Gouet à capuchon Arisarum vulgare ou Capuchon de moine
Lors de notre visite des ruines antiques de Volubilis, au Maroc, en janvier, nous avons été surpris par une découverte inattendue au ras du sol. Entre les vestiges de cette cité historique, une plante singulière a attiré notre attention : de petites fleurs au capuchon pourpre brillant, presque mystérieuses, se dressaient timidement parmi les pierres et la terre : le gouet à capuchon
Curieux, nous nous sommes approchés et avons observé ces formes fascinantes. Ces fleurs, semblables à des petits moines inclinant la tête sous leur capuchon, appartiennent à l’espèce Arisarum vulgare, plus communément appelée capuchon de moine ou gouet à capuchon. Cette plante herbacée du genre Arisarum et de la famille des Araceae est typique des régions méditerranéennes. Parmi les trois espèces du genre Arisarum, seule Arisarum vulgare est présente en France, notamment en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse. Elle se trouve également sur tout le pourtour méditerranéen (Europe et Afrique du Nord) ainsi qu’en Océanie, notamment en Nouvelle-Zélande et dans le sud de l’Australie.
Description
Arisarum vulgare est une plante glabre et rhizomateuse mesurant de 15 à 30 cm de hauteur. Ses feuilles, ovales et en forme de cœur, portées par de longs pétioles, mesurent entre 10 et 16 cm de hauteur et 7 à 10 cm de largeur. Leur couleur vert vif est parfois ponctuée de taches plus claires.
Les fleurs émergent du feuillage entre novembre et mars, période idéale pour les observer. L’inflorescence, caractéristique, est formée d’une spathe et d’un spadice. La spathe, tubulaire, est blanche et rayée de vert ou de pourpre, et elle se termine par un capuchon acuminé rabattant au-dessus du tube. Un long spadice verdâtre, étroit et muni d’une massue terminale nue, émerge de la spathe et se recourbe vers l’avant. Les fleurs, monoïques, sont regroupées autour de la base du spadice. Pour éviter l’autopollinisation, les fleurs femelles arrivent à maturité avant les mâles. Par une stratégie de duperie, le spadice attire les insectes pollinisateurs grâce à son odeur. Ces derniers transportent le pollen de spadice en spadice. Les fruits produits se regroupent en petites cupules vertes contenant de deux à huit graines.
Habitat
Cette plante pousse dans les terres incultes, les garrigues rocheuses, les friches et les pelouses sèches, de préférence dans des zones ombragées situées entre 0 et 800 mètres d’altitude. Son adaptation à des milieux arides et rocailleux en fait une espèce discrète mais robuste, parfaitement intégrée au paysage méditerranéen.
Usages alimentaires
Selon l’ethnobotaniste François Couplan, les petits tubercules d’Arisarum vulgare (de la taille d’une noisette, nutritifs et riches en amidon) ont été consommés lors de périodes de disette en Afrique du Nord. Cependant, leur richesse en cristaux d’oxalate de calcium les rend très irritants lorsqu’ils sont consommés crus. Pour être comestibles, ils doivent être cuits dans plusieurs eaux afin d’éliminer leur toxicité.
Cette rencontre avec Arisarum vulgare dans les ruines de Volubilis fut pour nous une leçon d’humilité face à la résilience de la nature. Ce contraste entre la fragilité de la plante et la solidité des vestiges antiques nous rappelle que chaque détail, aussi discret soit-il, contribue à la richesse et à la beauté de notre environnement.