Zanzibar, l’ile aux épices Tanzanie +

✈️ Du Serengeti à Zanzibar — le ciel comme fil conducteur
Nous quittons les plaines du Serengeti, encore imprégnés de la lumière dorée du matin, pour rejoindre la petite piste poussiéreuse de Fort Ikoma. Là, un Cessna nous attend, minuscule tache blanche sous l’immensité du ciel. L’appareil s’élance, vibre, puis s’arrache du sol rouge. En quelques secondes, la savane se déploie sous nos yeux : des rubans de rivières, des taches sombres d’acacias, des silhouettes d’éléphants minuscules qui se déplacent lentement entre les herbes blondes.
Le vol jusqu’à Arusha est un moment suspendu. Les plaines s’étirent à perte de vue, puis la terre se plisse, les collines s’élèvent, et déjà la brume des hautes terres annonce le changement de monde. À l’aéroport, un second avion, cette fois à hélices, nous attend pour Zanzibar.
Lorsque nous survolons enfin l’océan, la lumière devient liquide. Sous nos yeux, la mer se décline en dégradés de turquoise, d’émeraude et de cobalt. Par endroits, la transparence de l’eau laisse deviner les récifs coralliens, véritables jardins sous-marins. Le rivage zanzibarite apparaît bientôt, ourlé de sable blanc et de palmiers.
Nous nous taisons un instant, simplement happés par cette beauté aérienne : la promesse d’une île, entre ciel et mer, après les immensités fauves du continent.
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Safari Blue à Zanzibar : immersion dans la baie de Menai
Le jour se lève à peine sur Fumba, petit village côtier à une vingtaine de minutes de Stone Town. La lumière dorée caresse la mangrove, le vent s’élève légèrement sur la mer calme — c’est le moment de partir pour l’une des plus belles aventures marines de Zanzibar : le Safari Blue. Depuis 1995, cet opérateur historique fait découvrir, à bord de ses dhows traditionnels en bois, la splendeur de la Menai Bay Conservation Area, vaste sanctuaire marin de 470 km² créé en 1997 au sud-ouest de l’île d’Unguja.
Sur la plage, l’embarcation nous attend, sa voile triangulaire prête à se gonfler sous la brise. Nous montons à bord, rejoints par une vingtaine d’autres voyageurs. Le bateau glisse doucement, son moteur auxiliaire ronronnant à peine, avant que le silence du vent ne prenne le relais. La journée s’annonce longue et belle : six à sept heures d’immersion dans un archipel d’îlots, de lagons et de récifs coralliens, là où l’océan Indien déploie mille nuances de bleu.
À mesure que nous quittons la côte, l’eau devient translucide. Le capitaine nous fait signe : au loin, des silhouettes sombres fendent la surface. Ce sont les premiers dauphins. Deux espèces habitent la baie : le grand dauphin de l’océan Indien (Tursiops aduncus) et le dauphin à bosse d’Indo-Pacifique (Sousa plumbea). Sociables et fidèles à leur territoire, ils évoluent en groupes stables, jouant dans le sillage des embarcations. Dans près de 85 % des sorties, ils viennent saluer les dhows comme pour rappeler que cette mer est la leur. Les guides, formés à l’observation responsable, maintiennent une distance respectueuse, laissant les animaux s’approcher d’eux-mêmes.
Quelques encablures plus loin, l’équipage jette l’ancre sur un site de plongée. Masque et tuba en main, nous nous glissons dans l’eau tiède. Le monde sous-marin de Menai Bay se déploie dans toute sa richesse : des bancs de poissons-papillons et de chirurgiens colorent le décor, des poissons-perroquets grignotent le corail, et des gorgones translucides ondulent doucement dans le courant. Ici, plus de 150 espèces de coraux durs sont recensées sur la côte zanzibarite, formant une mosaïque vivante qui constitue le socle de la baie. Ces récifs frangeants, bâtis au fil des millénaires par des milliards de polypes calcaires, soutiennent tout un écosystème : tortues, étoiles de mer, oursins, crustacés et minuscules poissons de récif s’y partagent la lumière.
En approchant des herbiers marins, nous apercevons une silhouette paisible : une tortue verte (Chelonia mydas). Avec la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), elle fait partie des deux espèces qui nichent sur les plages isolées de Menai Bay. Ces tortues, classées « en danger » ou « en danger critique » par l’UICN, reviennent chaque année pondre dans le sable chaud, entre avril et mai, avant que leurs petits n’émergent en juin et juillet. Les ONG locales, en partenariat avec les communautés, veillent sur chaque nid : les œufs sont parfois déplacés vers des zones protégées, surveillées jour et nuit, afin de maximiser les chances de survie des nouveau-nés. Cette attention méticuleuse témoigne du lien fort entre protection et tradition : ici, la mer nourrit, mais elle enseigne aussi la patience et le respect.
Notre dhow reprend sa route vers un banc de sable immaculé. La mer s’ouvre sur une langue blanche, fine comme un ruban, que les marées font apparaître et disparaître chaque jour. Nous débarquons pour un moment suspendu : baignade, marche pieds nus, contemplation d’un horizon sans limite. En face, on distingue les petites îles coralliennes de Miwi et de Kwale, posées sur la mer comme des perles. C’est sur cette dernière que nous ferons halte pour le déjeuner.
Sous l’ombre généreuse d’un palmier, une grande table en bois nous attend, dressée pour un festin. Au menu : poissons grillés, calamars, langoustes, riz parfumé, salades croquantes et fruits tropicaux disposés en abondance. L’équipe prépare le barbecue sur place, et l’odeur du charbon mêlée au parfum marin fait saliver tout le groupe. Après le repas, café swahili et liqueur locale « Amarula » nous sont offerts, dans un esprit de partage et de convivialité. L’eau, les sodas, les bières et même les snacks sont inclus tout au long de la journée : une attention simple mais précieuse sous cette chaleur tropicale.
Certains choisissent de prolonger l’expérience en privatisant un bateau : la formule Bubble Boat offre l’exclusivité d’un dhow et d’une table réservée sur l’île de Kwale pour un supplément de 200 USD par bateau et 70 USD par personne. Quant aux aventuriers en quête de calme absolu, ils peuvent affréter un charter privé pour deux personnes, autour de 550 USD tout compris. Mais même dans l’excursion collective (75 USD par adulte, 40 USD pour les enfants de 6 à 14 ans, gratuit pour les plus jeunes), l’expérience garde un parfum d’authenticité rare : ce n’est pas un simple tour, c’est une traversée des sens.
La baie de Menai, elle, n’est pas qu’un décor de carte postale. C’est un écosystème vivant, un laboratoire à ciel ouvert pour les biologistes marins. Créée avec le soutien du WWF en 1994, puis officiellement désignée aire protégée en 1997, la Menai Bay Conservation Area fut l’une des premières zones de conservation communautaire de Tanzanie. Dix-neuf villages côtiers, rejoints depuis par d’autres dans le cadre du programme MACEMP, y participent activement. Ensemble, ils ont mis fin aux pratiques destructrices des années 1980–90 : pêche à la dynamite, filets dérivants, chaluts côtiers. En échange, des programmes de pêche artisanale durable, de culture d’algues et d’écotourisme ont vu le jour. Les bénéfices du tourisme, notamment des excursions comme le Safari Blue, sont partagés entre les communautés pour financer des écoles, des dispensaires ou des patrouilles de surveillance.
Ce modèle a porté ses fruits : les stocks de poissons ont augmenté, les récifs se sont régénérés, et les dauphins reviennent dans la baie. Menai Bay est aujourd’hui classée en catégorie VI de l’UICN, ce qui signifie « utilisation durable des ressources naturelles » — un exemple de gouvernance où protection et économie s’équilibrent.
Sous la surface, la géologie elle-même raconte une histoire. Les récifs frangeants reposent sur des formations calcaires anciennes, vestiges d’anciens coraux fossilisés. Ces reliefs sous-marins forment une ceinture naturelle autour des îles de la baie, dont Kwale, Ukombe ou Miwi. Les marées y sculptent des bancs de sable mouvants, les vents y dessinent des lagons à l’eau turquoise, et les mangroves y forment des labyrinthes végétaux où se mêlent crabes violonistes, poissons sauteurs et jeunes palétuviers aux racines aériennes. Dans ces eaux saumâtres, la vie s’adapte : la mangrove fixe les sédiments, protège la côte de l’érosion, et abrite une faune discrète mais essentielle.
Mais cet équilibre reste fragile. Les menaces sont nombreuses : réchauffement climatique, acidification des océans, blanchissement corallien (notamment lors de l’épisode El Niño de 1998), pollution plastique et développement côtier non maîtrisé. Certains cétacés, comme le dauphin à bosse d’Indo-Pacifique, ont vu leur population chuter de plus de 60 % depuis 2002, victimes de captures accidentelles et de la pression touristique. Des règles strictes ont été mises en place : limitation du nombre de bateaux, zones d’observation définies, formation des guides à la navigation éthique. C’est grâce à cette vigilance constante que les dauphins continuent de fréquenter la baie.
Parfois, entre juillet et octobre, la chance sourit aux voyageurs : les eaux profondes de Zanzibar voient passer les baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) venues des mers australes. Ces géantes se reproduisent dans la chaleur de l’océan Indien avant de regagner le sud. Les apercevoir, même de loin, est un privilège rare. Leur souffle puissant et leur chant lointain rappellent que l’océan reste un monde immense, relié du pôle aux tropiques par le fil invisible de la vie.
Lorsque vient l’heure du retour, notre dhow hisse à nouveau sa voile blanche. Le vent nous ramène doucement vers Fumba, tandis que le soleil décline sur la mer. Derrière nous, les îles de Kwale et de Miwi s’effacent dans une lumière d’or liquide. Nous comprenons alors ce que le Safari Blue représente : bien plus qu’une excursion, c’est un pacte silencieux entre l’homme et la mer, une promesse de respect et d’émerveillement renouvelé.
Dans le sillage du bateau, la surface de l’eau miroite comme un dernier salut. La Menai Bay, joyau écologique et culturel, montre qu’un tourisme réfléchi peut devenir une force de conservation. Ici, chaque vague porte l’écho d’un équilibre fragile, mais encore vivant — un souffle de liberté au cœur de l’océan Indien.
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Rencontre au large de Kizimkazi – Les dauphins libres de la Menai Bay
L’aube s’étire à peine sur Kizimkazi, ce petit port de pêche du sud de Zanzibar, lorsque nous rejoignons la plage. Le ciel hésite entre le mauve et le rose, la mer est d’un calme absolu, et les dhows traditionnels se balancent mollement sur leurs ancres. Des pêcheurs plient encore leurs filets de la nuit, tandis que quelques silhouettes, touristes encore engourdies de sommeil, se dirigent vers les embarcations. Nous sommes venus ici pour ce que beaucoup appellent le Dolphin Tour, une expérience promise comme magique : observer les dauphins de la Menai Bay dans leur milieu naturel.
Notre guide, un jeune homme de Kizimkazi Dimbani, souriant et passionné, nous explique avant le départ que deux espèces résident ici toute l’année. Le grand dauphin de l’océan Indien (Tursiops aduncus), robuste, au rostre court, et le dauphin à bosse d’Indo-Pacifique (Sousa plumbea), plus rare et plus côtier, reconnaissable à la légère bosse dorsale surmontée d’une petite nageoire. Les premiers vivent souvent en groupes de 10 à 20 individus, les seconds en petits clans familiaux, fidèles à leurs baies.
À peine sortis du lagon, l’horizon s’ouvre sur un miroitement infini. Le moteur vrombit, puis soudain, à tribord, un éclat argenté fend la surface. Un dauphin bondit, un deuxième, puis un troisième. La scène est brève, mais saisissante : quelques secondes suspendues entre l’eau et le ciel. L’équipage coupe le moteur, et nous restons là, à la dérive, dans le silence ponctué par les souffles des cétacés. Leurs silhouettes grises glissent à quelques mètres, parfois si près que l’on distingue la texture lisse de leur peau.
Ce moment d’émotion pure s’accompagne d’un sentiment d’humilité. Ces animaux ne sont ni apprivoisés ni dressés ; ils vivent ici librement, suivant les cycles des marées, des courants et des proies. Les dauphins de Kizimkazi se nourrissent principalement de poissons de récif et de calamars qu’ils traquent en groupe à l’aube et en fin de journée. La Menai Bay, avec ses eaux peu profondes, ses récifs coralliens et ses herbiers marins, leur offre un garde-manger idéal — à condition que l’équilibre de cet écosystème fragile soit préservé.
Mais cet équilibre, justement, a été mis à l’épreuve. Depuis les années 2000, le succès du Dolphin Tour a attiré chaque matin des dizaines de bateaux, souvent non réglementés, lançant leurs moteurs à la poursuite des groupes. Les dauphins, stressés, se dispersaient, plongeaient plus longtemps, voire désertaient certaines zones. Face à cette dérive, les autorités tanzaniennes, appuyées par des ONG locales comme Sea Sense et MWAMBAO Coastal Community Network, ont instauré des règles strictes : limitation du nombre de bateaux, interdiction d’approcher à moins de 50 mètres, rotation des opérateurs, et surtout formation des guides à l’observation éthique.
Notre capitaine appartient à cette nouvelle génération de marins-naturalistes. Il coupe systématiquement le moteur, laisse le bateau dériver, et parle à voix basse. « We don’t chase dolphins. We let them come to us », dit-il simplement. Et effectivement, après quelques minutes, les dauphins reviennent, curieux, paisibles. Certains longent la coque, d’autres tournent autour, dans un ballet silencieux. L’eau est si claire qu’on aperçoit les jeux de lumière danser sur leurs flancs.
Pour les plus téméraires, le guide autorise la mise à l’eau, mais toujours en respectant une règle d’or : ne pas leur barrer la route, ne pas tenter de les toucher. Plonger ici, c’est s’abandonner au courant, flotter en silence, et espérer un contact fugace. Parfois, un dauphin s’approche, regarde, s’éloigne. Le regard qu’il pose, vif et calme à la fois, laisse une impression indélébile : celle d’une intelligence tranquille, confiante, mais exigeante de respect.
À la surface, la lumière monte. Autour de nous, le bleu devient de plus en plus éclatant. Au loin, la côte de Zanzibar se découpe, bordée de cocotiers et de plages encore désertes. Le village de Kizimkazi, pourtant modeste, fut jadis une cité d’importance : c’est ici que se dresse la plus ancienne mosquée d’Afrique de l’Est, datée du XIIᵉ siècle, témoin d’un passé de comptoir swahili ouvert sur le monde arabe. Aujourd’hui encore, les habitants vivent entre pêche traditionnelle, culture d’algues, et écotourisme.
Les revenus issus des excursions dauphins sont partagés entre les communautés, les opérateurs agréés et la Menai Bay Conservation Authority. Ce modèle, inspiré de celui du Safari Blue, vise à concilier développement et préservation. Les bénéfices servent à financer des patrouilles anti-braconnage, à entretenir les écoles et à sensibiliser les enfants du village à la protection marine. Certains jeunes deviennent eux-mêmes guides naturalistes, fiers de montrer la beauté de leur mer.
Sous la surface, la science continue d’observer. Des études menées par l’Université de Dar es Salaam ont montré que les populations de Tursiops aduncus dans la Menai Bay restent stables, mais que les Sousa plumbea déclinent légèrement, probablement en raison du bruit et de la pollution. Des programmes de suivi acoustique enregistrent désormais leurs vocalisations, permettant de mieux comprendre leurs interactions et leurs zones de repos. Chaque clic, chaque sifflement, devient une donnée précieuse dans la lutte pour leur conservation.
En fin de matinée, le soleil tape fort. Nous faisons escale sur une petite plage de sable blanc pour un jus de mangue et quelques fruits frais. Le vent s’est levé, la marée descend. Le retour se fait lentement, les yeux encore pleins d’images. Dans le sillage du bateau, quelques dauphins apparaissent une dernière fois, comme pour nous accompagner jusqu’à la côte.
Kizimkazi, avec son calme et sa lumière, nous laisse une impression paradoxale : celle d’un lieu à la fois préservé et vulnérable, beau et fragile. Ici, chaque sortie en mer est une leçon d’équilibre : entre fascination et responsabilité, émerveillement et conscience. Voir un dauphin dans son élément naturel n’est pas un droit, c’est un privilège – un instant suspendu qui rappelle la nécessité de préserver ce monde bleu dont dépend une partie de notre humanité.
Lorsque nous regagnons la plage, le sable brûle sous les pieds. Les pêcheurs remontent leurs pirogues, les enfants rient, les vagues murmurent. Dans l’air, flotte un parfum de sel et de promesse. Kizimkazi, berceau de la rencontre entre l’homme et la mer, continue d’écrire son histoire – au rythme lent et libre des dauphins.
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Au cœur parfumé de Zanzibar – Le tour des épices – Spice Tour
Ce matin, nous quittons la côte pour remonter vers l’intérieur des terres, là où bat encore le cœur agricole de Zanzibar. La route s’enfonce à travers une campagne paisible, ponctuée de palmiers élancés et de cases colorées. Dans les villages que nous traversons, la vie s’éveille doucement : des enfants marchent vers l’école en uniforme, les femmes étendent le linge dans les cours sablonneuses, et les hommes, souvent à moto, transportent des paniers de fruits, des bidons d’eau ou des fagots de bois. À mesure que nous quittons la mer, l’air devient plus dense, plus humide — une promesse d’arômes à venir.
Notre chauffeur, originaire de Bububu, connaît chaque tournant de cette route bordée de cocotiers. En riant, il nous explique que le spice tour n’est pas seulement une visite touristique, mais une véritable leçon d’histoire : car Zanzibar, avant d’être une île de plages et de coraux, fut avant tout « l’île aux épices ». Depuis le XIXᵉ siècle, les sultans d’Oman y avaient installé d’immenses plantations, faisant de l’île l’un des plus grands exportateurs de clou de girofle du monde.
Le véhicule quitte l’asphalte pour une piste de latérite rouge. Nous traversons un paysage de plantations vivrières où se mêlent bananiers, cocotiers, papayers et manguiers. L’air se charge d’odeurs de terre chaude, de résine et de fleurs. Les guides locaux, souriants, nous accueillent à l’entrée de la ferme communautaire — une exploitation gérée collectivement par plusieurs familles du village, qui partagent les revenus du tourisme et des récoltes.
Sous la voûte des arbres, commence une promenade sensorielle inoubliable. À chaque pas, une odeur, une couleur, une surprise. On nous tend une feuille froissée : c’est du citronnelle, au parfum de thé et de soleil. Plus loin, un arbuste au feuillage dense cache les fruits rouges du poivre, encore immatures. Les guides les font tourner entre leurs doigts : « noir, blanc, vert ou rouge — c’est le même poivre, selon la façon dont on le sèche. »
Un peu plus loin, c’est la vanille qui grimpe le long d’un tronc d’arbre. Les gousses, encore vertes, sont effleurées avec précaution. On nous explique le long processus de fermentation qui leur donne leur arôme doux et puissant. Puis vient la muscade, fruit luisant dont on casse la coque pour révéler la graine brune et son enveloppe écarlate, le macis. Chaque plante semble raconter une histoire ancienne, celle des routes maritimes, du commerce et des échanges qui ont façonné la culture swahilie.
Au détour d’un sentier, le parfum du clou de girofle emplit l’air. Nous levons les yeux : les grands arbres aux feuilles sombres oscillent dans la lumière. C’est de ces boutons floraux séchés que Zanzibar tire encore aujourd’hui une partie de sa réputation. Le guide nous apprend que la production a beaucoup diminué depuis la période coloniale, mais qu’elle reste essentielle à l’économie locale. Dans certains villages, on récolte encore les clous à la main, puis on les fait sécher au soleil sur des nattes tressées.
Nous découvrons aussi la cardamome, cachée sous ses feuilles fines, le gingembre aux racines piquantes, la cannelle dont l’écorce brune s’enroule sur elle-même, et le curcuma, dont la poudre d’or tache les doigts. Tout ici est odeur, texture et saveur. Les guides s’amusent à nous faire deviner les épices les yeux fermés : la douce chaleur du cumin, la fraîcheur du basilic, la puissance du piment. Chaque senteur évoque un marché, une cuisine, un souvenir de voyage.
À la fin du parcours, un petit stand ombragé nous attend. Sur une table, sont alignés des paniers d’épices, de savons, d’huiles essentielles et de fruits exotiques : ananas, fruit de la passion, jacquier, mangue, orange amère, canne à sucre… Le goût sucré du jus de coco fraîchement coupé nous désaltère, tandis que les villageois entonnent quelques chansons locales. L’ambiance est simple, joyeuse, sincère.
Le Spice Tour n’est pas seulement une visite botanique — c’est une plongée dans la mémoire vivante de Zanzibar. Dans chaque plantation, on lit encore les traces de ce passé mêlé d’Afrique, d’Arabie et d’Inde. Les épices, autrefois symbole de richesse et d’échanges, continuent d’unir les habitants de l’île autour d’une agriculture durable. Certaines coopératives réinvestissent désormais les bénéfices du tourisme dans des programmes éducatifs et la reforestation, afin de préserver ces paysages fertiles menacés par la déforestation et l’urbanisation.
Sur le chemin du retour, la lumière dorée de l’après-midi inonde les villages. Les enfants jouent sur les pistes rouges, des femmes vendent des paniers tressés au bord de la route, et la mer réapparaît enfin, d’un bleu éclatant, au détour d’une colline. Nous reprenons conscience que cet écosystème, du littoral à la forêt, fonctionne comme un tout : les épices nourrissent la terre, la terre nourrit la mer, et la mer, à son tour, nourrit les hommes.
En quittant la ferme, les mains encore imprégnées d’odeurs de cannelle et de gingembre, nous comprenons que cette visite valait bien plus qu’une excursion : c’était un voyage dans le temps et dans les sens, une immersion au cœur de la culture zanzibarite.
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Dans la forêt de Jozani : à la rencontre du colobe rouge de Zanzibar
Le lendemain matin, nous quittons la côte et sa brise salée pour plonger au cœur verdoyant de l’île. La route serpente à travers une succession de villages paisibles : des enfants en uniforme marchent vers l’école, des femmes vendent des fruits sous les manguiers, et les effluves mêlés du girofle et du bois humide nous accompagnent jusqu’à l’entrée du parc national de Jozani Chwaka Bay.
Ici, la lumière filtre à travers un plafond dense de canopée. Les troncs sont couverts de mousses et de lianes, et l’air est saturé d’humidité. Sous nos pas, la terre rouge se fait moelleuse, presque spongieuse. Notre guide local, un homme calme au regard patient, nous invite à baisser la voix : « Le colobe rouge de Zanzibar est timide, mais il n’est jamais bien loin ».
Quelques pas plus loin, nous entendons un bruissement, puis un cri sec et guttural. Au-dessus de nous, un petit groupe de colobes rouges de Zanzibar(Piliocolobus kirkii) bondit d’arbre en arbre. Leur pelage flamboyant contraste avec le vert profond de la forêt : dos brun-roux, ventre pâle, visage noir cerclé de poils blancs, et ces yeux vifs, presque expressifs.
Nous restons immobiles, fascinés par leurs mouvements gracieux. Les jeunes jouent à se poursuivre dans les branches, tandis que les adultes se contentent de mâcher tranquillement des feuilles de manguier sauvage. Ces singes, endémiques de Zanzibar, sont les derniers représentants d’une espèce qui a longtemps frôlé l’extinction. Ils ne peuvent digérer les fruits mûrs — seulement les jeunes feuilles, riches en fibres et en tanins — ce qui les rend particulièrement dépendants de cet écosystème.
La forêt de Jozani est l’un des rares refuges où ces primates trouvent encore abri. Outre les colobes rouges de Zanzibar, elle abrite une étonnante diversité : des galagos nocturnes, des mangroves qui filtrent l’eau salée, des crabes colorés, et des palétuviers où s’accrochent des escargots terrestres endémiques. Dans certaines zones marécageuses, on aperçoit les racines aériennes des mangliers qui respirent comme des poumons.
Nous traversons une passerelle de bois surélevée, dominant un réseau de mangroves inondées. L’eau reflète le ciel d’un vert métallique, et des poissons argentés glissent entre les racines. Le guide nous explique comment cette zone joue un rôle crucial dans la protection de l’île contre l’érosion et les tempêtes tropicales, tout en servant de nurserie naturelle pour les jeunes poissons du lagon.
Sous la chaleur moite, nous ressentons pleinement la respiration de la forêt. Le chant des oiseaux, le crissement des cigales et le froissement du vent composent une symphonie lente et envoûtante. Le temps semble suspendu.
Avant de repartir, nous croisons une dernière famille de colobes rouges de Zanzibar, assise paisiblement sur une branche basse. L’un d’eux, curieux, nous fixe longuement, avant de s’éclipser d’un bond. Nous restons un instant silencieux, émus par cette rencontre fragile, presque irréelle.
Sur le chemin du retour, la lumière décline sur les cocotiers, et un parfum de terre mouillée monte de la forêt. Nous savons que ces instants, ces regards échangés avec le vivant, comptent parmi les plus précieux de tout voyage.
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LES LOGEMENTS
🏝️ À notre arrivée à Zanzibar — entre lagon et douceur de vivre
À notre arrivée, la chaleur nous enveloppe comme une étreinte. L’air salé, chargé de parfums d’algues et de fleurs, annonce déjà la mer toute proche. Nous rejoignons la côte est de l’île, là où le vent de l’océan Indien effleure les cocotiers et fait frissonner les eaux turquoise.
Notre halte : le Pongwe Hotel, un petit paradis lové au creux d’une anse de sable blanc.
Dès les premiers instants, tout semble suspendu. Les chambres s’ouvrent sur la mer, les terrasses sont bordées d’hibiscus, et le murmure des vagues remplace le bruit des moteurs que nous avons laissés derrière nous. Au centre du jardin, une piscine à débordement se fond dans le lagon, si bien qu’à certaines heures, on ne distingue plus la limite entre l’eau douce et l’eau salée.
Nous nous laissons glisser dans cette parenthèse tropicale : les pieds dans le sable fin, le regard perdu sur l’horizon où le ciel et la mer se confondent. Quelques pêcheurs passent au loin, tirant leurs filets à la main. Le soleil décline lentement, allumant des reflets d’or sur la surface tranquille de l’océan.
Le soir venu, la brise apporte l’odeur du clou de girofle et du bois flotté. Zanzibar se dévoile à travers ces senteurs, promesse d’un voyage qui mêle le repos, la mer et la mémoire des épices.
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LES LIENS
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