Raja Mahal, le palais des fresques oubliées INDE +

Après la visite du Jahangir Mahal, à Orccha nous poursuivons notre exploration d’Orchhâ par le Raja Mahal, le palais du roi. Moins spectaculaire au premier regard, il dégage pourtant une aura plus ancienne, plus intérieure, presque mystique. Édifié au milieu du XVIe siècle par le roi Madhukar Shah, souverain Bundela, il fut la première résidence royale d’Orchhâ, bien avant la construction du somptueux palais destiné à accueillir l’empereur moghol Jahangir. Le Raja Mahal n’avait pas vocation à impressionner, mais à gouverner et à méditer.
Son architecture reflète cette dualité. Massif, épuré, presque austère de l’extérieur, le palais dévoile sa complexité une fois franchie la première cour. Pas de marbre ou d’incrustations précieuses ici, mais une subtile alliance de styles rajpoute et moghol.
Les volumes sont savamment ordonnés autour de deux grandes cours intérieures, séparant les fonctions publiques et privées du pouvoir. Les arches sont élancées, les colonnes robustes, les escaliers secrets mènent à des étages superposés, certains donnant accès à des chambres d’apparat ou à des salles de retraite. Le palais se ferme sur lui-même, comme pour préserver le calme intérieur du souverain. Contrairement à d’autres résidences royales ouvertes sur les jardins ou les paysages alentour, le Raja Mahal semble se replier vers l’introspection. Peu de balcons, aucune vue panoramique : le roi gouvernait depuis un centre intérieur.
Mais c’est surtout la richesse picturale du palais qui nous laisse sans voix. Certaines salles, en particulier à l’étage, conservent des fresques murales d’une beauté saisissante. Malgré les siècles, les pigments naturels ont gardé leur éclat. Les bleus profonds, les rouges terreux et les ocres lumineux dessinent des scènes tirées des grandes épopées hindoues. On y reconnaît des épisodes de la vie de Rama, de Krishna, de Vishnou en ses multiples incarnations. Ici, un combat contre les démons ; là, une danse céleste au son d’instruments oubliés. Ces fresques ne sont pas de simples ornements : elles reflètent la ferveur religieuse d’un roi qui voyait dans son palais une forme de sanctuaire.
Le roi Madhukar Shah était en effet un fervent dévot de Krishna. À l’opposé, sa reine, Ganesh Kunwari, vouait un culte exclusif à Rama. De cette divergence naquit une légende qui, encore aujourd’hui, façonne l’identité d’Orchhâ. On raconte qu’un jour, irrité par l’attachement de la reine à Rama, le roi la mit au défi : si Rama était réellement une divinité aussi puissante, qu’il vienne en personne s’installer à Orchhâ. Prenant cette parole comme une mission sacrée, la reine partit en pèlerinage à Ayodhya, le cœur empli de foi. Là, elle pria intensément, jusqu’à ce que Rama, ému par sa dévotion, accepte de la suivre sous la forme d’un enfant. Mais une condition fut posée : une fois arrivé à Orchhâ, Rama refuserait d’être déplacé.
À son retour, la reine l’installa provisoirement dans le palais royal, dans la salle qu’elle occupait elle-même. Or, fidèle à sa promesse, Rama ne bougea plus. Le roi, impressionné par ce miracle, dut s’incliner. Le Raja Mahal devint alors un lieu sacré, et cette pièce, transformée en temple, prit le nom de Ram Raja Temple. C’est le seul temple en Inde où Rama est vénéré non comme une incarnation divine, mais comme un roi vivant, doté d’une garde militaire, d’un drapeau d’État et d’un protocole officiel. Chaque matin encore, des soldats viennent lui rendre les honneurs, comme à un souverain en chair et en os.
Aujourd’hui, en parcourant les pièces silencieuses du Raja Mahal, on sent encore vibrer cette histoire mêlée de foi, de pouvoir et d’amour. Le palais, bien que vidé de ses fastes, semble habité par les prières anciennes, les récits mythologiques peints sur ses murs, les pas du roi méditant dans les couloirs. C’est un lieu d’ombre et de lumière, de silence et de mémoire, qui offre une autre facette d’Orchhâ : plus intime, plus spirituelle, profondément enracinée dans l’âme de ses fondateurs.
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RESTAURANT SHEESH MAHAL
Le soir venu, nous avons réservé une table au restaurant Sheesh Mahal, niché dans l’enceinte même du majestueux palais du même nom, à Orchhâ. Dès notre arrivée, l’atmosphère nous enveloppe d’un charme singulier : le palais, doucement illuminé par des lanternes suspendues et des projecteurs discrets, projette ses ombres et reflets sur les murs de pierre ocre. Un sentiment d’éternité s’installe dès les premiers pas dans la cour intérieure, comme si les siècles s’étaient figés pour accueillir ce moment.
Installés à une table dressée en plein air, sous la voûte étoilée, nous profitons de l’élégance simple du lieu : nappes blanches, vaisselle en cuivre martelé, touches de tissus brodés rappelant l’héritage royal des Bundelas. Autour de nous, quelques voyageurs, des familles indiennes en villégiature, et des serveurs attentifs vêtus de kurtas traditionnelles. L’accueil est chaleureux, sincère, et empreint de cette hospitalité propre au Madhya Pradesh.
Le dîner commence avec une succession de plats régionaux aux parfums envoûtants : sabzi au paneer, dal tadka onctueux, poulet au curry doucement épicé, rotis tout juste sortis du tandoor… Le tout accompagné de lassi maison ou de vin indien discret mais soyeux. Les papilles s’éveillent, les discussions s’attardent, et bientôt la musique se fait entendre.
Un spectacle de danse traditionnelle débute alors, juste devant la cour centrale du palais. Des artistes vêtus de costumes flamboyants – jupes colorées, bracelets sonnants, foulards éclatants – entrent en scène au rythme des tablas et du sitar. Leurs mouvements gracieux racontent des histoires ancestrales, où se mêlent l’amour, la guerre, la nature et le sacré. Les sons, les gestes, les regards complices avec le public créent une magie immédiate, comme un conte que l’on vivrait à la lueur des étoiles.
À la fin du spectacle, les danseuses invitent quelques convives à les rejoindre : rires, applaudissements, émotion. La soirée s’achève lentement, dans une quiétude imprégnée de beauté et de raffinement, sous le regard silencieux des murailles du Sheesh Mahal.
Dîner à Sheesh Mahal, c’est vivre Orchhâ autrement : par les sens, par l’art, par cette douceur nocturne que seul un lieu chargé d’histoire peut offrir.
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