Soyo, ville stratégique aux portes de l’Atlantique ANGOLA +

Ferry Cabinda-Soyo , un enfer !
La traversée en ferry de Cabinda à Soyo n’a rien d’une formalité. Pour nous, elle aura même ressemblé à un véritable parcours du combattant.
Tout avait pourtant bien commencé. Avant notre arrivée, nous avions pris contact avec Cecil Maritima pour organiser ce transfert — seule option possible puisque nos visas pour la RDC avaient été refusés. Lundi, fraîchement arrivés à Cabinda, nous reprenons contact. Les échanges sont cordiaux, et on nous laisse même espérer un départ avancé au jeudi.
Mardi, le bateau arrive. On nous explique qu’il faut deux jours pour le décharger. Nous entamons donc les formalités :
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800 000 AOA pour le trajet,
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200 000 AOA pour les frais de port et de l’agent,
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et 35 000 AOA par personne pour les places.
Ces démarches nous occupent deux jours… avant qu’on nous annonce que la météo ne permet pas un départ jeudi. Première déception.
L’attente forcée à Cabinda
Cabinda a de quoi séduire avec sa forêt du Mayombe ou son parc naturel, mais ces lieux sont à 2-3h de route, et nous devons rester prêts à embarquer “à tout moment”. Impossible de nous éloigner. Les difficultés pour retirer du cash compliquent aussi les dépenses, et les agences touristiques contactées semblent fermées. Nous restons donc en ville, guettant un départ le vendredi… qui ne viendra pas.
Malgré un ciel bleu et un vent quasi nul, on nous dit encore que “la météo” n’est pas favorable. Peut-être que la vraie raison est ailleurs…
Samedi, enfin le départ !
Vendredi soir, on nous confirme : embarquement samedi matin, 6h30. Pas de petit-déjeuner à cette heure-là, mais l’enthousiasme est là. Nous arrivons même avec un quart d’heure d’avance et retrouvons deux cyclistes français, Manon et Lucas, ainsi qu’un couple tchèque, tous dans la même galère.
8h : notre agent arrive enfin… mais l’informatique tombe en panne. Pas de tickets. Impossible de sortir du port, donc pas de courses pour le déjeuner. Notre voiture part avec l’agent et monte dans le ferry. Puis c’est notre tour d’embarquer.
Plus de midi quand nous montons enfin à bord. Une bonne heure d’attente encore avant le départ, puis la traversée commence. La mer est agitée, le bateau tangue beaucoup. Pendant trois heures, pratiquement tout le monde est malade.
Soyo : encore des obstacles
À Soyo, nouvelle désillusion : la marée est trop haute, impossible de débarquer la voiture. Nous attendons encore trois heures, tentant de nous consoler avec une boisson fraîche et quelques pâtisseries locales.
Quand nous récupérons enfin notre véhicule, il est temps de chercher un hôtel. Mauvaise surprise : tous ceux repérés, y compris celui que nous avions réservé, affichent complet. Après quelques tours en ville, nous trouvons refuge au Maria Teresa II, belles chambres à 50 000 AOA la nuit.
Le repas de la délivrance
Il est déjà 20h, et pas de restaurant à l’hôtel. Éreintés mais affamés, nous repartons en ville et tombons sur une petite gargote où la musique hurle à plein volume. Peu importe le menu, nous nous installons.
Au programme : poulet grillé à l’huile, salade variée, frites et bananes plantain pour nous quatre. L’addition ? 17 000 AOA seulement. Simple mais délicieux, et surtout, la faim apaisée.
Cette journée, rythmée par les attentes interminables — qui semblent ici faire partie du quotidien —, nous aura vidés. Mais au moins, nous sommes à Soyo.
La Péninsule Bubu
Depuis le port, la péninsule de Bubu se dresse devant nous comme une longue avancée de terre effilée qui s’élance vers la mer. Nous ne mettons pas le pied dessus, mais déjà, de loin, ses contours racontent une histoire. Les collines douces se parent de verts profonds, ponctués de quelques taches claires où des maisons se devinent à travers la végétation. Les toits, pour certains aux couleurs vives, accrochent la lumière du soleil et tranchent sur l’horizon marin.
Le littoral alterne entre petites plages sablonneuses et falaises qui plongent directement dans l’eau, où la houle vient se briser en éclats d’écume. Nous apercevons çà et là des embarcations amarrées près de minuscules jetées, signe que la pêche artisanale rythme sans doute la vie de ceux qui y habitent. Les palmiers, mêlés à d’autres arbres tropicaux, tracent une bordure irrégulière le long des berges, laissant deviner des sentiers ombragés qui serpentent vers l’intérieur.
Nous imaginons une petite communauté vivant ici, entre la mer nourricière et la terre fertile : des pêcheurs revenant au port avec leurs filets pleins, des familles cultivant quelques lopins de terre ou entretenant des vergers, et peut-être des artisans travaillant le bois ou les coquillages. L’endroit, vu de loin, respire une tranquillité presque hors du temps, comme protégé par les eaux qui l’encerclent et par la lenteur du rythme insulaire.
Face à nous, la péninsule semble à la fois proche et mystérieuse, comme si elle attendait que l’on vienne découvrir ses secrets, tout en se contentant pour l’instant de se laisser admirer depuis l’autre rive.
Le balancier de Soyo : symbole d’une ville énergique
Le lendemain, un dimanche baigné d’une lumière douce, nous partons à pied explorer Soyo, curieux de comprendre un peu mieux son âme et sa culture. Très vite, notre regard est happé par une structure singulière au centre d’un rond-point : un pumpjack, cette pompe à balancier caractéristique des champs pétroliers, peint d’un jaune éclatant et d’un rouge profond, surmonté de l’inscription “BAKER”.
Dans une ville comme Soyo, ce n’est pas qu’un élément de décoration : c’est un manifeste.
Ce rond-point incarne à lui seul l’identité industrielle de Soyo, l’un des principaux centres de production offshore d’Angola. Il rappelle la présence de géants comme Baker Hughes, Chevron, Sonangol et TotalEnergies, tous acteurs majeurs dans l’extraction et le traitement des hydrocarbures. Ce n’est pas simplement de l’ornement urbain : c’est un hommage au moteur économique qui fait battre le cœur de la ville.
De tels monuments urbains sont souvent érigés par les autorités locales ou par les entreprises elles-mêmes, à l’entrée d’un axe stratégique ou au centre-ville, afin de marquer leur implantation. Ici, le pumpjack sert de repère aux habitants comme aux visiteurs, tout en affirmant visuellement le lien étroit entre Soyo et l’industrie pétrolière.
En arrière-plan, la flamme d’un torchage de gaz jaillit au sommet d’une cheminée, comme un rappel constant de l’activité énergétique qui ne dort jamais. À ses pieds, la vie suit son cours : un motocycliste file sur la route, des palmiers ondulent au vent, et un panneau “Welcome to Bahamas” semble inviter à un ailleurs inattendu. Le contraste est saisissant : ici, tradition et modernité, industrie lourde et quotidien ordinaire cohabitent dans une même image.
Angola LNG et la plage noire : quand l’industrie côtoie le rivage
À l’approche de Soyo, l’imposante installation de l’Angola LNG Project s’impose au paysage : bâtiments industriels, conduites, et surtout des cheminées de torchage — des flammes visibles qui lèchent le ciel le jour comme la nuit. L’usine est présentée par ses opérateurs comme un projet stratégique pour valoriser le gaz associé et réduire le torchage routinier, et elle est au cœur du développement énergétique du pays.
Pourtant, en nous tenant sur la côte, nous avons pu constater de visu un panache de combustion et une lueur permanente qui soulignent la présence d’opérations énergétiques intensives. Le torchage (flaring) est une réalité industrielle : même lorsqu’un projet vise à limiter le gaspillage de gaz, des épisodes de combustion et d’émissions subsistent — un phénomène documenté et suivi par des études récentes. Ces feux sur les cheminées produisent non seulement une lueur spectaculaire mais aussi des émissions (CO₂, oxydes divers, particules) qui contribuent à un nuage local de pollution perceptible depuis le rivage.
À quelques centaines de mètres de là, la Turtle Beach Site (la plage dite des tortues) devrait être un secteur de nidification et un havre naturel. Or, nous avons constaté une plage noircie par des résidus pétroliers — nappes, taches et traces sombres qui soulignent des rejets récents ou des résurgences chroniques de pollution marine. Cette proximité entre infrastructures pétro-gazières et littoral sensible révèle une tension évidente entre activité industrielle et préservation des écosystèmes côtiers.
Les impacts potentiels sur la faune sont bien documentés : les hydrocarbures qui atteignent le rivage peuvent enrober les plumes et la peau, empoisonner les organismes, détruire les habitats de ponte et altérer la chaîne alimentaire. Pour les tortues marines en particulier, l’exposition au pétrole entraîne des risques d’ingestion, d’intoxication, d’hypothermie (lorsque l’huile nuit à l’isolation) et d’abandon des sites de nidification. Même de faibles quantités dispersées peuvent avoir des effets durables sur les populations.
Sur le plan local et politique, la question du torchage et des rejets est au cœur des débats : si certains rapports montrent des efforts pour réduire le flaring et améliorer les pratiques, les observateurs et ONG dénoncent encore des épisodes de combustion et des fuites qui persistent, ainsi qu’une surveillance et une remise en état parfois insuffisantes. La coexistence d’une industrie lourde et d’espaces littoraux fragiles exige des mesures robustes — surveillance atmosphérique et maritime, plans d’intervention anti-pollution, transparence des opérateurs et renforcement des capacités locales de réponse.
Enfin, notre constat visuel — la plage noircie, la lueur des cheminées — reste une image forte : elle dit à la fois la dépendance économique à l’hydrocarbure et la vulnérabilité des milieux.
Pour notre dernier jour à Soyo, nous décidons de partir à l’exploration du sud de la ville, en quête de paysages naturels et de lieux chargés d’histoire. Aux premières heures du matin, nous grimpons à bord de notre 4×4 Raptor, bien équipés, et quittons l’hôtel Kinwica en direction de la côte sud.
FAUNE ET FLORE
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La Cuisine
Toutes les informations, par région sur la gastronomie congolaise en suivant ce lien : La Cuisine angolaise
À Soyo (chef-lieu de province), on trouve plusieurs restaurants locaux et internationaux bien notés, de tous styles : par exemple le Restaurante Bela Vista (au centre, cuisine internationale et fruits de mer grillés), le O Paladar (spécialités angolaises comme funge et moamba de galinha), ou le restaurant de l’Hôtel Mpampa (plats locaux et européens). On trouve aussi des brasseries et pizzerias (rapides) et des cafés tels que Kioburguer pour un repas sur le pouce. La plupart des restaurants dignes de ce nom (internationaux ou gastronomiques) se situent en ville ou sur les principaux axes. Dans les bars ou hôtels, la carte propose souvent viande grillée, poissons frais (tilapias, dorades) et fruits de mer, ainsi que des plats portugais ou créoles.
Côté marchés et commerces : l’approvisionnement de Soyo reste limité (un témoin note qu’« à Soyo… parfois même pas de produits comme viande, fruits ou légumes » ). On trouve toutefois quelques petits supermarchés ou épiceries locales (pour les produits de base emballés), mais leur stock peut manquer de fraîcheur ou être restreint. Les marchés traditionnels (stands en plein air ou halles municipales) vendent légumes racines (manioc, igname), tomates, mangues ou papayes (selon la saison) et quelques fruits importés. La viande fraîche (poulet, bœuf local) se trouve chez de petites boucheries de quartier, et le poisson frais (mérous, carangues, gambas…) s’achète plutôt chez de petits détaillants ou directement sur les quais de pêche. Il existe en ville quelques poissonneries artisanales et crémeries, mais rien à l’échelle des grandes chaînes étrangères. En pratique, on conseille de faire des courses dès l’arrivée ou d’acheter à N’Zeto avant d’approcher Soyo, et de prévoir de stocker l’essentiel (eau minérale, fruits d’avion, conserves) pour la durée du séjour.
BAR GUACA MOLE
À la sortie du port, nous sommes déçus de ne pas pouvoir récupérer la voiture. Pour patienter en attendant que la marée baisse, nous décidons de visiter Soyo à la recherche d’un petit bar pour nous désaltérer et manger un morceau.
Sur l’avenue principale, notre attention est attirée par le Guaca Mole, un bar qui fait aussi office de boulangerie-pâtisserie.
À l’intérieur, l’odeur des viennoiseries nous enveloppe immédiatement.
Derrière le comptoir, une ardoise noire recouvre tout un pan de mur, griffonnée d’écritures de toutes tailles, comme un joyeux mélange de menus, de prix et de petites phrases décoratives.
On y découvre d’excellentes préparations : brioches au chorizo ou au thon, beignets dorés et autres pâtisseries, le tout à des prix extrêmement compétitifs (moins de 500 AOA pièce).
Accompagné d’une Cuca bien fraîche, c’est un petit festin improvisé qui nous aide à faire passer agréablement les heures d’attente.
ESPACO BOLTT
Soirée à Soyo : un repas simple mais efficace
Le soir, nous partons en quête d’un restaurant… mission plus compliquée qu’il n’y paraît. Les rues regorgent de petits établissements animés, mais la musique y est si assourdissante qu’il nous est impossible d’y rester plus de quelques minutes. Finalement, au bord de la route nationale, nous repérons l’Espaço Boltt, qui présente un avantage précieux : ses deux étages.
À l’étage, la musique bat son plein, vibrante et entraînante. Au rez-de-chaussée, l’atmosphère est un peu plus calme, idéale pour dîner tranquillement. Ici, pas de carte interminable : le menu affiché n’est là que pour la forme. En réalité, un seul plat est proposé ce soir-là : de généreuses cuisses de poulet frites, accompagnées de pommes de terre dorées et d’une petite salade fraîche. Simple, bien présenté, savoureux… et surtout largement suffisant pour nous rassasier.
Le tout pour un prix défiant toute concurrence : 17 000 AOA pour quatre personnes. Un repas sans prétention, mais parfait pour conclure la journée.
Déjeuner au Restaurant Maku
À l’heure du déjeuner, nous décidons de tester le Restaurant Maku à Soyo.
L’endroit est accueillant, avec ses tables bien dressées et une décoration soignée qui laisse espérer un repas à la hauteur de la carte affichée. Les intitulés donnent envie : grillades variées, poissons, plats traditionnels…
Mais, au moment de passer commande, la déception tombe comme un couperet. Aujourd’hui, le choix est réduit à trois options : cuisses de poulet grillées, côtes de porc ou bife à la portuguesa.
Pour la troisième fois depuis notre arrivée, nous optons pour ce fameux bife à la portuguesa, devenu presque une habitude malgré nous.
La viande est tendre, la sauce riche en saveurs, mais nous gardons l’espoir de goûter autre chose. Avant de partir, nous posons la question qui nous trotte dans la tête depuis le début du repas : serait-il possible de commander, pour ce soir, les fameux chorizos maison ?
Bonne nouvelle : la réponse est oui. Rendez-vous est pris pour le soir, avec la promesse d’une dégustation bien plus originale.
LES LOGEMENTS
Hébergement : Hôtel Maria Teresa 2
Nous arrivons à Soyo en fin de journée avec la précieuse recommandation de notre agent basé à Cabinda : l’hôtel Maria Teresa 2. C’est l’un des rares établissements de la ville à ne pas afficher complet en ce samedi soir, un détail qui, à lui seul, nous soulage déjà.
Derrière sa façade sans prétention, nous découvrons en réalité une excellente adresse.
Les chambres sont spacieuses, d’une propreté irréprochable, et parfaitement équipées : eau chaude avec une bonne pression, télévision, climatisation efficace, bureau pour travailler, et même un réfrigérateur — un vrai confort après plusieurs jours de route.
Le matin, la surprise est tout aussi agréable : un buffet de petit déjeuner généreux, réapprovisionné régulièrement, offrant un choix varié et appétissant.
Un contraste que nous notons immédiatement avec le Dellaz de Cabinda, où les plateaux se vidaient trop vite. Ici, nous savourons tranquillement ce moment avant de reprendre la route.
Seul bémol : notre chambre se trouve à proximité d’un générateur dont le ronronnement est assez bruyant.
Mais après la journée bien remplie que nous venons de vivre, ce fond sonore n’a pas empêché notre sommeil, au contraire… il a presque joué le rôle d’une berceuse mécanique.
LES LIENS VERS LES PHOTOS
J 1129- ENFER D’UNE TRAVERSÉE EN FERRY : CABINDA – SOYO
J 1129- Bubu, la sentinelle de la baie SOYO ANGOLA
J 1129- BAR GUACA MOLE SOYO ANGOLA
J 1129- ESPACO BOLTT SOYO ANGOLA
J 1130- LE BALANCIER DE SOYO ANGOLA
J 1130- Déjeuner au Restaurant Maku SOYO ANGOLA
J 1130- Angola LNG et la plage noire : industrie et rivage en tension
LES LIENS
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