Paphos, berceau d’Aphrodite : Entre légendes et mer turquoise CHYPRE +
PHILIPPE V 29 juin 2005 1
Nous arrivons à Paphos à Chypre en longeant le port, là où les bateaux de pêche tanguent doucement, comme s’ils accompagnaient le rythme ancien de la ville. Les ruelles que nous empruntons ensuite nous mènent lentement vers un passé dont nous ressentons la présence à chaque coin de rue. Ce n’est pas seulement une ville que nous visitons, mais un carrefour d’époques, un lieu où l’histoire affleure partout, jusque dans la texture des murs, le grain des pierres, le parfum des herbes accrochées aux fenêtres.
Paphos est plus qu’une cité balnéaire. Elle fut, dans l’Antiquité, l’un des centres religieux les plus importants du bassin méditerranéen. C’est ici, selon la légende, que la déesse Aphrodite serait née de l’écume des flots, non loin de Petra tou Romiou. Nous nous imaginons les anciens arrivant par bateau, le cœur plein de prières, déposant des offrandes dans les sanctuaires païens. La déesse de l’amour et de la beauté planait sur la ville, invoquée pour bénir les unions, guérir les cœurs blessés, faire prospérer les récoltes et les familles. Les pierres semblent encore retenir son souffle.
Les mosaïques romaines, que nous découvrons dans les villas antiques comme celle de Dionysos ou d’Aion, ne sont pas de simples décorations. Elles sont des récits figés dans le marbre. Elles racontent les passions des dieux, les festins mythologiques, les triomphes et les malédictions. Chaque image est une porte vers un monde sacré, une mémoire collective de mythes transmis de génération en génération. Ces maisons luxueuses appartenaient aux gouverneurs romains, quand Paphos était la capitale de Chypre sous l’Empire. On y célébrait les fêtes en l’honneur de Dionysos, le vin coulait à flot, et les élites faisaient graver leur pouvoir dans la pierre.
Lorsque nous atteignons les tombeaux des Rois, un silence majestueux nous enveloppe. Ces sépultures, creusées dans le roc entre le IIIᵉ siècle avant J.-C. et le IIIᵉ siècle après, n’ont pas accueilli de rois à proprement parler, mais plutôt de riches aristocrates. Pourtant, leur taille, leur structure rappelant des palais souterrains, leur ont valu ce nom. Nous pénétrons dans ces espaces à colonnes doriques, à ciel ouvert, et ressentons la grandeur funèbre qui habitait ces lieux. Un vieux gardien nous raconte qu’on y aurait retrouvé jadis des pièces d’or, des bijoux précieux et même un masque funéraire, mais que certains objets ont disparu, volés ou cachés à jamais dans les galeries inexplorées. Une légende murmure qu’un passage secret relierait ces tombeaux à un ancien temple dédié à Hadès, dieu des morts.
L’église byzantine d’Agios Neophytos, plus en hauteur, nous transporte dans une autre époque. Le moine Neophytos, au XIIᵉ siècle, se serait retiré là dans une grotte pour fuir les tentations du monde. Il y aurait vécu seul, priant, écrivant, peignant. Il grava dans la roche ses méditations, sculpta un tombeau pour lui-même, et laissa derrière lui un monastère encore actif aujourd’hui. En pénétrant dans sa cellule troglodytique, nous lisons les inscriptions laissées par sa main et avons l’étrange impression d’entrer dans un esprit encore vivant. On raconte qu’il avait des visions, qu’il parlait aux anges et que son corps, après sa mort, serait resté intact pendant plusieurs semaines, ce qui renforça sa sainteté.
L’histoire de Paphos ne s’arrête pas aux Byzantins. Elle fut aussi convoitée par les Vénitiens, qui y laissèrent leur empreinte dans l’organisation urbaine, puis par les Ottomans, qui réutilisèrent les anciens bâtiments pour y installer leurs casernes ou leurs caravansérails. Le fort médiéval qui domine le port en garde les marques : reconstruit plusieurs fois, brûlé, restauré, transformé en prison, en poudrière, il est aujourd’hui un témoin silencieux de tous les bouleversements. Les habitants disent qu’à certaines heures du soir, on entendrait encore les chaînes des prisonniers claquer sur les dalles du rez-de-chaussée.
À la fête de l’Aphrodisia, célébrée chaque printemps dans l’Antiquité, on dansait en l’honneur de la déesse, on tressait des couronnes de myrte et de laurier, on lançait des pétales dans la mer pour la remercier. Aujourd’hui encore, certains habitants jettent discrètement une fleur dans les vagues à Petra tou Romiou, perpétuant le geste. D’autres allument une bougie à Agios Neophytos en mémoire d’un proche, mêlant paganisme ancien et foi chrétienne.
Paphos nous apparaît alors comme un palimpseste vivant, où chaque époque s’est écrite sur la précédente sans jamais complètement l’effacer. En traversant ses rues, ses fouilles, ses églises, nous ne faisons pas que visiter un lieu : nous cheminons à travers les récits des dieux, les prières des fidèles, les voix oubliées des puissants et des humbles, toutes unies dans une mémoire qui, ici, ne s’est jamais tue
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