Coucal à sourcils blancs Centropus superciliosus – White-browed Coucal +

Sur la piste qui mène au Kissama Lodge, en Angola, notre attention est attirée par un oiseau élégant que nous n’avions jamais remarqué auparavant : le Coucal à sourcils blancs. Dès les premiers instants, sa silhouette et son allure imposante se détachent des herbes hautes et des buissons riverains. Comme chez la plupart des Cuculidés, le dimorphisme sexuel est à peine perceptible, la femelle étant simplement un peu plus grande que le mâle.
L’adulte de la sous-espèce nominale affiche une tête brun noirâtre surmontée d’un sourcil blanc très net, qui tranche magnifiquement avec le fond sombre. De fines stries blanc-crème courent le long de la nuque, des joues, du cou et du haut de la poitrine, mettant en valeur son menton et sa gorge clairs. Le manteau, le dos et les ailes présentent des teintes brun-roux, tandis que certaines rémiges s’illuminent d’un orange vif en plein vol. Le croupion et les sus-caudales noirs, finement barrés de blanc, se prolongent jusqu’aux rectrices lustrées aux reflets verts. Quant aux parties inférieures, elles sont blanc-roussâtre, subtilement rayées sur les flancs. Son iris rouge-grenat, son bec puissant noir et ses pattes d’un noir bleuté ajoutent à son allure singulière.
Nous observons également quelques juvéniles : ils sont beaucoup plus discrets, avec un bec moins noir, des iris pâles et un plumage dominé par des bruns chauds et roux, les stries claires étant presque invisibles. Plus au sud, nous apprendrons que les adultes de cette espèce affichent un plumage encore plus sombre et uniforme, avec des stries pâles réduites.
Le chant du Coucal à sourcils blancs nous surprend presque autant que son plumage. Caché dans les fourrés, il est difficile à localiser, mais il se fait entendre par des appels graves, courts ou longs, rappelant parfois le bruit d’eau versée dans un bocal. Ces vocalisations peuvent être émises par le couple, souvent pour renforcer leurs liens ou défendre leur territoire. Lorsqu’il se sent menacé, il multiplie les appels courts, répétitifs : « Khhuh » ou « Guk ». Nous avons eu la chance d’entendre ses bavardages rythmiques, ces longues séries de notes gutturales qui débutent rapidement avant de ralentir vers la fin de la phrase.
Notre observation confirme son préférentiel habitat : zones humides de basse altitude, bords de rivières, marais et herbes hautes denses, bien qu’il puisse aussi s’aventurer en terrain montagneux jusqu’à 2 800 mètres. Nous l’avons vu se percher au sommet des buissons, étirer son cou, pencher sa tête en avant et faire trembler son corps au rythme de ses appels, moments fascinants de démonstration et de communication.
Sur le plan alimentaire, il passe beaucoup de temps au sol à la recherche d’insectes — sauterelles, grillons, criquets — mais ne dédaigne pas les araignées, escargots, lézards, serpents, grenouilles, petits mammifères ou oiseaux. Nous l’avons observé s’emparer d’une sauterelle avec une précision étonnante, avant de disparaître silencieusement dans la végétation.
Quant à la reproduction, la femelle construit son nid dans les roseaux ou buissons : un dôme d’herbes et brindilles avec une entrée latérale, où elle pond 3 à 5 œufs blancs espacés de 24 à 48 heures. L’incubation dure 14 à 15 jours, et le nourrissage des oisillons noirs, couverts d’un long duvet blanc, est assuré par les deux parents.
Enfin, nous nous réjouissons de constater que malgré sa large répartition en Afrique de l’Est et australe, au Gabon et au Congo, l’espèce n’est pas menacée, sa population restant stable.
Notre rencontre avec le Coucal à sourcils blancs restera gravée dans nos mémoires : une observation à la fois esthétique, sonore et comportementale, au cœur des paysages humides et luxuriants du Kissama.