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Les falaises de Kaunos et ses tombeaux rupestres TURQUIE +

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Nous approchons des falaises de Kaunos en barque, glissant sur les eaux opaques du Dalyan où se reflètent des nuées de hérons cendrés. Soudain, les parois calcaires se déchirent, révélant les tombeaux lyciens – une procession de temples miniatures taillés à même le roc, suspendus entre ciel et fleuve comme des balcons pour l’éternité. Ces sépultures du IVe siècle av. J.-C., ciselées par les Caro-Lyciens, mêlent l’audace anatolienne à la rigueur hellénique : colonnes ioniques cannelées, frontons triangulaires ornés de palmettes, et des naiskoi (chapelles funéraires) où les défunts devaient dialoguer avec les dieux.

Notre rameur, un pêcheur au visage buriné par les miroitements du fleuve, désigne la plus haute tombe : « Celle du roi Kaunos, dit la légende. Il aurait fait sculpter son visage pour surveiller sa sœur-amante enterrée en face… » En réalité, les archéologues y voient des dynastes locaux, mais le mythe persiste, plus tenace que les inscriptions effacées.

À mesure que nous accostons, les détails surgissent : des escaliers en zigzag creusés dans la falaise mènent aux chambres funéraires. Les linteaux portent des traces de crampons en bronze qui fixaient jadis des plaques de marbre – disparues, volées pour construire les bains romains de l’antique Kaunos, visible plus bas. Une niche abrite un relief d’Héraclès fatigué, sa massue posée contre un pilier, volute d’humour dans ce sanctuaire de pierre.

En grimpant jusqu’à la tombe aux Lions, nous découvrons un chef-d’œuvre d’ingénierie funéraire. Le fronton, soutenu par deux fauves stylisés, protège une façade de 8 mètres de haut. À l’intérieur, les parois striées de coups de pic révèlent la méthode des artisans : ils travaillaient en descendant, accrochés à des cordes, creusant d’abord le plafond pour éviter les éboulements. Un graffiti phénicien sur un mur latéral – « Ici repose Mopsos, marchand de pourpre » – témoigne des échanges méditerranéens.

Depuis les hauteurs, le regard embrasse les ruines de Kaunos : son théâtre grec de 5 000 places adossé à une colline, les gradins orientés vers l’acropole pour que les spectateurs contemplent à la fois les pièces et le coucher de soleil. Plus loin, l’agora aux colonnes brisées semble flotter sur un tapis de coquelicots, tandis que les thermes romains exhibent leurs hypocaustes envahis de lézards ocellés. Un berger nous interpelle, brandissant une lampe à huile intacte : « Trouvée dans une tombe oubliée ! Les morts éclairaient-ils leur chemin vers l’au-delà ? »

De retour sur le fleuve, alors que la lumière rasante transforme les tombeaux en lanternes dorées, nous comprenons le génie des Lyciens : leurs morts ne reposent pas sous terre, mais dans le paysage, devenus gardiens immobiles des méandres et des roseaux. Les façades, jadis peintes de rouge cinabre et de bleu égyptien, ne sont plus que l’écrin pâli d’une promesse – celle que la beauté, même funèbre, peut défier le temps mieux que les empires.

LES BAINS DE BOUES DE DALYAN

Nous nous dirigeons vers les bains de boue après avoir quitté les falaises de Kaunos, suivant un chemin de terre ocre qui serpente entre les roseaux géants du delta de Dalyan. Une odeur sulfureuse, âcre et vivante, nous guide avant même d’apercevoir les bassins fumants, où une foule bigarrée s’enduit de limon gris-argenté comme autant de statues antiques ressuscitées. Ces mares thermales, alimentées par des sources souterraines à 38°C, bouillonnent depuis des millénaires au pied du mont Ölemez, leur vase riche en magnésium et en radium attirant autant les curistes que les pélicans en quête de poissons engourdis.

En enfilant nos maillots, nous pataugeons dans une boue tiède et onctueuse, dont la texture évoque un mélange de miel et de cendre. Des bulles gazeuses éclatent en surface, libérant des effluves de terre mouillée et de soufre – un parfum primitif que les Caréens, peuplade préhellénique, associaient aux larmes pétrifiées de Cybèle, déesse-mère anatolienne. Un vieil homme au torse couvert de motifs tribaux nous tend un seau en bois : « Étalez en couche épaisse, conseille-t-il. Les Romains y soignaient leurs blessures de guerre… Moi, c’est pour mes rhumatismes ! »

Autour de nous, le rituel suit un ballet immuable : on s’enduit, on pose sous le soleil brûlant jusqu’à ce que la croûte se gerce, puis on plonge dans les bassins d’eau claire pour révéler une peau satinée. Des enfants rient en modelant des sculptures éphémères – un sphinx, un bateau, un visage aux traits effacés. Plus loin, des femmes appliquent des masques d’argile pure sur leur visage, perpétuant une tradition qui mêle les recettes byzantines aux secrets de beauté de Cléopâtre, venue ici selon la légende.

Le site, bien que naturel, porte les stigmates de l’histoire. Des fragments de colonnes ioniques gisent au bord des bassins, vestiges d’un nymphée romain détruit par un séisme. Un panneau à moitié rouillé rappelle qu’en 1923, Atatürk lui-même aurait pris un bain de boue ici pour soulager ses douleurs, entouré de gardes impassibles. « Les Anglais, pendant la Première Guerre mondiale, volaient la boue pour leurs tranchées, raconte une guérisseuse locale en vendant des sachets d’herbes. Ils croyaient qu’elle arrêtait les hémorragies… Et ils avaient raison ! »

Alors que le soleil zénithal durcit notre enveloppe de limon, nous observons le paysage alentour. Des canaux creusés par les Lyciens serpentent entre les bassins, témoins d’un système hydraulique ingénieux qui régulait les flux thermaux. Sur une butte voisine, les ruines d’un hamam seldjoukide émergent des herbes folles, ses coupoles effondrées laissant passer des lianes de glycine. Un aigle pêcheur plane au-dessus des eaux, son refort mêlé à nos silhouettes pétrifiées – comme si le temps lui-même se dissolvait dans cette boue originelle.

En nous rinçant dans le Dalyan, dont les eaux froides contrastent avec la tiédeur minérale, nous comprenons pourquoi ce lieu survit aux modes : ici, le soin du corps et l’histoire s’enlacent comme les racines des platanes centenaires qui ombragent les berges. La boue de Dalyan n’est pas une curiosité, mais un palimpseste vivant où chaque couche garde la mémoire des légionnaires, des sultanes et des pêcheurs, tous unis par le même désir – puiser à la terre une force qui défie les âges.

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