Nagda, la première capitale oubliée du Mewar INDE +

Après notre plongée spirituelle à Eklingji, nous reprenons la route, à peine quelques kilomètres plus loin, pour découvrir un site plus discret, mais tout aussi fascinant : Nagda.
Perdu dans un paysage de collines ocre et de petits lacs miroitants, Nagda est un site archéologique ancien, chargé d’histoire et de mysticisme. Loin de la foule des grands sites touristiques, l’endroit offre une ambiance paisible, presque contemplative, idéale pour une halte hors du temps.
Ancienne capitale du royaume de Mewar avant Udaipur, Nagda fut fondée dès le VIe siècle par le roi Nagaditya. Si la cité n’a pas résisté aux ravages du temps, elle conserve pourtant quelques trésors architecturaux majeurs, notamment les temples jumeaux de Saas-Bahu (la belle-mère et la belle-fille), construits aux XIe et XIIe siècles.
Nous descendons de voiture sur un petit chemin de terre bordé de tamaris. Le silence est ponctué par le chant des oiseaux. Et soudain, ils apparaissent : deux temples en ruine, surgissant du sol comme deux géants endormis, sculptés avec une finesse exceptionnelle. Malgré les siècles d’érosion, les détails des frises, les dieux en relief, les apsaras dansantes et les scènes du Mahabharata sont encore clairement visibles.
Le temple de Saas, plus ancien, est dédié à Vishnou. Il offre une riche ornementation sur ses piliers et sa façade. Celui de Bahu, bien que plus petit, est lui aussi finement sculpté, avec une architecture légèrement différente. Les deux temples se font face, dans un dialogue de pierre et de foi.
Nous nous promenons entre les colonnes, découvrant des coins ombragés, des niches cachées où reposent encore quelques statues énigmatiques. Tout autour, les eaux calmes du petit lac Nagda reflètent les ruines et les palmiers, ajoutant à l’harmonie du lieu.
Un vieil homme en turban, gardien silencieux du site, nous raconte à demi-voix que le lieu était autrefois entouré de plus de cent temples, dont il ne reste que des vestiges enfouis sous la végétation.
Alors que nous poursuivons notre déambulation autour des temples jumeaux de Saas-Bahu, nos regards sont soudain attirés par une série de bas-reliefs plus suggestifs, finement intégrés à l’ensemble des décorations. Ici, une nymphe au torse dénudé s’étire avec grâce sous une guirlande de fleurs. Là, un couple enlacé se tient dans une posture d’intimité évidente, leurs gestes empreints de douceur et de sensualité.
Ces scènes érotiques, loin d’être vulgaires ou provocantes, sont au contraire subtiles et symboliques. Elles s’inscrivent dans une tradition millénaire de l’art indien, où le plaisir, le désir et la connexion charnelle ne sont pas tabous, mais considérés comme une voie d’accès au divin, au même titre que la méditation ou la dévotion. Les sculpteurs médiévaux, influencés par la philosophie tantrique, n’hésitaient pas à représenter ces instants d’union sacrée, dans une esthétique raffinée, pour rappeler l’harmonie entre le corps et l’esprit.
Nous observons ainsi, presque cachés dans un angle de pilier ou sur un linteau discret, des scènes d’amour, parfois audacieuses, parfois tendres, mais toujours sculptées avec une minutie remarquable : les bras entrelacés, les jambes nouées, les regards figés dans la pierre, les chevelures ondoyantes.
Ces représentations ne sont pas spécifiques à Nagda — on les retrouve aussi dans les temples de Khajuraho ou de Konarak — mais ici, elles prennent une dimension plus intime et mystérieuse, car elles semblent presque oubliées, épargnées par les grandes foules, offertes à ceux qui prennent le temps d’observer. Elles témoignent d’un moment de liberté artistique et spirituelle, où l’Inde ancienne célébrait la vie dans toutes ses dimensions : le sacré, le quotidien, et l’amour.
Un guide local, enroulant son turban coloré autour de sa tête, nous glisse avec un sourire complice :
« Le temple est comme le corps humain… à la base, il y a les passions ; au centre, les émotions ; et au sommet, la spiritualité. Les sculpteurs racontaient cette ascension, pierre après pierre. »
Nous restons un moment silencieux, devant ce pan du mur où les figures semblent encore palpiter. Ces sculptures, loin d’être des ornements décoratifs, nous invitent à une réflexion profonde sur l’harmonie des sens et de l’âme, sur le regard que les civilisations passées posaient sur l’amour et le plaisir — non pas comme des péchés, mais comme des forces de vie essentielles.
Loin des circuits classiques, Nagda nous a touchés par sa simplicité et son authenticité. C’est un lieu d’échos, de murmures anciens, où l’on sent encore vibrer l’âme de l’Inde millénaire. Un dernier regard sur les temples baignés de lumière dorée, et nous reprenons la route, le cœur empli de beauté, vers d’autres merveilles du Rajasthan.
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