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Dassa-Zoumé la « Cité des 41 collines » REGION DES COLLINES BENIN

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20250202 DASSA-ZOUME REGION DES COLLINES BENIN

En quittant Djougou pour rejoindre la région de Bohicon et Dassa-Zoumé, nous traversons le Moyen-Bénin, cette vaste étendue qui s’étend du Zou jusqu’aux collines, véritable carrefour naturel de paysages et d’influences climatiques. La plaine de savane arborée et arbustive déployée devant nous, ponctuée par les imposantes collines de Dassa-Zoumé et de Savé, témoigne de la transition marquée entre le climat subéquatorial du sud et le climat soudanien, plus sec, du nord. Sur ces terres fertiles, le coton, le maïs, le manioc, l’igname, le mil, l’arachide et le tabac se partagent l’espace, illustrant un savoir-faire ancestral en parfaite harmonie avec la nature.

DIVINITE VAUDOU DE DANKOLI

Peu avant d’atteindre Savanou, nous décidons de marquer une pause pour découvrir la fameuse divinité vaudou de Dankoli. L’atmosphère sur le site se charge d’une solennité mystique, et nous ressentons immédiatement l’importance des traditions qui y règnent. Les habitants nous accueillent avec une dévotion palpable, nous expliquant que Dankoli n’est pas seulement une divinité, mais incarne la protection, la guérison et l’influence sur le destin de ceux qui lui rendent hommage. Autour du sanctuaire, les offrandes et objets rituels témoignent d’une pratique vaudou vivante, véritable mode de vie inscrit dans l’histoire et l’identité culturelle de la région.

Saisi par l’ambiance empreinte de mystère, je décide de me prendre au jeu. Pour 2000 FCFA, j’achète deux bâtonnets et l’huile nécessaire pour participer à ce rite. D’abord, je me déchausse et, sur un sol marqué par l’huile de palme, je plante le premier bâton tout en incantant mes vœux.

D’une voix claire, j’énonce « Philippe Dankoli » trois fois, puis je formule mes souhaits à voix basse, confiant mes espoirs à l’entité sacrée. Je poursuis ensuite le rituel en me rendant sur la partie dite « féminine » du sanctuaire, située à quelques mètres de là, où se manifeste la complémentarité des forces. Chaque geste, chaque incantation résonne avec force dans ce lieu chargé d’histoire et de spiritualité.

Si mes vœux venaient à être exaucés, il me faudra revenir pour remercier les divinités, bouclant ainsi le cycle de ce rituel intime. Ce moment de communion, entre la grandeur du paysage du Moyen-Bénin et la ferveur mystique du vaudou, m’immerge dans une expérience unique où passé et présent se rejoignent dans un élan de foi et de dévotion. Ce détour sur le chemin, au cœur du sanctuaire de Dankoli, me rappelle combien chaque geste compte dans l’harmonie des croyances qui traversent le temps, faisant de cette rencontre un instant précieux et inoubliable.

Savalou

Nous arrivons ensuite à Savalou, une ville qui nous surprend par la richesse de son patrimoine culturel et artistique. Dès notre entrée, nous remarquons que chaque coin de rue semble raconter une histoire ancienne, presque mystique. Partout, des statues imposantes veillent sur le passage des habitants, tandis que des murs richement décorés offrent un véritable spectacle visuel. Ces ornements témoignent d’un profond attachement aux traditions ancestrales et aux croyances vaudoues qui continuent d’influencer la vie quotidienne. D’immenses têtes de lions, symboles de protection et de puissance, ornent l’ouverture des maisons, invitant à la fois respect et crainte. Ces éléments architecturaux et artistiques créent une ambiance où chaque lieu semble être un sanctuaire, dédié à des rites que l’on imagine empreints de mysticisme et de symbolisme vaudou.

Au cœur de la ville, le Palais royal se distingue particulièrement. Véritable chef-d’œuvre d’architecture excentrique, il est orné de décorations élaborées qui témoignent d’un savoir-faire minutieux et d’une créativité débordante. Chaque façade, chaque sculpture, chaque motif présente sur le bâtiment raconte une part de l’histoire locale et rend hommage aux ancêtres. L’édifice se dresse fièrement, mêlant traditions ancestrales et touches artistiques modernes, dans un dialogue subtil entre passé et présent. La richesse de ses ornements – fresques, sculptures et motifs décoratifs – crée une impression de grandeur et de mystère, comme si le palais lui-même était le gardien de légendes anciennes.

Le palais royal se dresse comme un monument emblématique, véritable reflet de la richesse culturelle et de l’histoire de la ville. Dès que l’on approche, la magnificence de l’édifice frappe immédiatement, tant par son architecture audacieuse que par ses décorations élaborées. Construit avec un savoir-faire ancestral, le palais arbore une façade richement sculptée où se mêlent motifs traditionnels et touches contemporaines, témoignant d’une longue tradition d’orfèvrerie architecturale. Les murs, magnifiquement décorés, se parent de fresques et de bas-reliefs qui racontent des légendes et évoquent des symboles sacrés, tandis que des colonnes robustes et finement ciselées soutiennent des arches majestueuses qui laissent deviner l’importance du pouvoir royal.

Des sculptures imposantes, notamment d’immenses têtes de lions qui semblent veiller en permanence, ornent l’entrée et les façades, symbolisant à la fois la force, la protection et la souveraineté du souverain. Ces représentations artistiques ne sont pas de simples ornements ; elles incarnent le lien profond entre le pouvoir terrestre et les forces mystiques, rappelant que le palais n’est pas seulement un lieu de résidence, mais aussi un espace sacré dédié aux rites et aux cérémonies ancestrales. En franchissant les portes, on pénètre dans un vaste espace où se mêlent traditions et modernité. Les intérieurs, tout en conservant la sobriété nécessaire aux cérémonies officielles, dévoilent des détails minutieux – objets rituels, inscriptions symboliques et décorations travaillées – qui témoignent de l’excellence artisanale locale et de l’attachement aux croyances vaudoues.

Chaque recoin du palais semble raconter une histoire, qu’il s’agisse des ornements qui ornent les murs ou des espaces dédiés aux rassemblements et aux parades royales. Le palais royal de Savalou incarne ainsi l’âme même de la ville, un lieu où le passé et le présent se rejoignent pour offrir un spectacle visuel et spirituel d’une rare intensité. La beauté excentrique de son architecture, alliée à la richesse des décorations, fait de ce palais un véritable joyau, symbole de pouvoir et de tradition, et un témoignage vivant de l’héritage culturel qui continue d’influencer la vie quotidienne de ses habitants.

Au fil de notre exploration de Savalou, nous réalisons que cette abondance décorative n’est pas confinée aux seuls édifices officiels. Dans les ruelles et sur les places, les murs racontent, par leurs dessins et inscriptions, l’histoire d’un peuple qui a toujours su marier le sacré et le quotidien. Les statues et ornements disséminés ici et là sont autant de rappels de la continuité des rites et des croyances qui font la fierté de la ville. Cette immersion dans un univers où chaque détail artistique participe d’un récit collectif nous laisse un sentiment profond d’émerveillement et de connexion avec une culture vibrante et ancestrale.

Certains noms résonnent comme des échos puissants du passé et témoignent de la richesse de l’héritage culturel local. Ainsi, Azaka, Ninhossou et Tonouglan se révèlent être bien plus que de simples appellations : ils incarnent des symboles chargés de sens, liés aux rites, aux légendes et aux traditions ancestrales qui traversent les générations.

Azaka évoque pour beaucoup la générosité des terres et la force de la nature. Ce nom est souvent associé aux rites agricoles et aux cérémonies de fertilité, où l’on rend hommage aux éléments essentiels à la prospérité des récoltes. Invoquer Azaka, c’est ainsi célébrer le cycle de la vie et exprimer sa gratitude envers la terre nourricière qui soutient la communauté.

Ninhossou, quant à lui, semble porter en lui le mystère et la solennité des esprits protecteurs. Lié à des légendes locales, ce nom est parfois invoqué lors des rituels destinés à assurer la sécurité et l’équilibre de la communauté. Les anciens racontent que Ninhossou veille sur le village, garantissant une harmonie entre l’homme et l’univers, et que sa présence se fait sentir dans les offrandes et les cérémonies où la dévotion se mêle à la tradition orale.

Tonouglan incarne la grandeur des traditions rituelles et la force du patrimoine immatériel. Ce nom apparaît souvent dans le contexte des cérémonies marquant les passages importants de la vie, qu’il s’agisse de rites initiatiques, de célébrations festives ou de moments de recueillement. Tonouglan symbolise ainsi le lien indéfectible entre les générations, le souvenir des ancêtres et l’engagement à perpétuer des pratiques ancestrales qui définissent l’identité du peuple béninois.

Ces trois noms, que l’on retrouve dans les chants, les danses, et même dans l’architecture décorative des lieux de culte, participent d’un dialogue vivant entre passé et présent. Leur évocation lors des rituels rappelle combien chaque geste, chaque incantation, et chaque objet cérémoniel est porteur d’une histoire riche et complexe. En les intégrant dans leur quotidien, les habitants ne font pas que préserver un héritage culturel ; ils le réinventent et le transmettent, assurant ainsi la pérennité d’une identité unique et vibrante.

Dassa-Zoumé

À mesure que nous approchons de Dassa-Zoumé, le paysage se transforme, et des affleurements rocheux imposants commencent à apparaître, parés de majestueux baobabs. Nous entrons dans le territoire du royaume d’Ifita, un espace vallonné habité par les Idaca et les Mahi. Le long de la Route Nationale 2, depuis Bohicon, la route est bordée d’étals variés où l’on peut voir des piles de bois, de grandes feuilles de teck, des sachets remplis de *gari* et de tapioca, et même de la viande de biche provenant des forêts proches. Tout cela nous rappelle combien la nature environnante reste omniprésente et généreuse.

LA COLLINE AUX PRINCES

Ce matin, nous décidons de visiter Dassa-Zoumè. Nous contactons Benoît, un guide local qui travaille avec des tours opérateurs internationaux. Il vient nous chercher directement à notre hôtel, le Jeco Hôtel, et nous partons à pied à la découverte de la colline de la Roche Fendue, aussi appelée colline aux Princes.

Nous débutons l’ascension par un escalier qui facilite les premiers pas. Rapidement, nous traversons un village où l’animation matinale est bien présente. Les femmes, déjà à l’œuvre, préparent le repas. Certaines trient le maïs, d’autres mélangent des sauces sur le feu, et les foyers dégagent une agréable odeur d’épices. Leurs gestes précis témoignent d’un savoir-faire ancestral, et nous nous arrêtons un instant pour observer cette scène de vie quotidienne.

Benoît nous mène ensuite à différents points de vénération. Nous découvrons des fétiches dédiés aux jumeaux, figures centrales dans les croyances locales. Dans la culture du Bénin et plus largement dans la tradition vaudou, les jumeaux, appelés « Venavi » dans certaines régions, sont considérés comme des êtres sacrés. On les perçoit comme une bénédiction, mais aussi comme des êtres puissants qu’il faut honorer et protéger pour éviter tout déséquilibre spirituel. Lorsqu’un jumeau décède, il est sculpté dans du bois sous la forme d’une statuette que la famille garde précieusement et nourrit rituellement, maintenant ainsi le lien avec l’âme de l’enfant disparu.

En découvrant ces lieux, nous pensons à nos propres enfants, Margot et Bastien, eux-mêmes jumeaux. Nous partageons cette pensée avec Benoît, qui nous explique qu’ici, ils seraient entourés de respect et de bienveillance, considérés comme porteurs d’une énergie particulière. Ce lien que nous ressentons avec la culture locale rend la visite encore plus émouvante.

Nous pénétrons ensuite dans une petite pièce cachée où sont stockés les crânes des animaux sacrifiés. L’endroit est empreint d’une atmosphère solennelle, presque mystique. Chaque crâne témoigne d’un rituel, d’une demande adressée aux esprits, d’un vœu exaucé. Nous écoutons en silence les explications de notre guide, captivés par ces traditions encore bien vivantes.

Alors que nous poursuivons notre marche, Benoît nous informe que nous devons accélérer le pas. Le roi est en route pour célébrer une cérémonie sur ces lieux, et nous ne pouvons rester trop longtemps. Nous sommes néanmoins autorisés à continuer, à condition d’être rapides et discrets. L’idée d’assister, même indirectement, aux préparatifs d’un tel événement nous emplit d’une certaine excitation.

Nous grimpons jusqu’au point où se déroule l’intronisation des rois. L’effort se fait sentir, mais nous sommes motivés par l’histoire de ces lieux. Benoît nous explique que les familles régnantes sont issues de la lignée Idjéhoun-Eyo, venue du Nigeria il y a plusieurs siècles. L’intronisation des rois se fait ici, selon des rites immuables où chaque geste a une signification profonde.

Au sommet, la vue est à couper le souffle. D’un côté, la ville de Dassa-Zoumè s’étend sous nos yeux, et de l’autre, nous découvrons un panorama sur des palmeraies et des teckeraies à perte de vue. Nous nous arrêtons un instant pour savourer ce moment, admirant le contraste entre la ville et cette nature luxuriante.

En explorant le plateau rocheux, nous remarquons des sortes de vasques creusées dans la pierre. Intrigués, nous demandons à Benoît ce qu’elles représentent. Il nous explique qu’il s’agit en réalité d’anciennes meules, des pierres de broyage utilisées autrefois par les femmes du village montagnard. Elles y venaient pour écraser leurs céréales, transformant le mil et le maïs en farine. Contrairement aux mortiers et pilons que nous avons déjà vus ailleurs, ici le broyage se faisait à la force du poignet, en maniant des pierres rondes contre la surface rocheuse creusée par l’usage répété. Nous essayons d’imaginer ces scènes du passé, le mouvement circulaire des pierres contre la roche, les conversations animées, la patience et l’endurance nécessaires pour accomplir cette tâche essentielle.

Nous amorçons ensuite la descente, enrichis par cette expérience. Cette excursion ne fut pas seulement une randonnée, mais une plongée dans l’histoire et les traditions de Dassa-Zoumè, une rencontre avec un passé toujours vivant à travers les rites, les croyances et le mode de vie des habitants. En quittant la colline, nous avons l’impression d’avoir touché du doigt une part essentielle de l’âme de ce lieu.

LA GROTTE ARIGBO ET LE SANCTUAIRE MARIAL

En bas de la colline, un lieu tout aussi fascinant nous attend : la grotte d’Arigbo, devenue un sanctuaire marial depuis l’apparition de la Vierge. Chaque année, aux alentours du 15 août, cette grotte accueille des milliers de pèlerins venus de toute la sous-région. Nous découvrons aussi la basilique, bâtie devant la grotte en 2002, simple mais empreinte d’une atmosphère particulière.

La ville de Dassa-Zoumé est entourée de collines mystérieuses, dont le nombre symbolique de 41 porte une signification religieuse profonde. Ces massifs rocheux donnent au paysage une forme unique dans cette région habituellement plus plate. Nous en explorons une, la colline des Princes, qui se trouve derrière le marché, près du palais royal. Ici, les lieux sacrés sont omniprésents, et nous nous assurons d’être accompagnés pour ne pas perturber cet espace vaudou, dédié aux cérémonies rituelles et funéraires. Un habitant nous explique que lors des funérailles, les corps sont portés au sommet de la colline avant d’être enterrés dans la forêt sacrée.

Nous visitons ensuite le palais royal, un édifice accroché à flanc de colline, non loin de la Maison du Peuple. C’est ici que réside le roi Egbakotan II. La salle du trône est dépouillée mais impressionnante. Nous nous asseyons sur une natte, face au roi, qui trône sur un siège sculpté en lions, assis sur une peau de léopard et les pieds posés sur une peau de biche. Le protocole est rigoureux : nous retirons chaussures et chapeaux avant d’entrer, en signe de respect. L’audience se déroule dans le respect des coutumes, et nous repartons avec une admiration renouvelée pour ces traditions et ce patrimoine préservés au cœur du Bénin.

 

LES LIENS VERS LES PHOTOS de Dassa-Zoumé et  environs

J 941 LA DIVINITE VAUDOUE DE DANKOLI – SAVALOU – REGION COLLINES BENIN

J 941 Savalou : La Ville des Rites Vaudous et du Palais Royal Excentrique – REGION COLLINES BENIN

VIDEOS sur Dassa-Zoumé et  environs

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