Alexandrie, la cité aux mille vies EGYPTE +

Après les palmiers et les silences du désert de Siwa, l’arrivée à Alexandrie a eu quelque chose de vertigineux. Comme un retour soudain à la mer, à l’agitation du monde, aux parfums d’iode et d’essence mêlés. En longeant la corniche qui épouse les contours de la Méditerranée, nous avons senti la ville nous happer dans sa beauté fanée, entre nostalgie cosmopolite et promesses de renouveau.
Alexandrie n’a pas le faste d’un musée à ciel ouvert, comme Louxor ou Le Caire. Ici, l’Histoire se devine, s’efface, resurgit par touches. C’est une ville de couches, de strates, de souvenirs. Et il faut prendre le temps, marcher, écouter, respirer pour l’appréhender vraiment.
Le souffle d’Alexandre et des Ptolémées
Nous avons commencé notre exploration par le site du phare de l’ancienne île de Pharos, disparu depuis des siècles, mais dont le génie rayonne encore dans l’imaginaire. Aujourd’hui, c’est la citadelle de Qaitbay qui occupe la pointe ouest du port oriental. Elle semble posée sur les ruines du phare antique, l’une des Sept Merveilles du monde. Depuis ses remparts, le vent souffle fort, et les mouettes tournent au-dessus des barques peintes qui oscillent dans le port. Le bleu de la mer se mêle à la pierre blonde, et on comprend soudain pourquoi Alexandre avait choisi cet endroit pour en faire la porte méditerranéenne de son empire.
Non loin, nous avons arpenté les vestiges de la bibliothèque antique, aujourd’hui incarnée par la Bibliotheca Alexandrina : une prouesse architecturale contemporaine, circulaire, inclinée comme un cadran solaire, en hommage au savoir et à la lumière. À l’intérieur, le silence est celui d’un temple moderne. Des millions de livres, des manuscrits rares, des expositions temporaires. Nous avons passé des heures dans ses salles, puis flâné sur les terrasses, face à la mer, en imaginant les savants, philosophes et poètes qui jadis peuplaient les allées de sa grande sœur disparue.
Une promenade entre Orient et Méditerranée
La ville elle-même se découvre à pied. La corniche, longue de plusieurs kilomètres, offre une succession de scènes de vie : pêcheurs à la ligne, jeunes couples qui rient sur les bancs, vendeurs de glaces ambulants. Au loin, les silhouettes d’hôtels Art Déco ou Belle Époque rappellent les fastes du début du XXe siècle, quand Alexandrie était la ville la plus cosmopolite d’Égypte, peuplée de Grecs, d’Arméniens, d’Italiens, de Juifs et de Syriens.
Nous avons marché jusqu’au quartier d’Anfoushi, plus populaire, où les ruelles vibrent d’une énergie brute : façades écaillées, étals débordants, enfants qui courent en riant. Dans une échoppe, un vieil homme nous a servi un café turc fort et sucré, accompagné de quelques dattes. En discutant, il nous a montré une photo fanée : son père, en uniforme grec, devant une mercerie aujourd’hui disparue.
Puis nous avons poussé la porte de la mosquée El-Mursi Abul Abbas, bijou d’architecture islamique, avec ses dômes nacrés et ses arcs élancés. L’ambiance y est paisible, enveloppante. Tout près, les pêcheurs prient à même le trottoir, tournés vers la mer.
Trésors cachés et villes souterraines
Sous nos pieds, Alexandrie cache encore des merveilles. Comme les catacombes de Kom El Shoqafa, où nous sommes descendus à la lueur de lampes électriques. L’humidité ruisselle sur les murs sculptés de cette nécropole romaine souterraine, où se mêlent art gréco-romain et traditions pharaoniques. Un sarcophage ici, un triclinium là, et cette étrange cohabitation de dieux égyptiens coiffés de toges romaines. On a l’impression d’être dans un monde de passage, entre deux cultures, deux temps.
Un peu plus loin, le Pilier de Pompée, solitaire au sommet d’une colline, surplombe les ruines du Serapeum. Il reste peu de ce sanctuaire dédié au dieu syncrétique Serapis, mais la colonne elle-même, haute de plus de 25 mètres, témoigne encore de la puissance passée de la cité.
Alexandrie vivante, littéraire et gourmande
La ville ne serait pas complète sans ses cafés et ses librairies. Sur les pas de Constantin Cavafy, nous avons visité sa maison-musée, figée dans les années 1930. Ce poète grec d’Alexandrie, à la plume mélancolique, a écrit l’âme de la ville mieux que quiconque. En ressortant, nous avons lu à voix haute quelques vers sur un banc du Jardin Shallalat, entourés par les rumeurs de la ville et le bruissement des palmiers.
Côté cuisine, Alexandrie séduit les papilles. Nous avons goûté à la sayadeya, ce riz au poisson cuit avec oignons et épices, dans un petit restaurant sur le port. Plus tard, des foul épicés dans une cantine de quartier, accompagnés d’un pain chaud cuit sur place. Les fruits de mer, grillés ou frits, sont délicieux, notamment les crevettes et les calamars servis face à la mer, là où les bateaux accostent encore avec leur pêche du matin.
Y aller, y rester
Depuis Siwa, rejoindre Alexandrie prend du temps, mais la route est sublime, traversant les étendues désertiques puis longeant la Méditerranée. Il est conseillé de faire étape à Marsa Matrouh ou El-Alamein si l’on voyage en voiture ou en minibus privé.
Nous avons choisi de loger dans une maison d’hôtes rénovée d’inspiration grecque, dans le quartier de Raml Station, à deux pas de la corniche. Le soir, les terrasses s’animent, les enfants jouent dans les rues, et les appels du muezzin se mêlent au chant des mouettes. Le climat, plus doux qu’au sud, est idéal entre mars et mai ou de septembre à novembre. L’été peut être lourd, mais la brise marine tempère la chaleur.
Conclusion : une ville-mémoire, entre mer et mirage
Alexandrie n’est pas une ville qui s’offre au premier regard. Elle se mérite, se dévoile par fragments. Il faut l’écouter, la lire, la fouler. Dans ses pierres, ses cafés, ses silences, elle porte l’écho des civilisations disparues et des rencontres improbables. Nous en sommes repartis le cœur plein d’images : une mer aux reflets de plomb, un regard croisé dans une mosquée, des ruines baignées de soleil, une poésie soufflée entre deux rues.
À Alexandrie, on ne visite pas, on plonge. Et on en ressort changé, un peu plus rêveur, un peu plus méditerranéen.
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