Barahona, perle cachée des Caraïbes République Dominicaine +

Puis vient le moment de quitter Jarabacoa, à regret, le cœur encore imprégné de ses rivières fraîches, de ses cascades majestueuses et de ses rencontres lumineuses pour une nouvelle étape Barahona. Nous prenons la route en 4×4, prêts pour une traversée inoubliable de la région du Cibao, l’un des joyaux naturels de la République dominicaine.
BARAHONA
Après une nuit reposante face à la mer, nous partons à la découverte de Barahona, cette ville côtière encore peu connue, vibrante et pleine de caractère. Ici, pas de décors lissés pour touristes : la ville vit au rythme de ses habitants, et c’est justement ce qui lui donne tout son charme.
Nous commençons notre matinée au marché central, situé à quelques pas du front de mer. Dès les premiers pas, les odeurs nous enveloppent : piments frais, bananes mûres, coriandre, café torréfié… Les étals débordent de produits tropicaux aux couleurs éclatantes : goyaves juteuses, mangues sucrées, avocats géants, et bien sûr, les fameux haricots rouges, base de tant de plats dominicains.
Les commerçants nous accueillent avec un mélange de curiosité et de bienveillance, certains nous interpellent pour nous faire goûter un fruit, d’autres rient de notre étonnement devant la taille d’un fruit à pain ou d’un manioc. Ici, on discute, on négocie, mais toujours dans la bonne humeur. Un vendeur de cigares nous fait tester ses roulages maison, pendant qu’un autre nous montre comment ouvrir une noix de coco d’un coup de machette habile.
En sortant du marché, nous tombons sur une petite échoppe colorée, tenue par une artisane qui travaille le larimar, cette pierre semi-précieuse bleue typique de la région, unique au monde. Elle nous montre comment elle polit à la main les morceaux de pierre brute pour en faire des pendentifs, des bagues ou des boucles d’oreilles. Chaque pièce semble capturer l’essence de la mer et du ciel dominicains.
Plus loin, un atelier de peinture populaire attire notre attention. Installés à même le trottoir, des artistes locaux esquissent des scènes de la vie quotidienne : femmes aux paniers de fruits sur la tête, enfants qui jouent sous les palmiers, pêcheurs tirant leurs filets au lever du jour. Les couleurs sont vives, les traits naïfs mais expressifs, et chaque tableau semble raconter une histoire. Nous échangeons quelques mots avec l’un des peintres, qui nous confie que ses œuvres sont inspirées de ses souvenirs d’enfance à la campagne. Il insiste pour que l’on reparte avec une petite toile, « pour que vous emportiez un morceau de notre lumière ».
Barahona ne cherche pas à séduire par des artifices. Elle séduit par son authenticité brute, ses sourires francs, ses sons et ses couleurs. Ici, le quotidien se vit à ciel ouvert : les enfants rient dans les ruelles, les femmes chantent en lavant le linge au bord des rivières, et les musiciens improvisent des merengue en tapant sur des bidons ou des tambours faits maison.
En fin de journée, nous regagnons l’hôtel les bras chargés de petites trouvailles artisanales et le cœur léger, heureux d’avoir touché du doigt l’âme véritable de cette région méconnue et accueillante.
Sur les routes de Cabral et de la Sierra de Bahoruco
Dès l’aube, la lumière dorée inonde la côte de Barahona. Nous quittons le rivage pour nous enfoncer dans l’arrière-pays, en direction de Cabral et des contreforts de la Sierra de Bahoruco, l’une des chaînes montagneuses les plus spectaculaires de la République dominicaine. La route serpente à travers une végétation luxuriante, des plantations de bananiers, de caféiers, et de canne à sucre, où la nature semble régner en maître.
Peu à peu, les villages se succèdent, chacun avec sa spécialité, son rythme, son univers. À l’entrée d’un hameau, nous ralentissons : sur le bord de la route, un enchevêtrement de chaises en bois brut et colorées attire notre attention. Il ne s’agit pas d’un simple marché, mais d’un véritable atelier à ciel ouvert. Des hommes, parfois épaulés par leurs fils adolescents, façonnent des chaises à la main, utilisant des techniques transmises depuis des générations. Les copeaux de bois volent sous les coups de rabot, pendant qu’un autre applique à la brosse de la peinture rouge vif, bleue, verte… Le résultat est à la fois rustique et plein de charme.
Un peu plus loin, une scène pour le moins surprenante : des coqs enchaînés à des pierres attendent patiemment, exposés comme des marchandises sur le bas-côté. Nous comprenons qu’ici, dans certains villages de la sierra, l’élevage de coqs de combat est une activité traditionnelle et même prestigieuse. Les hommes, souvent en chemise impeccable malgré la chaleur, s’enorgueillissent de la beauté et de la vaillance de leurs animaux, nourris avec soin et entraînés dès leur plus jeune âge.
Cabral, entre traditions rurales et ouverture sur les montagnes
En arrivant à Cabral, une petite ville nichée dans les contreforts de la Sierra, l’ambiance est à la fois animée et détendue. Les motos pétaradent sur la place centrale, les femmes bavardent à l’ombre des vérandas, les enfants jouent pieds nus dans les rues de terre battue. Nous faisons halte dans une tienda pour acheter quelques fruits, et la conversation s’engage facilement : les habitants nous parlent avec fierté de leurs montagnes, de leurs fêtes, de leurs traditions. L’un d’eux nous évoque la célèbre fête de « Los Guloyas », une danse rituelle d’origine afro-antillaise, tandis qu’un autre nous indique un chemin menant à un point de vue magnifique sur la vallée.
La route s’élève ensuite vers la Sierra de Bahoruco, majestueuse, parsemée de pins caraïbes et de broussailles arides, offrant des panoramas époustouflants sur l’arrière-pays dominicain. On croise quelques ânes chargés de sacs de légumes ou de charbon de bois, et parfois un camion bringuebalant rempli d’ouvriers agricoles.
Au fil de la montée, la température devient plus fraîche, l’air plus sec. C’est un autre visage de la République dominicaine qui se dévoile ici : montagnard, discret, profondément enraciné dans la terre et les traditions. On sent que cette région, loin des circuits touristiques classiques, a su conserver une authenticité rare.
Cap à l’ouest : jusqu’à la frontière haïtienne à Imaní
Depuis les reliefs tranquilles de la Sierra de Bahoruco, nous redescendons progressivement vers les plaines de l’ouest, où le soleil cogne plus fort et la végétation change de visage. La route devient plus sèche, plus poussiéreuse, les collines laissent place à une étendue semi-aride, balayée par les vents. Nous approchons d’Imaní, petit bourg frontalier dont les ruelles vibrent d’une énergie brute et multicolore.
Dès l’entrée du village, l’ambiance change radicalement. Une joyeuse cacophonie s’élève de la rue principale, animée par des camionnettes bariolées aux vitres teintées, véritables œuvres d’art roulantes. Les carrosseries sont décorées de slogans religieux ou humoristiques, d’images de stars de la musique créole, de saints protecteurs, le tout dans un mélange éclatant de bleus turquoise, de jaunes soleil, de rouges profonds. La musique créole — un mélange de kompa, de reggaeton et de rythmes afro-caribéens — s’échappe des haut-parleurs, installés à même les toits ou dans les coffres transformés en caissons de basses.
Les façades des maisons suivent la même logique : rien ici n’est neutre. Le béton est repeint avec imagination, parfois à moitié, parfois dans des tons qui jurent mais qui racontent une histoire. Des échoppes improvisées bordent la route : fruits tropicaux empilés en pyramides, vêtements suspendus à des cordes, sandales en plastique, et même des batteries de téléphone d’occasion. Des enfants courent entre les scooters et les ânes chargés, des vendeuses hèlent les passants, des hommes discutent à voix haute, un verre de rhum à la main, sous un bougainvillier éclatant.
Le poste-frontière n’est pas loin, et cela se ressent dans l’atmosphère : Imaní est un lieu de passage, de commerce, de mixité, où les cultures dominicaine et haïtienne se rencontrent, se confondent, s’interpellent. Ici, on entend parler créole, espagnol, parfois même français, dans un joyeux mélange qui évoque les marchés des grandes villes caribéennes. Certains viennent simplement échanger quelques marchandises, d’autres retrouvent de la famille, et d’autres encore, comme nous, viennent vivre ce moment suspendu, où l’on se sent à la croisée des mondes.
Dans un coin, un jeune homme nous sourit et nous offre un petit verre de rhum à la cannelle en nous souhaitant la bienvenue. Le soleil baisse doucement, dorant les façades, tandis qu’un pick-up peint en rose fuchsia s’élance dans un nuage de poussière au son d’une chanson haïtienne entêtante. Nous restons quelques minutes à observer cette scène vibrante, comme une fresque vivante des Caraïbes profondes.
LAC ENRIQUILLO
Nous quittons Barahona au petit matin, laissant derrière nous les palmiers agités par les brises marines pour pénétrer dans un paysage bien différent. À mesure que la route serpente vers l’intérieur des terres, la végétation se raréfie, remplacée peu à peu par des cactus candélabres, des buissons secs et des plaines poussiéreuses. Le soleil tape fort, reflété par une croûte blanche qui semble tapisser le sol. C’est le sel, omniprésent, annonçant notre arrivée dans l’une des régions les plus arides et les plus fascinantes de République dominicaine : la dépression du lac Enriquillo.
Cabo Rojo Parc National de Jaragua
Le lendemain, galvanisés par notre rencontre avec les iguanes et le mystère du lac Enriquillo, nous mettons le cap vers l’un des joyaux les plus sauvages et méconnus de la République dominicaine : Cabo Rojo, au cœur du Parc national de Jaragua.
Costa Larimar
Sur le chemin du retour depuis Cabo Rojo, nous longeons l’une des côtes les plus spectaculaires et les plus méconnues des Caraïbes : la Costa Larimar, baptisée ainsi en hommage à la pierre semi-précieuse bleu-vert, symbole de la République dominicaine. Ici, la mer et la montagne se frôlent, se repoussent, se répondent. Le paysage oscille entre falaises vertigineuses, vallées tropicales, plages secrètes et villages au charme rural.
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HOTEL COSTA LARIMAR
Après la traversée chaotique mais inoubliable du Cibao, nos visages encore marqués par la poussière des pistes et les émotions de la route, nous atteignons enfin Barahona, nichée entre les montagnes de la Sierra de Bahoruco et les eaux turquoise de la mer des Caraïbes. Le contraste est saisissant : ici, la lumière devient plus intense, l’air se charge de sel, de chaleur et de douceur. L’atmosphère nous enveloppe comme une promesse de repos.
C’est dans ce décor de bout du monde que nous posons nos valises à l’hôtel Costa Larimar, un grand bâtiment blanc aux volets bleus, légèrement surélevé au-dessus de la mer. Dès l’entrée, un vent doux chargé d’embruns marins nous accueille, accompagné du sourire détendu du personnel. Tout ici invite à ralentir, à relâcher les tensions accumulées sur les routes cabossées de l’intérieur du pays.
Nos chambres, simples mais spacieuses, s’ouvrent sur une grande terrasse avec vue directe sur la mer. Le soleil couchant embrase la surface de l’eau dans un dégradé d’orange et de rose, pendant que les palmiers agitent leurs silhouettes en ombres chinoises. En contrebas, la grande piscine de l’hôtel nous tend les bras, bordée de transats vides et de cocotiers. Un bain rafraîchissant s’impose, accompagné d’un cocktail à base de jus de chinola et de rhum épicé.
Le soir venu, nous dînons au restaurant de l’hôtel, installé sur une terrasse ouverte, avec le ressac comme fond sonore. Au menu : poisson grillé fraîchement pêché, servi avec du riz coco et des bananes plantains croustillantes. Le tout arrosé d’un vin blanc local bien frais. Nos corps, encore fourbus de la route, se détendent peu à peu sous la brise marine.
Une parenthèse entre mer et montagnes
L’hôtel Costa Larimar n’est pas un palace mais un refuge confortable, idéal pour se reconnecter à soi et à la nature environnante. Il sert aussi de point de départ stratégique pour explorer la région de Barahona, encore préservée du tourisme de masse. Ici, la nature règne en maître, entre plages sauvages de galets noirs, forêts tropicales et montagnes abruptes.
Le matin suivant, le lever du soleil nous trouve déjà sur la terrasse, un café noir à la main, face à l’horizon. Le rythme a changé. Plus lent. Plus profond.
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