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Orchhâ, la cité figée dans la gloire du passé INDE +

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Nous quittons les terres sculptées de Khajuraho pour rejoindre la cité oubliée d’Orchhâ, nichée à quelque 180 kilomètres au nord-ouest, dans le Madhya Pradesh rural et paisible. La route est une immersion en soi. Nous traversons des villages endormis, des champs de blé ondoyant sous la brise, et des bosquets où paissent des buffles et des vaches sacrées. Les scènes de la vie quotidienne s’égrènent avec lenteur : des femmes en saris chatoyants qui dessinent des rangolis devant leur porte, des enfants qui courent pieds nus derrière les vélos, des charrettes tirées par des bœufs et des tracteurs colorés ornés de guirlandes de fleurs. Tout ici respire l’authenticité d’une Inde rurale non pressée.

Peu à peu, les collines s’aplanissent, la rivière Betwa scintille à l’horizon, et les premières silhouettes des palais crénelés d’Orchhâ se dessinent sur les hauteurs. L’arrivée est spectaculaire. Perchée sur un promontoire rocheux, la cité fantôme des Bundela semble surgir d’un conte ancien, figée dans une lumière dorée, avec ses dômes, ses temples et ses chhatris se découpant fièrement dans le ciel.

Nous posons nos bagages au Orchha Resort, une agréable retraite installée sur les rives de la Betwa. Dès notre arrivée, un sentiment de sérénité nous enveloppe. Les jardins fleuris s’étendent en terrasses vers la rivière, la piscine bleue miroitante semble appeler à la détente, et notre chambre, sobre et élégante, ouvre sur un petit balcon d’où l’on aperçoit les cénotaphes royaux se mirer dans l’eau. Le contraste entre la simplicité rurale de l’environnement et la grâce discrète du resort crée une harmonie rare.

Après un thé masala sur la terrasse ombragée, nous partons à pied pour une première exploration. Le sentier longe la rivière, et déjà, le charme envoûtant d’Orchhâ commence à opérer. Le vent fait bruisser les palmiers, les cloches des temples résonnent doucement au loin, et les premières arches du Jahangir Mahal se dressent, telles des promesses de splendeur oubliée. La ville ne ressemble à aucune autre : elle est silencieuse mais vibrante, déserte mais habitée de mémoire, petite mais grande d’âme.

Orchhâ ne se visite pas. Elle se ressent. Elle se traverse comme un rêve d’architecte ou une prière ancienne gravée dans la pierre. Notre séjour ne fait que commencer, mais déjà, nous comprenons que cette étape sera l’une des plus poétiques de notre périple indien.

Jahangir Mahal , le palais des alliances royales

Nous gravissons  les marches polies du Jahangir Mahal, et à chaque pas, notre émerveillement grandit devant la minutie de l’architecture indo-islamique qui mêle ici le raffinement moghol aux accents robustes rajpoutes. Les arcs en ogive, profondément galbés, sont incisés de rinceaux floraux inspirés du shāhjahānan, tandis que les chapiteaux corinthiens, échos lointains de l’art gréco-romain, sont ici réinterprétés en lotus stylisés.

Raja Mahal, le palais des fresques oubliées

Après la visite du Jahangir Mahal, nous poursuivons notre exploration d’Orchhâ par le Raja Mahal, le palais du roi. Moins spectaculaire au premier regard, il dégage pourtant une aura plus ancienne, plus intérieure, presque mystique. Édifié au milieu du XVIe siècle par le roi Madhukar Shah, souverain Bundela, il fut la première résidence royale d’Orchhâ, bien avant la construction du somptueux palais destiné à accueillir l’empereur moghol Jahangir. Le Raja Mahal n’avait pas vocation à impressionner, mais à gouverner et à méditer.

Datia, le petit Vrindavan aux mille sanctuaires

Nous quittons Orchhâ en direction de Gwalior, traversant les plaines ondulantes du Madhya Pradesh, lorsque nous faisons halte à Datia, une cité méconnue mais profondément marquée par la ferveur religieuse et l’histoire. Cette ville ancienne, souvent surnommée « Laghu Vrindavan », le petit Vrindavan, étonne dès notre arrivée par son atmosphère mystique, presque suspendue, avec ses innombrables temples qui émergent ici et là, entre les maisons, les ghats et les collines. Tout semble baigner dans une forme de dévotion silencieuse.

Le lieu le plus emblématique de cette spiritualité est sans doute le Pitambara Peeth, sanctuaire dédié à Baglamukhi Devi, l’une des dix Mahavidyas du tantrisme hindou, déesse de la puissance, de la protection et du silence victorieux. Dès que nous pénétrons dans le complexe, une intensité palpable nous enveloppe. Des sadhus méditent, des fidèles récitent des mantras, des guirlandes de fleurs se balancent au rythme du vent. Le sanctuaire est particulièrement fréquenté lors des fêtes de Navratri, où les fidèles viennent invoquer la déesse pour la victoire sur les épreuves et les ennemis. Le temple est aussi un centre tantrique actif, attirant des initiés de toute l’Inde. Il ne s’agit pas d’un simple lieu de culte : c’est une puissance vivante que l’on vient approcher, ressentir, parfois même redouter.

Mais Datia ne se résume pas à sa dimension spirituelle. Elle possède aussi un trésor architectural que peu de voyageurs prennent le temps de découvrir : le palais de Bir Singh Deo. Ce chef-d’œuvre construit en 1614, en l’honneur de l’empereur Jahangir, est un joyau de l’architecture rajpoute-moghole, pourtant presque ignoré des circuits touristiques classiques. Ce qui le rend unique, c’est sa construction intégrale en pierre et brique, sans aucun recours au bois ni au métal.

Le palais se dresse comme un mirage sur une colline, ses sept étages visibles dominant la ville, et selon la légende, sept autres souterrains enfouis sous terre. Les couloirs sont silencieux, les escaliers abrupts, les terrasses offrent des vues infinies sur les campagnes environnantes. Ici, pas de marbre, mais une noblesse brute, presque brute de carrière. On raconte que l’architecte Edwin Lutyens, en découvrant ce palais, s’en serait inspiré pour certains éléments du plan de New Delhi.

En nous promenant à travers la ville, nous découvrons de nombreux temples anciens, tous baignés d’une ferveur discrète mais tenace. Le Dhumavati Temple, dédié à une forme sombre et féroce de la déesse, attire une dévotion plus marginale, plus ésotérique. C’est un lieu de prières puissantes, où l’on vient chercher la vérité dans le dépouillement, voire l’épreuve. Non loin de là, le Vankhandeshwar Temple, dédié à Shiva, passe pour être l’un des plus anciens de la région, certains affirmant qu’il remonterait à l’époque du Mahabharata. Le lingam qu’on y vénère est considéré comme Swayambhu, c’est-à-dire non façonné par la main de l’homme. Et puis, dans un quartier paisible, nous tombons sur Laghu Vrindavan, un ensemble de petits temples dédiés à Krishna, rappelant par leurs fresques et leur disposition les scènes pastorales de la grande Vrindavan du nord.

À treize kilomètres seulement, nous faisons un dernier détour par Sonagir, littéralement « la colline d’or ». Cette colline sacrée jaïne est recouverte de plus de cent temples blancs, éparpillés sur les pentes comme un collier de perles immaculées. Le lieu, silencieux, baigné d’une lumière presque irréelle, attire chaque année des milliers de pèlerins, marchant pieds nus sur les sentiers escarpés jusqu’au sommet, où se dresse le temple principal. Les vœux y sont formulés en silence, les prières soufflées au vent.

En quittant Datia, nous gardons le sentiment d’avoir traversé une Inde plus secrète, plus profonde. Une Inde des dévotions anciennes, des palais oubliés, des dieux aux visages multiples, où chaque pierre semble porteuse d’un murmure sacré. La route vers Gwalior peut reprendre, mais quelque chose en nous reste suspendu à cette halte inattendue.

VIDEOS 

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LA GASTRONOMIE INDIENNE

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RESTAURANT SHEESH MAHAL

Le soir venu, nous avons réservé une table au restaurant Sheesh Mahal, niché dans l’enceinte même du majestueux palais du même nom, à Orchhâ. Dès notre arrivée, l’atmosphère nous enveloppe d’un charme singulier : le palais, doucement illuminé par des lanternes suspendues et des projecteurs discrets, projette ses ombres et reflets sur les murs de pierre ocre. Un sentiment d’éternité s’installe dès les premiers pas dans la cour intérieure, comme si les siècles s’étaient figés pour accueillir ce moment.

Installés à une table dressée en plein air, sous la voûte étoilée, nous profitons de l’élégance simple du lieu : nappes blanches, vaisselle en cuivre martelé, touches de tissus brodés rappelant l’héritage royal des Bundelas. Autour de nous, quelques voyageurs, des familles indiennes en villégiature, et des serveurs attentifs vêtus de kurtas traditionnelles. L’accueil est chaleureux, sincère, et empreint de cette hospitalité propre au Madhya Pradesh.

Le dîner commence avec une succession de plats régionaux aux parfums envoûtants : sabzi au paneer, dal tadka onctueux, poulet au curry doucement épicé, rotis tout juste sortis du tandoor… Le tout accompagné de lassi maison ou de vin indien discret mais soyeux. Les papilles s’éveillent, les discussions s’attardent, et bientôt la musique se fait entendre.

Un spectacle de danse traditionnelle débute alors, juste devant la cour centrale du palais. Des artistes vêtus de costumes flamboyants – jupes colorées, bracelets sonnants, foulards éclatants – entrent en scène au rythme des tablas et du sitar. Leurs mouvements gracieux racontent des histoires ancestrales, où se mêlent l’amour, la guerre, la nature et le sacré. Les sons, les gestes, les regards complices avec le public créent une magie immédiate, comme un conte que l’on vivrait à la lueur des étoiles.

À la fin du spectacle, les danseuses invitent quelques convives à les rejoindre : rires, applaudissements, émotion. La soirée s’achève lentement, dans une quiétude imprégnée de beauté et de raffinement, sous le regard silencieux des murailles du Sheesh Mahal.

Dîner à Sheesh Mahal, c’est vivre Orchhâ autrement : par les sens, par l’art, par cette douceur nocturne que seul un lieu chargé d’histoire peut offrir.

LES LOGEMENTS

ORCCHA RESORT

L’Orchha Resort, véritable havre de paix sur les berges paisibles de la rivière Betwa, s’impose comme une escale privilégiée pour ceux qui cherchent à conjuguer patrimoine et sérénité. Dès l’entrée, l’établissement séduit par sa discrétion élégante : des bâtiments à l’architecture sobre mais respectueuse des codes locaux, des allées bordées de bougainvilliers et d’hibiscus, et partout cette atmosphère de calme que l’on peine à trouver ailleurs dans le Madhya Pradesh.

Mais c’est sans doute sa piscine, posée comme un miroir d’eau au milieu des jardins, qui en constitue le cœur vibrant. Entourée d’un dallage clair et de quelques transats ombragés par des parasols en toile écrue, elle offre une parenthèse rafraîchissante après une journée à déambuler dans les ruelles et palais d’Orchhâ. À certaines heures, seuls les chants des oiseaux et le bruissement des palmes viennent troubler la quiétude du lieu. Nager dans cette piscine, c’est plonger dans une bulle de douceur, avec pour toile de fond les cénotaphes royaux se dessinant à l’horizon, juste de l’autre côté de la rivière.

Le bassin, aux formes rectangulaires classiques, est parfaitement entretenu. L’eau y est claire, agréablement tempérée, et propice à la détente. Autour, quelques pavillons ouverts permettent de lire ou de boire un thé en toute tranquillité. Aux heures dorées du soir, la lumière rase les eaux et le reflet du ciel indien semble se poser directement à la surface, dans une harmonie parfaite entre architecture, nature et silence.

Le personnel, attentif sans être envahissant, propose volontiers des serviettes, des boissons fraîches, et même parfois un en-cas traditionnel à déguster au bord de l’eau. C’est ici que l’on prend pleinement conscience du luxe discret de ce lieu : non pas l’ostentation, mais l’espace, la lenteur, et la beauté simple d’un cadre en parfaite symbiose avec l’environnement.

En résumé, la piscine de l’Orchha Resort n’est pas seulement un équipement de confort ; c’est une expérience à part entière, une oasis dans l’oasis, un écrin d’eau calme où le voyageur peut s’abandonner, entre deux explorations du passé grandiose d’Orchhâ.

LIEN VERS LES PHOTOS 

De Khajuraho à Orccha INDE

RESTAURANT SHEESH MAHAL ORCCHA INDE

Jahangir Mahal , le palais des alliances royales ORCCHA

Raja Mahal, le palais des fresques oubliées

Datia, entre palais oubliés et déesses redoutables

LES LIENS

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