Arbre à pain Artocarpus altilis
Lors de notre passage à l’hôtel Sainte-Brigitte de Kara, au Togo nous avons redécouvert avec émerveillement les fameux arbres à pain (Artocarpus altilis). Cet arbre, appartenant à la famille des Moracées, est originaire d’Océanie, où il a été domestiqué pour son fruit comestible, le fruit à pain, parfois simplement appelé « pain » ou même « brioche ». Aujourd’hui, il est largement répandu sous les tropiques.
L’arbre à pain est une espèce proche du jacquier (Artocarpus heterophyllus) et se distingue par une grande variabilité. En Océanie, les populations locales ont sélectionné des centaines de cultivars, certains étant des diploïdes fertiles (2n=2x=56) et d’autres, des hybrides ou triploïdes stériles (2n=3x=~84), qui nécessitent une propagation végétative.
Nous avons appris que, dans certaines régions comme les Antilles françaises, une variété fertile, appelée châtaignier pays (Artocarpus altilis var. seminifera), est cultivée pour ses graines comestibles. Ces graines, connues sous le nom de « châtaignes-pays », sont consommées bouillies ou grillées. Quant aux variétés sans graines, elles sont plus répandues en Polynésie, où elles sont propagées par drageons.
Caractéristiques de l’arbre :
C’est un arbre sempervirent de taille moyenne qui peut atteindre 20 m de hauteur, doté d’un tronc droit et massif. Ses grandes feuilles vert foncé, brillantes, mesurent jusqu’à 60 cm de longueur et possèdent des lobes bien marqués. Le fruit, quant à lui, est un syncarpe rond ou oblong, pesant entre 1,5 et 2 kg, avec une pulpe couleur crème.
Les fruits, riches en amidon, constituent une ressource alimentaire importante dans de nombreuses régions tropicales. Bouillis, rôtis ou transformés en farine, ils remplacent souvent le pain ou d’autres féculents dans l’alimentation locale. Nous avons également découvert que la peau du fruit contient encore plus d’antioxydants que la pulpe et les graines, bien qu’elle ne soit pas consommée.
Utilisation et diversité culturelle :
Ce qui nous a particulièrement fascinés, c’est la richesse des dénominations et des usages de cet arbre à travers le monde. Par exemple, en Polynésie, le fruit est appelé ‘uru ou ulu, tandis qu’aux Antilles, il est connu sous le nom de fouyapen en créole martiniquais et guadeloupéen. À Madagascar, il porte les noms de soanambo ou sonambo, et au Bénin, il est appelé bèlèfoutou.
Introduit aux Antilles au XVIIIe siècle pour nourrir les esclaves, l’arbre à pain s’est depuis répandu dans toutes les régions tropicales humides pour ses qualités alimentaires et esthétiques.
Valeur écologique et nutritionnelle :
L’arbre à pain est aussi apprécié pour son rôle écologique : il offre une ombre généreuse, stabilise les sols et favorise la biodiversité. Sur le plan nutritionnel, son fruit est une excellente source de glucides, de potassium et de fibres, avec un faible apport en lipides. Les feuilles et les racines contiennent également des composés bioactifs aux propriétés médicinales.
Cette découverte, faite à Sainte-Brigitte de Kara, nous a permis de mieux comprendre l’importance de cet arbre dans la culture et la vie quotidienne des populations locales. Elle nous a rappelé, une fois de plus, combien la nature est généreuse et pleine de ressources.