Tortue molle d’Afrique ou du Nil Trionyx triunguis

C’est sur l’île aux crocodiles d’Ada Foah, au Ghana, que nous avons eu la chance d’observer pour la première fois une Trionyx triunguis, communément appelée tortue molle d’Afrique. Cette rencontre inattendue nous a permis de découvrir une créature fascinante, emblématique de la richesse de l’écosystème de la Volta.

La Trionyx triunguis est la plus grande tortue aquatique continentale africaine, pouvant atteindre jusqu’à 120 cm de longueur totale et peser jusqu’à 60 kg. Sa carapace, qui diffère des tortues terrestres classiques, est recouverte de cuir, fortement aplatie et de forme ovale, une adaptation parfaite à son mode de vie aquatique. Son apparence est tout aussi captivante : une dossière vert olive, un plastron clair, une tête triangulaire prolongée par des narines tubulaires saillantes, qui forment une petite trompe idéale pour respirer en restant discrètement immergée. Ses membres palmés, équipés de trois puissantes griffes, complètent son anatomie spécialisée pour évoluer dans l’eau avec agilité.

Malgré son allure paisible lorsqu’elle glisse sous la surface, cette tortue est bien connue pour son caractère irascible. En cas de capture, elle n’hésite pas à mordre grâce à ses deux plaques dentaires coupantes, témoins de son instinct défensif. Nous avons également appris que cette espèce est carnivore et pratique une technique de chasse à l’affût. Cachée dans le sable, sa carapace enfouie, elle attend immobile que des poissons passent à sa portée avant de déployer son long cou pour les saisir avec une précision redoutable.

Cette tortue possède également des particularités biologiques impressionnantes. Elle dispose de trois modes respiratoires : la ventilation pulmonaire, comme la plupart des reptiles ; la respiration cutanée, également observée chez les amphibiens ; et une respiration spécifique via des pseudo-branchies situées dans sa gorge. Ces adaptations lui permettent de rester immobile sous l’eau pendant de longues périodes, parfois jusqu’à 15 heures, en réduisant au maximum ses mouvements. En chasse ou au repos, elle avale et recrache de l’eau par la bouche, la faisant circuler sur ses pseudo-branchies pour maximiser l’échange gazeux.

La répartition géographique de la Trionyx triunguis est tout aussi remarquable. Elle est présente dans une vaste région qui s’étend du fleuve Sénégal au Rio Cunene en Namibie, en passant par le Shabeelle en Somalie, jusqu’au delta du Nil et la Méditerranée orientale. Elle habite une large gamme de milieux aquatiques, tels que les cours d’eau, les lacs, les marais et les lagunes, et pond ses œufs sur les bancs de sable des berges. Cette tortue s’aventure même en mer, parfois loin des embouchures fluviales, un comportement rare qui témoigne de sa capacité d’adaptation exceptionnelle.

Rencontrer cette tortue au cœur des eaux calmes de la Volta a été une expérience inoubliable. La Trionyx triunguis incarne à la fois la diversité et la complexité de cet écosystème, où chaque espèce joue un rôle unique. Observer son mode de vie en symbiose avec son environnement nous a rappelé l’importance de préserver de tels sanctuaires naturels pour garantir la survie de ces créatures fascinantes.

nt de pure fascination. Elle symbolise la diversité et la résilience de la faune de la région, renforçant l’idée que chaque coin de l’île regorge de trésors naturels à admirer et à protéger.