Cobe à croissant commun – Kobus ellipsiprymnus ellipsiprymnus +

Le Cobe à croissant (Kobus ellipsiprymnus), parfois appelé waterbuck en anglais, est une grande antilope aquaphile emblématique des savanes et zones humides d’Afrique. Reconnaissable entre toutes grâce à son épaisse toison brune et à la marque blanche en forme d’ellipse qui orne sa croupe, il appartient à la famille des Bovidae.

Morphologie et caractéristiques générales

• Taille et poids : Les mâles peuvent atteindre 1,40 m au garrot et peser jusqu’à 270 kg, tandis que les femelles restent plus légères (autour de 200 kg).

• Cornes : Seuls les mâles en portent ; elles sont robustes, annelées, recourbées vers l’avant puis vers l’extérieur, et peuvent mesurer jusqu’à 100 cm.

• Pelage : Dense, brun grisâtre, souvent plus sombre que celui d’autres antilopes. Ce pelage épais joue un rôle protecteur contre l’humidité.

• Marque caractéristique : Une grande tache blanche entourant l’anus, visible de loin et servant probablement de signal visuel pour la cohésion du groupe.

Habitat et comportement

Le cobe à croissant vit toujours à proximité de l’eau : rivières, marécages, lacs ou zones inondables. Contrairement à d’autres antilopes plus généralistes, il ne s’éloigne jamais trop de ces milieux dont il dépend.

• Alimentation : Il broute surtout des graminées hautes et fraîches, abondantes dans les prairies humides.

• Comportement social : Les femelles vivent en petits groupes accompagnés de leurs jeunes, tandis que les mâles alternent entre la vie solitaire et la défense de territoires près de l’eau, où ils attirent les femelles.

• Stratégie de survie : En cas de danger, le cobe peut fuir dans l’eau et même nager pour échapper aux prédateurs comme le lion ou le léopard.

Les deux sous-espèces de Cobe à croissant

Le genre Kobus ellipsiprymnus se décline en deux grandes formes, longtemps considérées comme des espèces distinctes, mais aujourd’hui regroupées :

1. Le Cobe à croissant commun (Kobus ellipsiprymnus ellipsiprymnus)

• Répartition : Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie, Ouganda, Éthiopie) et une grande partie de l’Afrique australe (Mozambique, Zambie, Zimbabwe, Afrique du Sud).

• Caractère distinctif : La croupe présente une large ellipse blanche bien marquée sur un fond brun.

• Habitat : Savanes arborées humides, zones riveraines et bords de lacs (comme les Momella, à Arusha).

• Observation typique : Vous l’avez rencontré à Arusha, broutant tranquillement au bord de l’eau, toujours dans la proximité immédiate du lac et des prairies détrempées.

2. Le Cobe defassa (Kobus ellipsiprymnus defassa)

• Répartition : Afrique de l’Ouest et Afrique centrale, depuis le Sénégal et le Nigeria jusqu’à l’Ouganda, en passant par le Cameroun et la République centrafricaine.

• Caractère distinctif : Contrairement à son cousin oriental, la croupe est entièrement blanche, sans ellipse.

• Habitat : Zones similaires (prairies humides, lisières boisées proches des rivières), mais davantage associées aux savanes soudaniennes et guinéennes.

• Observation typique : Dans ces régions, on peut le voir en petits groupes autour des mares et marigots, souvent dans des paysages plus boisés qu’en Afrique de l’Est.

Notre rencontre à Arusha

Sur les rives verdoyantes des lacs Momella, au cœur du parc national d’Arusha, en Tanzanie nous avons observé plusieurs cobes à croissant communs (Kobus ellipsiprymnus ellipsiprymnus). Leurs silhouettes massives se découpaient entre les roseaux et les eaux étincelantes, tandis qu’un mâle solitaire, cornes dressées, surveillait attentivement son territoire. La proximité des flamants roses et des ibis offrait un contraste saisissant : une scène typiquement est-africaine, où la puissance tranquille du cobe à croissant se mêle à la grâce des oiseaux d’eau.

Conclusion

Le cobe à croissant, qu’il soit ellipsiprymnus ou defassa, reste un symbole des zones humides africaines. Mais la distinction entre les deux sous-espèces illustre bien la diversité écologique du continent :

• à l’Est et au Sud, un cobe marqué d’un « croissant blanc » qui hante les prairies lacustres ;

• à l’Ouest et au Centre, son cousin au « manteau blanc » sur la croupe, gardien des marigots et savanes boisées.

Chaque observation, comme la vôtre à Arusha, est une plongée dans l’intimité d’une espèce qui, par son attachement à l’eau, incarne l’équilibre fragile entre la faune et son habitat.