La Citadelle Impériale de Fatehpur Sikri INDE +

Nous approchons de Fatehpur Sikri dans les lueurs dorées de l’après-midi, lorsque le grès rouge des remparts commence à se teinter de feu sous le ciel du Rajasthan. La silhouette crénelée de la citadelle impériale se détache sur l’horizon, perchée sur un éperon rocheux. Une muraille longue de six kilomètres ceinture l’ensemble, percée de neuf portes monumentales, vestiges d’une ville conçue pour être le cœur vivant de l’empire moghol — et qui ne le fut que pour quelques années. Fondée par l’empereur Akbar en 1571, la cité devint brièvement sa capitale, avant d’être abandonnée en 1585, probablement en raison du manque d’eau. Ce rêve d’urbanisme impérial figé dans le temps nous ouvre pourtant ses portes comme s’il n’avait jamais cessé de battre.

Nous entrons par la grande porte nord, longeant les anciennes allées de la ville basse, aujourd’hui disparue, avant de pénétrer dans l’enceinte royale. Le calme règne, ponctué par les cris des oiseaux et les pas discrets des visiteurs. Tout est harmonie ici : une succession de cours, de pavillons, de jardins et de bassins, agencés dans un ordre presque parfait, conçu pour incarner l’idéal d’un empire syncrétique. Akbar y expérimenta non seulement une nouvelle capitale, mais aussi une nouvelle vision de la royauté, fondée sur le dialogue entre les cultures.
Notre première halte est pour la Jama Masjid, la grande mosquée, construite entre 1571 et 1574. C’est l’un des plus anciens édifices du complexe, et aussi l’un des plus sacrés. L’espace s’ouvre sur une vaste cour intérieure, encadrée par de hautes arcades en grès rouge. Les dômes sont blancs, ponctués de motifs géométriques et de calligraphies en arabe. Sous l’un des porches repose le tombeau de Sheikh Salim Chishti, le saint soufi dont Akbar sollicitait les bénédictions. L’empereur, sans héritier pendant de longues années, s’était rendu dans son ermitage et, selon la légende, la naissance de son fils Salim — le futur Jahangir — fut attribuée à la bénédiction du saint. Le tombeau, d’un marbre d’une blancheur éclatante, contraste avec le grès alentour. Finement ciselé, orné de jalousies en marbre, il est aujourd’hui encore un lieu de prière actif, où les femmes viennent nouer des fils sur les treillis en espérant une naissance heureuse.

En continuant, nous atteignons le palais de Jodha Bai, la plus vaste résidence du harem impérial. Construit pour Mariam-uz-Zamani, princesse rajpoute devenue l’une des épouses d’Akbar, ce palais est un magnifique exemple du syncrétisme architectural moghol. Le grès rouge y est sculpté avec une finesse extrême : cygnes, éléphants, lotus, et même un petit temple hindou privé témoignent du respect d’Akbar pour les croyances de son épouse. Des cours intérieures, des galeries ornées, des jardins symétriques apportent à l’ensemble une grâce tranquille. L’ombre des piliers, le chant des oiseaux et la discrétion des portes en retrait évoquent les murmures d’un monde disparu — celui des femmes du harem, recluses et puissantes à la fois.
Plus loin, le Diwan-i-Khas, la salle d’audience privée, nous surprend par son architecture unique. Un pavillon carré, aux murs ajourés, surmonté de quatre chhatris à ses coins, abrite en son centre une colonne monumentale richement sculptée.

C’est là qu’Akbar, assis au sommet de cette colonne sur une plateforme circulaire, recevait philosophes, dignitaires, représentants des différentes religions — hindous, musulmans, chrétiens, jaïns, parsis — pour des débats intellectuels. Il y discutait du destin, de la foi, de la politique, cherchant à forger une religion impériale : le Din-i-Ilahi, une tentative audacieuse, mais éphémère, de concilier toutes les croyances. Les détails de la colonne, avec ses motifs floraux, ses balustrades délicates et ses nervures, semblent exprimer visuellement cette volonté de convergence.
En déambulant dans les cours secondaires, nous découvrons d’autres pavillons moins connus, comme ceux qu’on regroupe parfois sous le nom de Rang Mahal ou Ranch Mahal, sans qu’il s’agisse d’un bâtiment identifié clairement. Ce sont des espaces résidentiels ou de détente, sans doute réservés aux femmes du harem, avec des fresques discrètes, des fenêtres à moucharabieh, des piscines peu profondes, et des bancs de pierre ombragés par des auvents sculptés. Le raffinement y est plus intime, plus domestique, comme si les bruits du pouvoir s’étaient tus au profit d’une vie douce et retirée.
La lumière décline, caressant les façades de grès rouge avec une tendresse dorée. Les formes s’allongent, les reliefs s’adoucissent. La citadelle semble flotter dans une autre temporalité, ni tout à fait moghole, ni tout à fait abandonnée. En quittant les lieux par la porte sud, nous comprenons que Fatehpur Sikri n’est pas une simple ville-fantôme impériale : c’est un manifeste de pierre, une utopie politique et spirituelle née dans l’esprit d’un empereur lettré. Un rêve d’harmonie devenu silence.
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