieux depuis plus d’un millénaire : la statue colossale de Gomateshwara, ou Bahubali, surnommé le « Beau Seigneur ».
Sculptée d’un seul bloc de granit, haute de dix-sept mètres et perchée au sommet de ses 612 marches, elle impressionne autant par ses proportions que par son silence. Vieux de plus de mille ans, ce colosse semble défier le temps et incarner l’éternité. Sa nudité intégrale, symbole du renoncement absolu, exprime le choix radical du jaïnisme : se détacher de tous les biens et de toutes les illusions du monde matériel. Ses sourcils froncés, son visage figé dans une expression de sérénité sévère traduisent le détachement du sage face aux vanités terrestres.
La légende raconte que Bahubali, fils du premier Tirthankara Rishabhanatha, fut pris dans une querelle fratricide avec son frère Bharata pour la succession du royaume. Mais au moment décisif, il comprit la futilité de cette lutte et renonça à toute ambition. Il partit méditer, debout et immobile, si longtemps que des lianes commencèrent à grimper le long de ses jambes et que des serpents s’installèrent à ses pieds. La statue en garde l’écho : les branches sculptées qui s’enroulent autour de ses membres et les cobras qui rampent près de lui sont autant de symboles de ce détachement extrême, de cette victoire sur l’ego et le désir.
Chaque matin, des prêtres et des fidèles lavent ses pieds avec une dévotion qui confère au rituel une beauté simple et immuable. Mais c’est surtout tous les douze ans que le site s’anime d’une ferveur unique : lors du Mahamastakabhisheka, des milliers de pèlerins affluent de toute l’Inde et du monde pour assister à la purification rituelle de Gomateshwara. Des litres de lait, de beurre clarifié, de miel, de safran et d’eau de rose sont alors versés sur son corps monumental, recouvrant la pierre nue de coulées colorées et parfumées. Cet événement, rare et grandiose, symbolise la régénération spirituelle et l’union de la communauté jaïne dans sa foi millénaire.
Devant ce « Beau Seigneur », nous ressentons la densité de l’histoire, la puissance d’une foi qui a traversé les siècles et la sérénité d’un enseignement qui prône le non-attachement et la non-violence. Ici, au sommet d’Indragiri, nous touchons du regard et du cœur quelque chose qui dépasse la simple admiration artistique : l’écho intemporel d’une quête de vérité intérieure.
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