Gwalior, entre murailles, musique et majesté INDE +

Nous quittons Orchhâ en direction de Gwalior, traversant les plaines ondulantes du Madhya Pradesh, lorsque nous faisons halte à Datia, une cité méconnue mais profondément marquée par la ferveur religieuse et l’histoire. Cette ville ancienne, souvent surnommée « Laghu Vrindavan », le petit Vrindavan, étonne dès notre arrivée par son atmosphère mystique, presque suspendue, avec ses innombrables temples qui émergent ici et là, entre les maisons, les ghats et les collines. Tout semble baigner dans une forme de dévotion silencieuse.
Datia, entre palais oubliés et déesses redoutables
Le lieu le plus emblématique de cette spiritualité est sans doute le Pitambara Peeth, sanctuaire dédié à Baglamukhi Devi, l’une des dix Mahavidyas du tantrisme hindou, déesse de la puissance, de la protection et du silence victorieux. Dès que nous pénétrons dans le complexe, une intensité palpable nous enveloppe. Des sadhus méditent, des fidèles récitent des mantras, des guirlandes de fleurs se balancent au rythme du vent. Le sanctuaire est particulièrement fréquenté lors des fêtes de Navratri, où les fidèles viennent invoquer la déesse pour la victoire sur les épreuves et les ennemis. Le temple est aussi un centre tantrique actif, attirant des initiés de toute l’Inde. Il ne s’agit pas d’un simple lieu de culte : c’est une puissance vivante que l’on vient approcher, ressentir, parfois même redouter.
Mais Datia ne se résume pas à sa dimension spirituelle. Elle possède aussi un trésor architectural que peu de voyageurs prennent le temps de découvrir : le palais de Bir Singh Deo. Ce chef-d’œuvre construit en 1614, en l’honneur de l’empereur Jahangir, est un joyau de l’architecture rajpoute-moghole, pourtant presque ignoré des circuits touristiques classiques. Ce qui le rend unique, c’est sa construction intégrale en pierre et brique, sans aucun recours au bois ni au métal.
Le palais se dresse comme un mirage sur une colline, ses sept étages visibles dominant la ville, et selon la légende, sept autres souterrains enfouis sous terre. Les couloirs sont silencieux, les escaliers abrupts, les terrasses offrent des vues infinies sur les campagnes environnantes. Ici, pas de marbre, mais une noblesse brute, presque brute de carrière. On raconte que l’architecte Edwin Lutyens, en découvrant ce palais, s’en serait inspiré pour certains éléments du plan de New Delhi.
En nous promenant à travers la ville, nous découvrons de nombreux temples anciens, tous baignés d’une ferveur discrète mais tenace. Le Dhumavati Temple, dédié à une forme sombre et féroce de la déesse, attire une dévotion plus marginale, plus ésotérique. C’est un lieu de prières puissantes, où l’on vient chercher la vérité dans le dépouillement, voire l’épreuve. Non loin de là, le Vankhandeshwar Temple, dédié à Shiva, passe pour être l’un des plus anciens de la région, certains affirmant qu’il remonterait à l’époque du Mahabharata. Le lingam qu’on y vénère est considéré comme Swayambhu, c’est-à-dire non façonné par la main de l’homme. Et puis, dans un quartier paisible, nous tombons sur Laghu Vrindavan, un ensemble de petits temples dédiés à Krishna, rappelant par leurs fresques et leur disposition les scènes pastorales de la grande Vrindavan du nord.
À treize kilomètres seulement, nous faisons un dernier détour par Sonagir, littéralement « la colline d’or ». Cette colline sacrée jaïne est recouverte de plus de cent temples blancs, éparpillés sur les pentes comme un collier de perles immaculées. Le lieu, silencieux, baigné d’une lumière presque irréelle, attire chaque année des milliers de pèlerins, marchant pieds nus sur les sentiers escarpés jusqu’au sommet, où se dresse le temple principal. Les vœux y sont formulés en silence, les prières soufflées au vent.
En quittant Datia, nous gardons le sentiment d’avoir traversé une Inde plus secrète, plus profonde. Une Inde des dévotions anciennes, des palais oubliés, des dieux aux visages multiples, où chaque pierre semble porteuse d’un murmure sacré. La route vers Gwalior peut reprendre, mais quelque chose en nous reste suspendu à cette halte inattendue.
Gwalior
Nous quittons Datia en fin de matinée, encore imprégnés par l’étrange intensité spirituelle du Pitambara Peeth et les hautes silhouettes silencieuses du palais de Bir Singh Deo. En reprenant la route vers le nord, nous quittons peu à peu les terres sacrées pour nous rapprocher des grandes citadelles du pouvoir. Notre prochaine étape, Gwalior, n’est qu’à une soixantaine de kilomètres, mais ce court trajet suffit à nous faire traverser plusieurs mondes.
La route serpente doucement entre des villages aux maisons ocres, des champs de millet, de lentilles et de moutarde, ponctués ici et là de grands arbres banyans sous lesquels se tiennent des scènes immuables : un barbier en train de raser un client sur une chaise en bois, un vieux brahmane récitant ses mantras, des enfants qui courent après un pneu. Les bus bringuebalants croisent les motos chargées de familles entières, les camions peints de motifs naïfs, les troupeaux de zébus au pas lent, imperturbables. De temps à autre, un petit temple aux dômes colorés surgit au bord de la route, battant au vent ses fanions rouges et safran.
Nous croisons aussi les voies ferrées, les fameux rails de la Central India Railway, construits à l’époque britannique et encore très actifs. Parfois, un train traverse la plaine, long serpent de métal bruyant, rempli de passagers aux visages tournés vers l’horizon. Ce sont des moments de suspension, comme si toute la région oscillait entre immobilité et mouvement lent, entre passé immémorial et modernité hésitante.
À mesure que nous approchons de Gwalior, les collines commencent à se dresser, basses d’abord, puis plus marquées. La silhouette massive du fort de Gwalior, juchée sur son promontoire de grès, se découpe bientôt à l’horizon, telle une muraille suspendue entre ciel et terre. Son imposante longueur — plus de deux kilomètres de remparts — tranche avec les ondulations douces des campagnes traversées. C’est une vision saisissante, presque cinématographique, que les rois moghols eux-mêmes ont redoutée.
Gwalior se devine aussi par le changement d’ambiance : la circulation s’intensifie, les klaxons se font plus insistants, les devantures des boutiques plus colorées. Des échoppes vendent des jalebis dorés, des verres de lassi sucré, des paquets de churan et des colliers de fleurs. L’air est plus sec, mais chargé d’histoire. Nous pénétrons dans une ville ancienne, mais bien vivante, où les vestiges des dynasties Tomar, Mughal, Marathe et Scindia cohabitent avec les rues modernes et les bazars animés.
La route de Datia à Gwalior, bien qu’elle soit brève, agit comme une transition subtile entre deux dimensions de l’Inde centrale : celle de la dévotion profonde, enracinée dans les temples et les récits, et celle du pouvoir, exprimé en forteresses, palais et grandes épopées militaires. Un trajet entre le silence du sacré et le tumulte de l’Histoire.
Fort de Gwalior, la perle des forteresses
Le lendemain matin, nous nous lançons dans la découverte monumentale du fort de Gwalior, un véritable géant de pierre perché sur un plateau rocheux qui domine la ville depuis près de mille ans. Surnommé à juste titre la perle des forteresses indiennes, ce lieu imposant, presque irréel, semble émerger du roc lui-même, fusionnant avec le grès ocre sur lequel il est construit. Il faut grimper lentement pour atteindre l’entrée principale, traversant les portes successives qui portent les marques des dynasties, des sièges et des légendes.
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