Tortue olivâtre Lepidochelys olivacea

Lors de notre visite du refuge dédié à la protection des tortues marines à Grand Popo, au Bénin, nous avons eu la chance d’observer une tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea) Cette espèce appartient à la famille des Cheloniidae et doit son nom à la couleur olive de sa carapace. Malheureusement, elle est en voie de régression et fait l’objet localement d’un plan de restauration.
Distribution et lieux de ponte
Cette espèce se rencontre dans les eaux intertropicales. Cependant, elle ne dispose pas de nombreux lieux de ponte sûrs. Un des plus importants, situé en Inde, est menacé par l’industrialisation. Bien que les États-Unis aient déclaré l’espèce comme étant en danger, sa population diminue en Atlantique Nord. Les populations stagnent ou sont en légère augmentation dans l’océan Pacifique. Les principaux sites de ponte en Inde se situent dans l’État d’Orissa, sur les plages de Devi, Rushikulya et Gahirmatha, ce dernier étant gravement menacé par l’industrialisation.
Alors qu’on pensait qu’elles ne se reproduisaient pas en mer Rouge, plusieurs sites de nidification ont été découverts dans la région de l’Érythrée.
Description
La tortue olivâtre mesure entre 50 et 75 cm de long et pèse environ 45 kg. Sa dossière est plutôt plus bombée que celle de la tortue de Kemp, avec une région nuchale surélevée. Elle présente une couleur verdâtre à ocre brun, avec des bords légèrement retournés.
Alimentation
Cette tortue marine est une omnivore opportuniste. Elle broute des algues et se nourrit de crustacés, d’échinodermes, de méduses, de mollusques et de poissons. Ce régime varié joue un rôle essentiel dans l’équilibre des écosystèmes marins.
Reproduction
La maturité sexuelle est atteinte entre 7 et 9 ans. Les pontes durent de 20 à 40 minutes et peuvent se produire de façon isolée ou collective, dans un phénomène appelé arribada, où des milliers de femelles viennent pondre simultanément. Le nid est creusé sur 50 à 60 cm de profondeur, contenant entre 30 et 170 œufs. Une femelle peut pondre de 1 à 3 fois par saison, à des intervalles de 17 à 29 jours. L’incubation dure entre 46 et 62 jours, selon la température du sable.
Systématique
Les principaux groupes évolutifs relatifs sont décrits ci-dessous par phylogénie, selon Hirayama (1997, 1998), Lapparent de Broin (2000) et Parham (2005) :
–o Chelonioidea Bauer, 1893
|–o
| |–o †Toxochelyidae
| --o *Cheloniidae*
— Caretta Rafinesque, 1814
| |--o *Carettini*
| |
| |–o Natator McCulloch, 1908
| --o *Chelonini*
–o
| |--o *Eretmochelys* Fitzinger, 1843
|
| |–o Lepidochelys Fitzinger, 1843
| | |–o Lepidochelys kempii (Garman, 1880)
| | --o *Lepidochelys olivacea* (Eschscholtz, 1829)
–o Chelonia Brongniart, 1800
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`–o Dermochelyidae
Les deux espèces de Lepidochelys partagent le nom vernaculaire de « tortue bâtarde ».
Tortue olivâtre et l’Homme
Comme toutes les tortues marines, elle est principalement menacée par la disparition des plages due à l’industrialisation et à l’urbanisation, ainsi que par la surpêche, les filets abandonnés, les déchets en mer et le braconnage. Les prises involontaires dans les filets de pêche, en particulier dans la pêche au chalut, sont une cause majeure de mortalité. Cependant, l’utilisation de dispositifs d’exclusion des tortues a permis de limiter ces prises accidentelles, notamment sur les côtes américaines.
En France, la tortue olivâtre est concernée par un plan de restauration des tortues marines des Antilles françaises, qui comprend :
- un Plan de Restauration des Tortues Marines de Guadeloupe,
- un Plan de Restauration des Tortues Marines de Martinique,
- un projet de coopération internationale visant à protéger les populations à plus large échelle.
Une campagne internationale de protection a été lancée par June Haimoff, et plusieurs projets sont menés par le WWF en Inde et en Amérique du Sud pour limiter les prises accidentelles et protéger les sites de nidification.
Observer cette tortue olivâtre au refuge de Grand Popo nous a permis de mieux comprendre l’importance de sa conservation. Grâce au travail des scientifiques et des bénévoles, la surveillance des pontes, la sensibilisation des populations locales et la relâche des jeunes tortues en mer sont autant d’actions essentielles pour assurer la survie de cette espèce millénaire.