Grand duc africain Bubo africanus

Un peu plus loin dans Agoualand, près d’Abomey-Calavi au Bénin, nous avons eu la chance d’observer un couple de grands-ducs, ces majestueux rapaces nocturnes qui inspirent autant de fascination que de respect. Les voir de près, dans un espace conçu pour imiter leur habitat naturel, a été un moment magique et instructif. Le grand-duc, avec son regard perçant, son plumage brun tacheté et ses ailes puissantes, est un oiseau impressionnant qui incarne à la fois la force et la grâce.

Le Grand-duc africain (Bubo africanus) est une espèce de rapaces nocturnes de la famille des Strigidae. C’est un hibou de taille moyenne, l’un des plus petits grands-ducs. Il mesure environ 45 cm de longueur et son poids varie de 480 à 850 g. Son envergure atteint entre 100 et 140 cm. Le disque facial va du blanc cassé à l’ocre pâle et ses yeux sont d’un jaune vif. Il possède des touffes caractéristiques sur les oreilles, tandis que le haut de son corps est brun sombre et ses parties inférieures sont blanc cassé avec des lignes brunes.

Le couple que nous avons observé semblait paisible, installé sur une branche épaisse dans un enclos spacieux et bien aménagé. Le guide nous a expliqué que ces oiseaux, bien qu’imposants, sont des prédateurs discrets, chassant principalement la nuit grâce à leur ouïe exceptionnelle et leur vision perçante. Ils se nourrissent de petits mammifères, d’oiseaux, d’insectes et de reptiles. Leur présence dans le parc est une opportunité rare pour les visiteurs de les admirer de près, car dans la nature, ils sont difficiles à repérer, se cachant dans les zones forestières ou rocheuses.

Le Grand-duc africain habite la plupart de l’Afrique au sud du désert du Sahara, évitant toutefois les forêts denses. C’est un chasseur nocturne qui passe ses journées caché dans les arbres, les roches ou les terriers abandonnés. Il ne craint pas les zones peuplées et chasse souvent près des routes, ce qui l’expose malheureusement aux collisions avec les véhicules. Sa principale cause de décès reste cependant l’utilisation de pesticides en agriculture, qui contaminent ses proies et affectent sa survie.

Voir ce couple de grands-ducs nous a également rappelé l’importance de ces prédateurs dans l’équilibre des écosystèmes. En tant que chasseurs, ils régulent les populations de petits mammifères, d’oiseaux et même d’insectes, jouant ainsi un rôle clé dans la chaîne alimentaire. Malheureusement, comme de nombreux rapaces, les grands-ducs sont menacés par la destruction de leur habitat et l’utilisation de pesticides. Leur présence à Agoualand est donc aussi un rappel de la nécessité de protéger ces espèces et leur environnement.

Le guide nous a appris que les grands-ducs sont des oiseaux monogames, formant des couples stables pour la vie. Ils sont capables de se reproduire dès l’âge d’un an. La période de reproduction commence en juillet et dure jusqu’aux premières semaines de février. Ils font leur nid sur le sol et peuvent aussi s’installer sur les corniches de bâtiments. La femelle pond de deux à quatre œufs qu’elle couve seule, quittant le nid seulement pour manger ce que le mâle lui apporte. L’incubation dure environ 32 jours, et les jeunes peuvent voler à environ sept semaines. Cinq semaines plus tard, ils quittent définitivement le nid. En milieu naturel, leur espérance de vie atteint une dizaine d’années, tandis qu’en captivité, ils peuvent vivre jusqu’à vingt ans.

En observant le couple, nous avons été frappés par leur calme et leur dignité. Le mâle et la femelle semblaient en parfaite harmonie, se relayant pour surveiller les alentours et interagissant avec une certaine complicité. Cette observation nous a offert un aperçu rare de leur comportement et de leur dynamique sociale.

En quittant l’enclos des grands-ducs, nous avons ressenti un profond respect pour ces oiseaux majestueux. Cette rencontre nous a rappelé que la nature regorge de créatures fascinantes, souvent méconnues, mais essentielles à l’équilibre de notre planète. Les parcs comme Agoualand ont un rôle crucial à jouer pour sensibiliser le public à la protection de ces espèces et pour offrir des espaces où elles peuvent vivre en sécurité, tout en permettant aux visiteurs de les découvrir et de s’émerveiller.