Griffe de sorcière Carpobrotus edulis
Sur la magnifique plage de Rmod, à Al Hoceima, au MAROC en ce mois de janvier baigné par la douceur hivernale du climat méditerranéen, nous avons croisé une plante intrigante, éclatante de couleur : Carpobrotus edulis.
Une identité multiple
Connue sous de nombreux noms en français tels que Croc de sorcière, Griffe de sorcière, Doigt de fée, ou encore Ficoïde comestible, cette plante grasse appartient à la famille des Aizoaceae. Originaire d’Afrique du Sud, elle a voyagé bien loin de ses terres natales, introduite au début du XXe siècle en Europe et en Amérique, principalement pour orner les jardins ou stabiliser les sols des zones sensibles à l’érosion. Mais aujourd’hui, son caractère envahissant la rend problématique dans plusieurs régions au climat méditerranéen.
Morphologie fascinante
Cette plante rampante déploie un feuillage distinctif : ses feuilles charnues, opposées et en section triangulaire, rappellent des griffes. Longues de 8 à 11 cm et épaisses de 8 à 13 mm, elles passent subtilement du vert éclatant au rouge, comme une peinture vivante changeant avec les saisons.
Les fleurs, quant à elles, sont de véritables joyaux. D’un diamètre impressionnant de 5 à 12 cm, elles exhibent de nombreux pétales linéaires et vibrants. Si leur couleur est généralement jaune pâle, à Rmod, elles se parent d’un rose magenta éclatant, illuminant le sable environnant comme une explosion de lumière.
Un fruit qui surprend
Au-delà de ses charmes visuels, Carpobrotus edulis est également comestible. Son fruit charnu, surnommé « figue des Hottentots », contient entre 1 000 et 1 800 petites graines de 1 mm enveloppées dans un mucilage doux. C’est un mets apprécié dans certaines cultures, ajoutant une note gourmande à cette plante déjà fascinante.
Un destin envahissant
Bien qu’elle enchante par sa beauté et ses usages, cette plante n’est pas sans controverse. Là où elle s’installe, Carpobrotus edulis domine les espèces locales, étouffant parfois la biodiversité des écosystèmes côtiers. Elle est devenue un exemple frappant des espèces invasives dans les régions méditerranéennes, où elle trouve des conditions idéales pour prospérer.
Rencontre avec une ambassadrice des littoraux
Observer cette plante à Rmod, entre sable et vagues, c’est se rappeler le fragile équilibre entre la beauté et l’impact écologique. Carpobrotus edulis est à la fois une merveille pour les yeux et un défi pour les écosystèmes qu’elle colonise. Mais en ce jour de janvier, elle nous a avant tout offert un spectacle floral d’une rare intensité, comme un clin d’œil au pouvoir de la nature de transformer chaque coin de terre en tableau vivant.