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Moabi Baillonella toxisperma +

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MOABI

Lors de notre exploration du parc de la Méfou, au cœur des forêts tropicales du Cameroun, nous avons été émerveillés par la présence majestueuse du moabi (Baillonella toxisperma), un arbre emblématique et véritable pilier de ces écosystèmes. Unique représentant de son genre, le moabi appartient à la famille des Sapotaceae et pousse exclusivement dans les forêts humides d’Afrique, entre le Nigeria et la République démocratique du Congo.

Le moabi est l’un des plus grands arbres des forêts denses d’Afrique centrale. Il peut atteindre 70 mètres de hauteur et un diamètre de 4 à 5 mètres. Son tronc droit, légèrement évasé à la base, s’élève sans branches sur plusieurs dizaines de mètres, couvert d’une écorce brun-rouge à gris foncé, avant de s’épanouir en une large cime en parasol dominant la canopée. Il pousse lentement : il lui faut environ 600 ans pour atteindre 60 mètres et 260 ans pour atteindre un mètre de diamètre. Sa longévité est impressionnante, certains spécimens pouvant vivre jusqu’à 700 ans.

Le moabi joue un rôle crucial dans la biodiversité de la forêt. Ses gros fruits, d’environ 20 cm de diamètre, sont appréciés de nombreux animaux, notamment les éléphants, les chimpanzés, les potamochères et le rat géant d’Emin, qui participent à la dissémination de ses graines. L’arbre se régénère difficilement, car il ne devient mature qu’à partir de 50 ans et ne fructifie qu’une fois tous les trois ans. Ses plantules nécessitent une exposition à la lumière, rare dans les forêts denses.

Pour les communautés locales – en particulier les Bantous et les Pygmées Baka – le moabi représente bien plus qu’un simple arbre. Il est un repère en forêt, un symbole culturel et une ressource vitale. Les Bakas l’utilisent dans des rituels traditionnels, comme la cérémonie yeyi, où une potion faite à base d’écorce est censée rendre invisible aux yeux des animaux.

En médecine traditionnelle, l’écorce et les racines du moabi sont utilisées pour traiter de nombreuses affections. Une enquête ethnobotanique a recensé 50 usages médicinaux différents attribués à cette espèce.

Son bois, prisé pour sa qualité et sa durabilité, est exploité commercialement, notamment au Cameroun, au Gabon, en Guinée équatoriale et en République du Congo. Il est exporté en grande quantité : au Gabon, les exportations sont passées de 26 000 m³ en 1996 à près de 40 000 m³ en 1998. Toutefois, malgré cette importance, le moabi ne représente qu’une fraction des revenus forestiers globaux du pays.

Mais c’est surtout pour ses fruits que l’arbre se révèle précieux sur le long terme. L’amande contenue dans le fruit, toxique crue, produit une huile riche en acide palmitique après traitement. Cette huile est utilisée en cuisine, en cosmétique (similaire au beurre de karité) et constitue une source de revenus importante, surtout dans un contexte de forte demande. En moyenne, un arbre peut produire jusqu’à 150 litres d’huile tous les trois ans, assurant une rente régulière supérieure à celle obtenue par la vente de son bois.

Classé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le moabi est menacé par la déforestation et la surexploitation, tant pour son bois que pour ses fruits. La régénération naturelle est lente, et les arbres adultes sont très dispersés dans la forêt (en moyenne un arbre adulte pour 20 hectares). Dans certaines zones, l’espèce a même disparu.

Une étude menée dans les années 1980 alertait déjà sur les dangers d’une exploitation trop précoce, compromettant la reproduction naturelle : un arbre est souvent abattu dès 100 cm de diamètre, alors qu’il commence à fructifier vers 70 cm seulement. Il faut près de 150 ans pour reconstituer une population équivalente à celle prélevée.

Heureusement, des initiatives locales et internationales émergent pour promouvoir une gestion durable, valorisant notamment la production d’huile comme alternative économique à la coupe. Au Gabon, certaines études laissent penser qu’une exploitation responsable est encore possible, si elle est bien encadrée.

Observer un moabi dans son environnement naturel est une expérience inoubliable, un puissant rappel de la richesse de nos forêts tropicales et de la nécessité de préserver ces géants végétaux pour les générations futures.

 

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