voyageavecnous.com

Autour sombre Melierax metabates – Dark Chanting Goshawk

1
20250308 HEVE REGION MONO BENIN (16) FAUCON ardoisé

Ce matin-là, alors que nous arpentions les paysages d’Hévé, dans la région du Mono au Bénin, nos regards ont été attirés par un grand rapace en vol. L’ autour sombre évoluait majestueusement au-dessus de nous, alternant battements d’ailes amples et longs planés. Son vol, à la fois puissant et élégant, semblait parfaitement adapté à l’exploration des vastes étendues de savane et des forêts clairsemées qui bordent le village.

Ses ailes larges et arrondies à leur extrémité, sa longue queue cunéiforme et ses pattes élancées lui confèrent une silhouette élégante et puissante. Nous avons remarqué que, comme c’est souvent le cas chez les rapaces, la femelle est plus grande que le mâle.

Son plumage adulte nous a fascinés : d’un gris bleuté sous le ciel, avec des marbrures brunes encore visibles chez les sub-adultes. Sa queue noire sur le dessus contraste avec le dessous blanchâtre barré de noir. Son ventre et ses flancs étaient finement barrés de gris et de blanc, dessinant de petites vagues, tandis que sa gorge et sa poitrine restaient uniformes. Lorsqu’il s’est envolé, nous avons bien distingué ses rémiges gris-noir et le dessous de ses ailes blanc grisâtre. Son regard perçant, souligné par un contour foncé et une arcade sourcilière marquée, ajoutait encore à son charisme. La cire de son bec et ses tarses rose-orangés nous ont aussi frappés, tandis que la pointe noire et recourbée de son bec témoignait de son efficacité à déchirer et dépecer ses proies.

Lorsque nous avons eu l’occasion d’observer un individu plus jeune, nous avons constaté l’absence du gris caractéristique des adultes. Son plumage juvénile, brun chamois avec des ourlets beiges, contrastait avec les stries pâles sur sa tête et sa poitrine. Ses flancs, son ventre et ses sous-alaires présentaient de nettes barres brunes, et nous avons bien vu le blanc à la base de sa queue. Son iris jaune et sa cire encore grise le différenciaient nettement des adultes. Nous avons appris que les jeunes pouvaient parfois être confondus avec les Autours à ailes grises.

Un oiseau discret mais au chant distinctif

Nous avons découvert que l’Autour sombre est généralement silencieux en dehors de la période de reproduction. Mais à ce moment-là, il se fait entendre, répétant une phrase mélodieuse à intervalles réguliers : « wheee-wow… wheee-wow… », un chant qui peut résonner durant de longues heures, surtout tôt le matin et au crépuscule. Il émet aussi un cri plus court, en trois notes, ressemblant parfois à celui du coucou (« klee-klee-klee » ou « klee-klee-klew »), souvent utilisé comme cri d’alarme en cas de danger. Nous avons appris qu’un autre appel spécifique permet au mâle d’indiquer à la femelle qu’il a capturé une proie pour le nourrissage des jeunes.

Son habitat et ses comportements de chasse

Nous avons observé l’Autour sombre dans divers habitats boisés : forêts de feuillus, oliveraies, palmeraies et savanes bien boisées. Il semble éviter les milieux trop secs, préférant les zones offrant une couverture végétale suffisante.

Lorsqu’il chasse, il adopte plusieurs stratégies. Nous l’avons vu perché en hauteur, attendant le bon moment pour fondre sur sa proie au sol. Il exploite également les feux de brousse pour capturer les animaux en fuite et peut même suivre les bucorves qui dérangent de petites proies lors de leurs déplacements. Parfois, il chasse en vol rapide à travers les bois et forêts.

Son régime alimentaire est varié : il capture lézards, serpents, rongeurs, grenouilles et oiseaux, parfois aussi grands que des pintades ou des calaos. Il s’attaque aussi à des mammifères de petite taille, jusqu’à la taille des mangoustes. Nous avons également appris qu’il se nourrit d’insectes comme les coléoptères et les criquets et qu’il peut même, à l’occasion, se comporter en charognard.

La reproduction : un cycle bien rythmé

La période de reproduction de l’Autour sombre s’étale de février à novembre, variant selon les régions. En Afrique du Nord, à l’ouest et à l’est, elle se déroule de février à juillet, tandis qu’en Afrique australe, elle a lieu d’août à novembre.

Nous avons été fascinés par son comportement nuptial : avant la nidification, le mâle lance son chant depuis la cime des arbres, puis s’engagent des parades aériennes spectaculaires, accompagnées de nombreux cris. Une fois le couple formé, il construit un nid dans une forêt dense, entre 4 et 9 mètres de hauteur, parfois plus. Nous avons découvert que ce nid, une plateforme de branches, est tapissé de boue, d’herbes et de débris secs. Parfois, de vieux nids de passereaux sont réutilisés, recouverts de toiles d’araignées.

La femelle pond un ou deux œufs bleuâtres à quelques jours d’intervalle, mais généralement, un seul poussin survit. Elle assure seule l’incubation pendant environ 30 jours. Après l’éclosion, le jeune devient capable de voler vers 40 à 50 jours.

Une large répartition en Afrique

Nous avons appris que l’Autour sombre est commun en Afrique subsaharienne, avec des populations isolées en Arabie et au sud-ouest du Maroc, notamment dans le Souss et les contreforts de l’Anti-Atlas. Des individus errants ont même été signalés en Espagne. Il peut vivre jusqu’à 3 000 mètres d’altitude en Afrique et 1 900 mètres en Arabie. Bien qu’il ne soit pas migrateur, il peut se déplacer vers le sud lors de périodes de sécheresse prolongée. Toutefois, il reste absent des zones les plus arides ou trop humides de son aire de répartition.

Notre observation de cet oiseau majestueux restera un moment fort de notre exploration de la faune africaine. Entre son vol puissant, ses postures de chasseur et ses rares mais envoûtantes vocalisations, l’Autour sombre nous a offert un spectacle fascinant.

1 thought on “Autour sombre Melierax metabates – Dark Chanting Goshawk

Laisser un commentaire