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New Delhi, entre chaos et splendeur impériale INDE +

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New Delhi. Rien que le nom résonne comme une promesse d’inconnu, de vertiges, d’enchevêtrements infinis. Dès notre arrivée à l’aéroport, une chaleur dense nous enveloppe, bientôt remplacée par un tourbillon d’odeurs — épices, encens, pluie sur l’asphalte chaud — et une symphonie de klaxons, de cris, de chants lointains. New Delhi ne se dévoile pas. Elle s’impose. Elle déborde. Elle vibre.

Dans la voiture qui nous mène vers le cœur de la capitale, les scènes s’enchaînent à toute allure : saris colorés flottant au vent, rickshaws zigzaguant entre les bus bondés, enfants jouant au cricket sur un terre-plein poussiéreux, vaches nonchalantes au milieu du trafic. Tout semble chaotique, mais tout fonctionne, à sa manière. La ville bat selon un rythme propre, une cadence à apprivoiser.

Ce premier contact est un choc des sens. Le regard ne sait où se poser : ici un temple hindou couronné de guirlandes, là un building ultramoderne, plus loin un bazar bourdonnant, et au détour d’une avenue, un mausolée moghol émerge de la végétation comme un mirage venu d’un autre temps. Les époques, les styles, les cultures se superposent dans un patchwork hypnotique.

Et puis vient le moment où l’on descend du véhicule, au seuil d’un marché, d’un quartier, d’un temple. Et là, on ne regarde plus seulement : on entre. On frôle les tissus, on goûte les samosas brûlants vendus sur les trottoirs, on échange un regard, un sourire, une parole hésitante. New Delhi devient vivante, charnelle, presque familière.

Nous sommes là pour explorer cette ville-monstre et ville-monde. Capitale de l’Inde, mais aussi mémoire des empires passés. New Delhi ne se résume pas à un centre administratif ; elle est multiple, éclatée, faite de quartiers qui sont autant de mondes : Connaught Place et ses allures coloniales, Chandni Chowk et son chaos savoureux, Lajpat Nagar, Paharganj, ou encore les jardins secrets de Lodhi.

À peine arrivés, nous pressentons déjà que New Delhi ne sera pas une simple étape, mais un bouleversement. Une plongée dans l’exubérance du réel, une mise à nu des sens. Nous sommes prêts. Ou du moins, nous voulons l’être.

Que l’aventure commence.

Bahá’í House of Worship – Le temple du Lotus

Notre première véritable halte à New Delhi nous emmène vers un lieu à la fois étonnant et profondément inspirant : le Lotus Temple, ou Bahá’í House of Worship, joyau architectural lové au cœur d’un jardin luxuriant, symbole éclatant de paix, de silence et d’universalité spirituelle. Dès notre arrivée, alors que la rumeur de la ville semble s’éloigner derrière les palmiers et les sentiers bordés de fleurs, nous découvrons une silhouette blanche, majestueuse, s’élevant au-dessus de la verdure : une immense fleur de lotus de pierre, ouverte au ciel.

Conçu par l’architecte iranien Fariborz Sahba et achevé en 1986, le temple est devenu l’un des symboles les plus reconnaissables de la capitale indienne. Son architecture, inspirée de la pureté du lotus, fleur sacrée pour de nombreuses religions en Inde, évoque à la fois légèreté, symétrie et harmonie. Composé de 27 pétales de marbre blanc disposés en trois rangées, le bâtiment s’élève sans aucun symbole religieux apparent, fidèle au message d’universalité de la foi bahá’íe. Il ne s’agit pas d’un lieu réservé aux adeptes d’une religion particulière, mais d’un sanctuaire ouvert à tous, quelles que soient leurs croyances.

En approchant de l’édifice, nous ressentons un sentiment de calme grandissant. Ici, aucune cloche, aucun appel à la prière, aucun rituel imposé. On y entre en silence, les chaussures déposées à l’entrée, le cœur ouvert. La vaste salle intérieure, circulaire, peut accueillir jusqu’à 2 500 personnes, mais malgré sa taille, l’atmosphère y est intime, presque méditative. Des gens sont assis, certains en prière, d’autres simplement plongés dans une réflexion silencieuse. Il n’y a ni statues, ni autel, ni sermon. Juste la lumière, douce et naturelle, filtrée par les ouvertures entre les pétales, et un silence d’une densité rare dans une métropole comme Delhi.

Notre guide nous explique que selon les principes de la foi bahá’íe, chaque être humain est invité à se rapprocher de Dieu par la prière personnelle, la lecture, la méditation, sans intermédiaire. Le Lotus Temple incarne cette idée : un lieu d’unité spirituelle, d’accueil et de dialogue entre les religions. C’est d’ailleurs l’un des seuls temples en Inde où l’on peut entendre, lors de lectures collectives, des extraits non seulement des textes bahá’ís, mais aussi de la Bible, du Coran, des Vedas, ou du Dhammapada. Chaque texte est lu sans commentaire, dans le simple respect de la pluralité des voies vers le divin.

En ressortant dans les jardins, bercés par le chant des oiseaux et les jeux d’ombre des grands arbres, nous restons un moment assis sur un banc, face au temple. Ce lieu n’est pas spectaculaire par la richesse de ses décorations, mais par l’émotion qu’il fait naître : celle d’un monde possible où les spiritualités ne s’opposent pas, mais coexistent en paix. Un monde où le silence parle plus fort que les dogmes, où la beauté d’une fleur suffit à nous rassembler.

Le Lotus Temple, par sa forme aussi bien que par sa fonction, nous a offert un premier contact avec l’Inde sous un jour inattendu : celui d’un pays multiple, spirituel, et profondément tourné vers l’universel. Une entrée en matière bouleversante, qui donne au mot « foi » une résonance nouvelle — intime, partagée, et infiniment humaine.

Gate of India

Après ce moment de recueillement au Lotus Temple, changement d’atmosphère. Nous plongeons à présent dans le tumulte vibrant du cœur de New Delhi, en rejoignant l’un de ses monuments les plus emblématiques : l’India Gate.

Érigée au centre de la capitale sur le vaste boulevard Rajpath, cette arche monumentale de 42 mètres de haut, inspirée de l’Arc de Triomphe parisien, se dresse avec élégance au milieu d’un vaste parc verdoyant. L’India Gate fut construite en 1931 par l’architecte britannique Sir Edwin Lutyens pour rendre hommage aux 82 000 soldats de l’armée indienne morts pour l’Empire britannique pendant la Première Guerre mondiale et les campagnes de la guerre anglo-afghane. Leurs noms, gravés dans la pierre, rappellent à chaque visiteur la part d’histoire tragique et méconnue de l’Inde coloniale.

Dès notre arrivée, nous sommes saisis par l’ambiance électrique du lieu. Il ne s’agit pas simplement d’un monument figé dans le temps, mais d’un véritable lieu de vie, de rencontre, de fête. Les pelouses alentour sont remplies de familles pique-niquant à l’ombre, d’enfants courant après des cerfs-volants, de jeunes couples assis côte à côte, et de voyageurs venus des quatre coins de l’Inde pour se faire photographier devant cette grande arche de grès rouge.

Autour de nous, l’Inde bat son plein. Des vendeurs ambulants s’activent : glaces multicolores, noix grillées, ballons en forme d’éléphants, bracelets en plastique ou en verre, saris miniatures, cartes postales et jouets lumineux. L’un d’eux nous propose avec insistance un sachet de bhel puri, un mélange croustillant de riz soufflé, de légumes et de chutney épicé. Un peu plus loin, un homme tient une caisse d’où s’échappe le son d’une flûte lancinante : il attire les passants avec un numéro de charmeur de serpent. Devant ses pieds, un panier en osier commence à s’animer. Lentement, la tête d’un cobra se redresse, ondulant au rythme de la mélodie. Le spectacle nous laisse partagés entre fascination, amusement… et une pointe d’inquiétude.

Près du monument, un petit sanctuaire brûle en permanence une flamme, l’Amar Jawan Jyoti, gardée par des soldats en uniforme. Elle rend hommage au soldat inconnu et symbolise la mémoire de tous ceux qui sont tombés au combat depuis l’indépendance. Un silence respectueux règne autour de cette flamme, contrastant avec l’agitation joyeuse des alentours.

Nous restons un moment à observer cette Inde en miniature : les familles du Gujarat venues en bus, les sadhus en tenue safranée, les jeunes en jeans et baskets, les photographes avec leurs appareils prêts à capturer un souvenir de la visite. Tout autour de l’India Gate, la diversité culturelle et humaine du pays se donne rendez-vous, dans un ballet de langues, de couleurs et de visages.

Quand la lumière décline, le monument s’illumine d’une teinte dorée, et les ombres s’allongent sur les pelouses. L’air devient plus doux, et une atmosphère presque romantique s’installe. Nous reprenons notre souffle, emportant avec nous le souvenir de cette porte qui, plus qu’un arc commémoratif, nous a semblé ouvrir symboliquement un passage vers l’âme vibrante de l’Inde.

Humayun’s Tombs

Puis nous quittons le tumulte de l’India Gate pour nous plonger dans une atmosphère plus solennelle et chargée d’histoire, en rejoignant l’un des joyaux de l’architecture moghole : le tombeau de Humayun (Humayun’s Tomb), inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Situé dans un vaste jardin persan symétrique, le site nous accueille dans un écrin de verdure soigneusement entretenu, où l’on circule entre bassins, fontaines et sentiers de graviers rouges.

 

Dès le premier regard, la silhouette du mausolée impressionne. Élevé au XVIe siècle à la demande de l’impératrice Haji Begum, veuve de l’empereur moghol Humayun, ce tombeau monumental marque un tournant dans l’histoire de l’architecture indienne. Il est le précurseur direct du Taj Mahal, et on y retrouve déjà cette géométrie parfaite, ces proportions majestueuses, cette combinaison harmonieuse de pierre rouge et de marbre blanc.

Nous avançons lentement, sous un soleil doux du matin, en suivant le tracé du jardin à la charbagh, inspiré des descriptions coraniques du paradis : quatre parcelles délimitées par des canaux d’eau vive. Au centre, la coupole blanche semble flotter au-dessus de la structure rouge, comme un mirage. À chaque pas, la perspective change, révélant de nouvelles arches, de nouveaux jeux d’ombres et de lumières.

À l’intérieur du tombeau, une fraîcheur silencieuse nous enveloppe. La salle centrale, au plafond vertigineux, abrite le cénotaphe de Humayun, posé sur une dalle de marbre simple et élégante. Le véritable corps repose dans une crypte en dessous, inaccessible aux visiteurs. Autour de lui, plusieurs autres tombes de membres de la dynastie moghole forment un sanctuaire familial, comme une constellation de souvenirs impériaux.

Nous nous asseyons un moment dans un coin ombragé du jardin. Ici, l’Inde impériale et l’Inde contemporaine se croisent. De jeunes couples viennent y flâner, des familles prennent des photos, des guides racontent avec passion la saga des Grands Moghols, cette dynastie persane venue d’Asie centrale qui façonna une grande partie de l’Inde du Nord. L’histoire de Humayun, empereur rêveur tombé d’un escalier alors qu’il lisait un livre d’astrologie, contraste avec la majesté de sa dernière demeure.

En quittant le site, nous avons le sentiment d’avoir pénétré un fragment d’éternité. Dans ce mausolée, l’art, la foi et le pouvoir s’entrelacent en silence, sous la voûte d’un ciel paisible. Le tombeau de Humayun ne se visite pas, il se ressent : comme un souffle ancien, transmis à travers la pierre et les siècles.

Nizam Ud Din

Puis, nous poursuivons notre immersion dans l’âme spirituelle de Delhi en nous dirigeant vers le quartier de Nizamuddin, cœur vibrant du soufisme indien. Ici, le tumulte de la ville se fait plus intime, plus dense, comme filtré par l’énergie mystique qui habite les lieux depuis des siècles.

L’accès au dargah (mausolée) de Nizamuddin Auliya, le célèbre saint soufi du XIIIe siècle, ne se fait pas par une grande avenue monumentale, mais par une étroite ruelle tortueuse, bordée de minuscules échoppes aux devantures débordantes. À gauche, les fleuristes composent des guirlandes de jasmin, de roses et de soucis qu’on achète en offrande.

À droite, de petites cuisines ouvertes laissent s’échapper les parfums entêtants du biryani, du haleem, ou des kebabs grillés sur des braises vives. Des enfants rient, des vieillards prient, des vendeurs vantent à voix basse les vertus d’un encens ou d’une huile sacrée.

Plus on avance dans ce dédale vivant, plus l’atmosphère devient dense, presque envoûtante. Les sons se superposent : voix, prières, appels à l’achat, psalmodies. L’air est chargé d’encens et d’épices, de musiques soufies qu’on perçoit au loin, jouées sur des harmoniums par des chanteurs qawwals. Ici, le sacré et le quotidien s’entrelacent dans une parfaite harmonie populaire.

Et puis, le mausolée se dévoile enfin, comme un écrin de blancheur niché au cœur du désordre sacré. On y pénètre sans chaussures, la tête couverte, dans une petite cour où reposent les tombeaux de Nizamuddin Auliya, de son disciple Amir Khusro – poète et musicien mythique – et de nombreux autres mystiques. Des fidèles récitent des prières, d’autres déposent leurs guirlandes, caressent la pierre du tombeau, ferment les yeux en silence. L’émotion y est palpable, même pour les visiteurs non musulmans : c’est un lieu où la ferveur transcende les appartenances.

Autour du sanctuaire, des chants soufis (qawwalis) résonnent chaque jeudi soir.

Les voix puissantes, portées par le rythme du tabla et du clap des mains, s’élèvent dans la nuit comme une incantation collective.

Ce n’est plus seulement une visite, c’est une expérience sensorielle et spirituelle, une plongée dans la dévotion vivante d’un peuple.

À Nizamuddin, Delhi se révèle dans sa forme la plus profonde : une ville de contrastes, mais aussi de continuités mystiques, où la prière se glisse entre les pierres, où la poésie se chante encore à la tombée du jour, et où le sacré s’offre à tous ceux qui acceptent de s’y perdre un instant.

Qutb Minar

Le lendemain matin, sous un ciel encore tamisé par la brume dorée de Delhi, nous quittons notre hébergement pour rejoindre l’un des joyaux architecturaux les plus impressionnants de l’Inde médiévale : le Qutb Minar. Niché dans le quartier de Mehrauli, au sud de la ville, ce site emblématique nous transporte dès notre arrivée dans une autre époque, celle des premiers sultanats de Delhi, au croisement de la conquête, de la spiritualité et de la prouesse artistique indo-islamique.

Dès que nous franchissons les portes du complexe archéologique, la silhouette élancée du minaret s’impose à nous avec majesté. Haut de 73 mètres, construit en grès rouge orné de délicates calligraphies arabes et de motifs géométriques finement ciselés, le Qutb Minar se dresse fièrement vers le ciel. Érigé au début du XIIIe siècle par Qutb-ud-din Aibak, fondateur du sultanat de Delhi, il marque le triomphe des débuts de l’islam dans le sous-continent indien. Chaque niveau du minaret, séparé par des balcons ornés de muqarnas (stalactites sculptées), raconte une strate de cette histoire mouvementée.

Mais le site ne se limite pas à cette tour vertigineuse. En parcourant les allées du complexe, nous découvrons les vestiges de la première mosquée construite en Inde du Nord, la Quwwat-ul-Islam, littéralement « la puissance de l’islam ». Ses arcades en ruine, ses piliers récupérés d’anciens temples hindous et jaïns, témoignent du mélange – parfois conflictuel, souvent fascinant – entre les traditions artistiques préislamiques et la nouvelle esthétique musulmane importée par les conquérants.

Non loin du minaret, une colonne de fer vieille de plus de 1 600 ans, dressée là bien avant l’arrivée des musulmans, continue de défier le temps. D’origine gupta, elle intrigue les chercheurs par sa résistance à la corrosion, défiant les lois de la métallurgie moderne. On raconte qu’un vœu se réalise si l’on parvient à enlacer la colonne de ses bras… mais aujourd’hui, elle est protégée par une barrière.

L’atmosphère du lieu est unique : un silence solennel, mêlé aux échos discrets des visiteurs émerveillés, plane sur ces ruines chargées d’histoire. Nous flânons entre les pierres sculptées, les arches effondrées, les restes d’anciens tombeaux. Les jeux d’ombre et de lumière sur les gravures rendent les reliefs presque vivants.

Visiter le Qutb Minar, c’est remonter le temps dans un décor somptueux, mais aussi prendre conscience de la richesse culturelle de Delhi, ville carrefour de civilisations et de religions. Nous quittons les lieux lentement, encore impressionnés par la puissance tranquille de cette tour qui, depuis plus de huit siècles, domine les terres de l’Inde du Nord.

Vijay Chowk

Puis, quittant le sud de Delhi, nous empruntons Vijay Chowk, la vaste esplanade monumentale qui marque l’entrée du pouvoir indien. Ici, l’urbanisme colonial conçu par l’architecte Edwin Lutyens prend toute sa dimension : les larges avenues bordées de pelouses impeccables, les perspectives symétriques, les bâtiments massifs de grès rose et les coupoles inspirées de l’architecture moghole nous plongent dans une Inde impériale façonnée au début du XXe siècle.

De part et d’autre, les imposants ministères nord et sud (North Block & South Block) encadrent majestueusement l’avenue centrale. Leurs colonnades élégantes, leurs corniches sculptées et leurs dômes cuivrés captent la lumière comme autant de symboles de puissance et de stabilité. Au loin, en surplomb, le Rashtrapati Bhavan, résidence officielle du président de l’Inde, s’élève sur Raisina Hill. Ce palais à la façade monumentale, anciennement le Viceroy’s House, impressionne par sa taille, son équilibre architectural et le calme presque solennel qui y règne.

Autour de nous, quelques Indiens en costume traditionnel se promènent,

Chandni Chowk & Jama Masjid

Puis, changement radical d’ambiance. Nous quittons les larges boulevards aérés de New Delhi, bordés d’ambassades et de ministères, pour plonger dans le cœur battant et survolté de la vieille ville : Chandni Chowk. À peine franchi le seuil de ce quartier mythique, c’est un autre monde qui s’ouvre à nous – un monde foisonnant, déroutant, intensément vivant.

La ruelle qui s’offre à nous est une coulée humaine en mouvement perpétuel. Les klaxons stridents des rickshaws se mêlent aux appels des vendeurs de rue, aux cris des enfants, au bourdonnement des conversations, au martèlement régulier des pas. C’est une symphonie chaotique mais étrangement harmonieuse, rythmée par des scènes de vie qui s’enchaînent à chaque coin de rue.

L’air est saturé de parfums entêtants – un mélange de curry épicé, d’encens, de cuir, de fruits trop mûrs et de sucre caramélisé. Nous suivons une venelle étroite entre deux alignements d’échoppes minuscules : des magasins d’épices aux sacs débordants de curcuma et de cumin, des bijoutiers scintillants, des couturiers, des libraires spécialisés dans les textes en ourdou, et même un vieux barbier assis sur un tabouret bancal, rasoir à la main. Sur les devantures, les enseignes peintes à la main ajoutent à la poésie surannée du lieu.

Nous levons les yeux : les balcons en bois sculpté des havelis – ces anciennes maisons marchandes – racontent des siècles de prospérité commerçante. Leurs cours intérieures abritent parfois encore des familles entières ou des ateliers traditionnels. On y devine, derrière les persiennes entrouvertes, une vie discrète et tenace.

Au détour d’une ruelle, c’est un marchand de jalebi qui attire notre attention. Il plonge de fins rubans de pâte dans une grande bassine d’huile bouillante avant de les enrober dans un sirop doré, chaud et collant. Nous en goûtons un, encore fumant – explosion sucrée, croustillante à l’extérieur, moelleuse au centre. Plus loin, c’est un vendeur de chole bhature qui dresse d’un geste sûr les énormes galettes gonflées dans les assiettes en métal de ses clients affamés.

Et puis soudain, comme une respiration dans ce tumulte : la Jama Masjid s’élève devant nous, imposante et sereine. Nous gravissons ses marches de grès rouge et laissons derrière nous la frénésie des rues. Sur l’esplanade, des familles s’étendent à l’ombre des arcades, des pigeons volent en nuée, et la lumière du soleil joue sur le marbre blanc. C’est un moment suspendu, une parenthèse de recueillement et de majesté. Le muezzin appelle à la prière, sa voix pure se détachant du vacarme de la ville.

En quittant la mosquée, nous repartons à l’assaut de Chandni Chowk par une autre artère, où les artisans du cuir et du cuivre battent la matière sous nos yeux. Ici, un charmeur de serpents entonne sa mélodie envoûtante devant un cobra au regard fixe ; là, une procession hindoue passe dans la ruelle, entre chants, fleurs et poudres colorées.

Chaque pas est une découverte, chaque détour une surprise. Chandni Chowk n’est pas seulement un marché : c’est une mémoire vivante, un théâtre urbain où se joue, jour après jour, la comédie humaine dans toute sa splendeur, sa ferveur et sa folie.

Nous en ressortons éblouis, désorientés, le cœur vibrant de sons, d’images, d’odeurs – comme si nous venions de traverser l’Inde en miniature, condensée dans ce dédale palpitant.

Red Fort

Le lendemain matin, nous quittons notre hôtel dans une lumière encore douce, la ville s’éveillant lentement sous les klaxons timides et les bruits de balais frottant le bitume. Nous grimpons à bord d’un rickshaw à pédales, l’un de ces tricycles bringuebalants qui font partie intégrante du décor urbain. Notre conducteur, un homme sec au regard vif, se fraie un passage à travers les rues animées du vieux Delhi, slalomant entre les vélos, les vaches, les charrettes et les passants.

Le vent du matin nous caresse le visage tandis que le Fort Rouge (Red Fort) se dessine peu à peu à l’horizon, majestueux et imposant, avec ses murailles de grès rouge qui s’étendent sur près de deux kilomètres. Plus nous approchons, plus l’émotion monte. C’est là, derrière ces murs crénelés, que les empereurs moghols régnaient sur un empire étendu, dans un raffinement inouï.

Le rickshaw s’arrête devant la porte de Lahore, l’entrée principale du fort. À cet instant, on a vraiment le sentiment d’entrer dans un autre temps. Nous franchissons la grande arche qui mène au Chatta Chowk, une galerie couverte où les marchands de soieries, de bijoux et d’épices accueillaient jadis les visiteurs royaux. Aujourd’hui encore, des artisans y exposent leurs créations sous les voûtes séculaires.

En poursuivant notre visite à pied, nous découvrons les merveilles de l’enceinte impériale : le Diwan-i-Aam, la salle des audiences publiques avec ses colonnes élancées en marbre blanc, où l’empereur recevait ses sujets, puis le Diwan-i-Khas, d’une finesse extraordinaire, où trônait autrefois le légendaire Trône du Paon incrusté de pierres précieuses. Une inscription court encore sur l’arcade : “Si la Terre possède un paradis, c’est ici, c’est ici, c’est ici.” Et en contemplant les arabesques délicates, les fontaines silencieuses, les jardins géométriques, on comprend que ce n’était pas qu’une exagération poétique.

Les échos de l’histoire résonnent entre ces murs : les fêtes impériales, les intrigues de cour, mais aussi les bouleversements de l’histoire moderne, car le Fort Rouge fut aussi occupé par les Britanniques, puis repris comme symbole de l’indépendance indienne. Chaque 15 août, le Premier ministre y hisse encore le drapeau national.

Assis à l’ombre d’un vieux neem, nous laissons nos regards s’égarer vers les tourelles de pierre ocre et les dômes blafards. Le Fort Rouge n’est pas qu’un monument, c’est un témoin vivant de la splendeur passée, des luttes, des résistances et de l’identité profonde de l’Inde.

En repartant, de nouveau en rickshaw, nous sommes silencieux. Secoués doucement par les cahots de la route, nous avons la sensation d’avoir côtoyé un fragment d’éternité.

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