Le Château Karlštejn République Tchèque +

À une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Prague, nous apercevons enfin, perché sur son éperon rocheux, le château de Karlštejn. Il se découpe sur le ciel comme une forteresse sortie d’un conte gothique. Le vent semble y porter encore les échos de prières anciennes et de décisions impériales. Dès l’instant où nous franchissons les premières portes, nous comprenons que ce lieu n’est pas seulement une œuvre architecturale : c’est un monument vivant de l’histoire européenne, un sanctuaire du pouvoir sacré et temporel.
Construit en 1348 sur l’ordre de l’empereur Charles IV, Karlštejn n’était pas destiné à la simple défense ou à la vie quotidienne. Il avait pour mission de protéger les reliques les plus précieuses du Saint-Empire romain germanique, les insignes impériaux et les joyaux de la Couronne de Bohême. Charles IV suivait lui-même les travaux de près, s’entourant des meilleurs bâtisseurs de son époque, comme Vitus de Bítov, probablement conseillé par Mathieu d’Arras, puis relayé par Peter Parler, le génial architecte de la cathédrale Saint-Guy à Prague.
Nous marchons lentement à travers les trois terrasses du château, chacune défendant la suivante, comme autant de cercles sacrés autour d’un trésor. Les bâtiments se succèdent avec une logique stratégique implacable : d’abord la tour du Puits, dissimulant un conduit secret jusqu’au ruisseau Budňanský potok ; puis le palais impérial, élégant et austère à la fois, et enfin l’église du château, dont la chapelle de la Sainte Croix constitue le cœur spirituel du site. Nous pénétrons dans ce sanctuaire silencieux, dont les murs sont tapissés de panneaux peints précieux et de pièces d’orfèvrerie — 129 au total — destinés à encadrer et protéger l’icône miraculeuse de l’Annonce. La lumière y est tamisée, presque surnaturelle, et chaque pas résonne comme une prière oubliée.
Le château a connu bien des épreuves. En 1422, lors de la guerre des Hussites, il est assiégé, et les assaillants utilisent des cadavres d’animaux pour tenter d’infecter les défenseurs. C’est un épisode brutal de guerre biologique avant l’heure, mais une légende rapporte qu’une pluie soudaine, tombée comme une bénédiction, aurait sauvé les assiégés du pire. Plus tard, après la guerre de Trente Ans et le sac de Prague par les Suédois en 1648, Karlštejn tombe peu à peu dans l’oubli, ses trésors déplacés, ses salles désertées. Ce n’est qu’à la fin du XIXᵉ siècle que l’architecte Josef Mocker entreprend une grande restauration, dans un style néo-gothique fidèle mais épuré, redonnant au château la silhouette que nous découvrons aujourd’hui.
Nous gravissons les 284 marches menant à la tour Sud. Là-haut, le souffle un peu court, nous embrassons du regard toute la région de Český kras : la forêt dense, les falaises calcaires, les villages endormis. Le silence n’est troublé que par le cri d’un faucon ou le bruissement des feuilles. L’air y est plus vif, et le passé semble nous envelopper avec une densité rare.
Nous explorons les salles intérieures — la chambre de l’empereur, la salle des Chevaliers, celle des Courtiers — où chaque meuble, chaque tenture semble sorti d’un rêve médiéval. Le château, ouvert au public depuis 1905, accueille chaque année plus de 200 000 visiteurs, et il nous est facile de comprendre pourquoi. Accessible depuis Prague en moins d’une heure de train, il ne reste qu’une vingtaine de minutes de marche à travers le village pour rejoindre ses portes. Les visites guidées, très riches, proposent différents parcours, de la résidence impériale à la chapelle en passant par les fortifications.
Nous apprenons qu’à l’origine, les mineurs de Kutná Hora, chargés de forer un puits à plus de 70 mètres, n’ont jamais trouvé d’eau. Pour sauver leur mission, ils auraient discrètement creusé un tunnel vers un cours d’eau voisin, conservant le secret au sein d’un cercle très restreint. Ce genre de récit alimente la légende du château, tout comme la fête médiévale annuelle qui transforme la cour intérieure en camp retranché du XIVᵉ siècle. Des artisans y martèlent le cuir et le fer, des jongleurs lancent leurs torches sous les yeux d’enfants émerveillés, et des fauconniers font tournoyer leurs oiseaux dans le ciel.
En quittant Karlštejn, un sentiment profond nous accompagne, celui d’avoir touché quelque chose d’intemporel. Dans la pierre noire des remparts, dans les ors pâlis des chapelles, dans les légendes transmises à voix basse, ce château ne cesse de raconter l’histoire de la Bohême, du pouvoir et de la foi. Et nous, simples voyageurs, avons eu le privilège d’en écouter les murmures.
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