Orchhâ, la cité figée dans la gloire du passé INDE +

Jahangir Mahal , le palais des alliances royales
Raja Mahal, le palais des fresques oubliées
Après la visite du Jahangir Mahal, nous poursuivons notre exploration d’Orchhâ par le Raja Mahal, le palais du roi. Moins spectaculaire au premier regard, il dégage pourtant une aura plus ancienne, plus intérieure, presque mystique. Édifié au milieu du XVIe siècle par le roi Madhukar Shah, souverain Bundela, il fut la première résidence royale d’Orchhâ, bien avant la construction du somptueux palais destiné à accueillir l’empereur moghol Jahangir. Le Raja Mahal n’avait pas vocation à impressionner, mais à gouverner et à méditer.
Datia, le petit Vrindavan aux mille sanctuaires
Nous quittons Orchhâ en direction de Gwalior, traversant les plaines ondulantes du Madhya Pradesh, lorsque nous faisons halte à Datia, une cité méconnue mais profondément marquée par la ferveur religieuse et l’histoire. Cette ville ancienne, souvent surnommée « Laghu Vrindavan », le petit Vrindavan, étonne dès notre arrivée par son atmosphère mystique, presque suspendue, avec ses innombrables temples qui émergent ici et là, entre les maisons, les ghats et les collines. Tout semble baigner dans une forme de dévotion silencieuse.
Le lieu le plus emblématique de cette spiritualité est sans doute le Pitambara Peeth, sanctuaire dédié à Baglamukhi Devi, l’une des dix Mahavidyas du tantrisme hindou, déesse de la puissance, de la protection et du silence victorieux. Dès que nous pénétrons dans le complexe, une intensité palpable nous enveloppe. Des sadhus méditent, des fidèles récitent des mantras, des guirlandes de fleurs se balancent au rythme du vent. Le sanctuaire est particulièrement fréquenté lors des fêtes de Navratri, où les fidèles viennent invoquer la déesse pour la victoire sur les épreuves et les ennemis. Le temple est aussi un centre tantrique actif, attirant des initiés de toute l’Inde. Il ne s’agit pas d’un simple lieu de culte : c’est une puissance vivante que l’on vient approcher, ressentir, parfois même redouter.
Mais Datia ne se résume pas à sa dimension spirituelle. Elle possède aussi un trésor architectural que peu de voyageurs prennent le temps de découvrir : le palais de Bir Singh Deo. Ce chef-d’œuvre construit en 1614, en l’honneur de l’empereur Jahangir, est un joyau de l’architecture rajpoute-moghole, pourtant presque ignoré des circuits touristiques classiques. Ce qui le rend unique, c’est sa construction intégrale en pierre et brique, sans aucun recours au bois ni au métal.
Le palais se dresse comme un mirage sur une colline, ses sept étages visibles dominant la ville, et selon la légende, sept autres souterrains enfouis sous terre. Les couloirs sont silencieux, les escaliers abrupts, les terrasses offrent des vues infinies sur les campagnes environnantes. Ici, pas de marbre, mais une noblesse brute, presque brute de carrière. On raconte que l’architecte Edwin Lutyens, en découvrant ce palais, s’en serait inspiré pour certains éléments du plan de New Delhi.
En nous promenant à travers la ville, nous découvrons de nombreux temples anciens, tous baignés d’une ferveur discrète mais tenace. Le Dhumavati Temple, dédié à une forme sombre et féroce de la déesse, attire une dévotion plus marginale, plus ésotérique. C’est un lieu de prières puissantes, où l’on vient chercher la vérité dans le dépouillement, voire l’épreuve. Non loin de là, le Vankhandeshwar Temple, dédié à Shiva, passe pour être l’un des plus anciens de la région, certains affirmant qu’il remonterait à l’époque du Mahabharata. Le lingam qu’on y vénère est considéré comme Swayambhu, c’est-à-dire non façonné par la main de l’homme. Et puis, dans un quartier paisible, nous tombons sur Laghu Vrindavan, un ensemble de petits temples dédiés à Krishna, rappelant par leurs fresques et leur disposition les scènes pastorales de la grande Vrindavan du nord.
À treize kilomètres seulement, nous faisons un dernier détour par Sonagir, littéralement « la colline d’or ». Cette colline sacrée jaïne est recouverte de plus de cent temples blancs, éparpillés sur les pentes comme un collier de perles immaculées. Le lieu, silencieux, baigné d’une lumière presque irréelle, attire chaque année des milliers de pèlerins, marchant pieds nus sur les sentiers escarpés jusqu’au sommet, où se dresse le temple principal. Les vœux y sont formulés en silence, les prières soufflées au vent.
En quittant Datia, nous gardons le sentiment d’avoir traversé une Inde plus secrète, plus profonde. Une Inde des dévotions anciennes, des palais oubliés, des dieux aux visages multiples, où chaque pierre semble porteuse d’un murmure sacré. La route vers Gwalior peut reprendre, mais quelque chose en nous reste suspendu à cette halte inattendue.
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RESTAURANT SHEESH MAHAL
Le soir venu, nous avons réservé une table au restaurant Sheesh Mahal, niché dans l’enceinte même du majestueux palais du même nom, à Orchhâ. Dès notre arrivée, l’atmosphère nous enveloppe d’un charme singulier : le palais, doucement illuminé par des lanternes suspendues et des projecteurs discrets, projette ses ombres et reflets sur les murs de pierre ocre. Un sentiment d’éternité s’installe dès les premiers pas dans la cour intérieure, comme si les siècles s’étaient figés pour accueillir ce moment.
Installés à une table dressée en plein air, sous la voûte étoilée, nous profitons de l’élégance simple du lieu : nappes blanches, vaisselle en cuivre martelé, touches de tissus brodés rappelant l’héritage royal des Bundelas. Autour de nous, quelques voyageurs, des familles indiennes en villégiature, et des serveurs attentifs vêtus de kurtas traditionnelles. L’accueil est chaleureux, sincère, et empreint de cette hospitalité propre au Madhya Pradesh.
Le dîner commence avec une succession de plats régionaux aux parfums envoûtants : sabzi au paneer, dal tadka onctueux, poulet au curry doucement épicé, rotis tout juste sortis du tandoor… Le tout accompagné de lassi maison ou de vin indien discret mais soyeux. Les papilles s’éveillent, les discussions s’attardent, et bientôt la musique se fait entendre.
Un spectacle de danse traditionnelle débute alors, juste devant la cour centrale du palais. Des artistes vêtus de costumes flamboyants – jupes colorées, bracelets sonnants, foulards éclatants – entrent en scène au rythme des tablas et du sitar. Leurs mouvements gracieux racontent des histoires ancestrales, où se mêlent l’amour, la guerre, la nature et le sacré. Les sons, les gestes, les regards complices avec le public créent une magie immédiate, comme un conte que l’on vivrait à la lueur des étoiles.
À la fin du spectacle, les danseuses invitent quelques convives à les rejoindre : rires, applaudissements, émotion. La soirée s’achève lentement, dans une quiétude imprégnée de beauté et de raffinement, sous le regard silencieux des murailles du Sheesh Mahal.
Dîner à Sheesh Mahal, c’est vivre Orchhâ autrement : par les sens, par l’art, par cette douceur nocturne que seul un lieu chargé d’histoire peut offrir.
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RESTAURANT SHEESH MAHAL ORCCHA INDE
Jahangir Mahal , le palais des alliances royales ORCCHA
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