Fort de Gwalior, perle des forteresses INDE +


Le lendemain matin, nous nous lançons dans la découverte monumentale du fort de Gwalior, un véritable géant de pierre perché sur un plateau rocheux qui domine la ville depuis près de mille ans. Surnommé à juste titre la perle des forteresses indiennes, ce lieu imposant, presque irréel, semble émerger du roc lui-même, fusionnant avec le grès ocre sur lequel il est construit. Il faut grimper lentement pour atteindre l’entrée principale, traversant les portes successives qui portent les marques des dynasties, des sièges et des légendes.
Dès les premiers pas à l’intérieur, l’ampleur du site frappe. C’est une véritable cité fortifiée, avec ses palais, ses temples, ses sculptures et ses murailles serpentant sur plus de deux kilomètres. Chaque pan de pierre semble raconter une histoire, chaque recoin abrite un vestige, un symbole, une trace de faste ou de foi.

Notre première halte est pour le Teli ka Mandir, un temple qui intrigue aussitôt par sa silhouette haute et étrange. Érigé probablement au IXe siècle, sous la dynastie Gurjara-Pratihara, il s’élève à plus de 30 mètres de hauteur, ce qui en fait le plus grand temple du fort. Contrairement aux temples classiques du nord de l’Inde, celui-ci présente une architecture déroutante, avec un sanctuaire rectangulaire et une toiture en forme de gopuram, typique du sud. Un fascinant mélange de styles nagara et valabhi, où se côtoient des influences venues de régions éloignées. Les murs extérieurs sont sculptés de divinités multiples : Garuda, Durga, Vishnou, Shiva, et surtout les Matrikas, les déesses mères, symboles de fertilité et de protection. Le nom du temple — « Teli ka Mandir », littéralement le temple de l’homme à l’huile — reste mystérieux. Certains disent qu’il aurait été financé par un marchand d’huile, d’autres évoquent une caste d’artisans ou des rites particuliers. Restauré au XIXe siècle après des destructions successives, le temple conserve malgré tout une présence saisissante, comme s’il avait absorbé tous les styles, toutes les époques, sans jamais perdre sa singularité.
Plus loin, nichés sur une esplanade paisible, nous découvrons les Sas-Bahu Temples, souvent déformés en Sasbahu ou Sahastrabahu, mais toujours entourés d’une aura de douceur et de mémoire familiale. Ces deux temples jumeaux datent du XIe siècle et furent construits sous le règne du roi Mahipala de la dynastie Kachchhapaghata.

L’histoire raconte que le plus grand temple, le Sas, fut dédié à Vishnou, pour la reine, tandis que le plus petit, le Bahu, fut offert à Shiva, pour sa belle-fille. Cette cohabitation dévotionnelle est belle, presque émouvante, comme une métaphore sculptée de l’harmonie entre générations. Le style architectural est pur nagara, avec ses mandapas à plusieurs étages, ses colonnes sculptées, et surtout ses bas-reliefs racontant des scènes du Ramayana et du Mahabharata, entre divinités dansantes et batailles mythiques. Le grand temple a gardé sa structure principale, tandis que le petit est en partie ruiné, mais tous deux conservent une finesse ornementale impressionnante. À travers les pierres, on devine les gestes des artisans et l’élan de foi qui les a guidés.
En longeant les falaises du plateau, nous tombons ensuite sur l’un des plus spectaculaires ensembles sculptés du site : les statues jaïnes géantes taillées directement dans la roche. Elles sont là, en file, imposantes et sereines, les yeux mi-clos tournés vers l’éveil.
Certaines mesurent plus de 10 mètres de haut et représentent les Tirthankaras, les maîtres spirituels du jaïnisme.
Ces sculptures, datant des IXe au XVe siècle, sont à la fois fragiles et puissantes, avec leurs drapés minimalistes, leurs postures immobiles, leurs visages sans émotion.
Elles dominent les parois rocheuses comme des témoins silencieux d’une foi fondée sur la non-violence et la méditation.
Mais c’est sans doute le palais de Man Singh qui nous impressionne le plus. Érigé à la fin du XVe siècle par le roi Man Singh Tomar, ce chef-d’œuvre de l’architecture rajpoute se distingue par sa façade ornée de faïences turquoise et jaune, représentant des canards, des lions, des éléphants et des motifs floraux. Les couleurs semblent intactes malgré les siècles. À l’intérieur, une succession de cours, de pavillons, de bassins et de galeries richement décorées nous guide à travers un labyrinthe de beauté et de symétrie. On dit que les femmes du harem vivaient ici, protégées par de hauts murs, mais disposant de balcons d’où elles pouvaient observer les processions. Le palais était aussi un lieu de musique et de poésie : Man Singh lui-même était un mécène passionné, amoureux des arts. Le palais résonne encore des voix invisibles des chanteurs d’autrefois, comme s’il gardait en mémoire les ragas du soir.
En redescendant lentement du fort, le soleil décline, et la lumière rase glisse sur les murailles, embrasant les pierres de reflets dorés. Le fort de Gwalior n’est pas seulement une forteresse : c’est une citadelle-monde, une mosaïque de siècles, de religions, de styles et de mémoires entremêlées. Chaque pas y est un voyage, chaque mur un palimpseste. En quittant les hauteurs, nous comprenons pourquoi tant de souverains ont voulu s’en emparer — et pourquoi tant de poètes l’ont célébré.
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