Bruant jaune Emberiza citrinella
Sur le sable de Skagen, au DANEMARK en ce matin lumineux, un bruant jaune (Emberiza citrinella) se déplaçait discrètement, un éclat de couleur vive sur le paysage autrement sobre. Cette petite espèce de passereaux, mesurant environ 16 cm pour une envergure de 26 cm, attirait l’attention par son plumage éclatant, contrastant avec la pâleur du sable. Les mâles, comme celui que nous observions, arborent une tête jaune canari rayée de vert brunâtre, et un corps où les teintes de brun roux se mêlent au jaune, créant un motif complexe qui lui permet de se fondre dans son environnement tout en étant une explosion de couleur vive dans la lumière douce du matin.
Le bruant jaune est une espèce migratrice partielle, dont certaines populations, surtout celles plus au nord, migrent vers des zones plus clémentes en hiver. Toutefois, le bruant que nous avons vu semble faire partie des populations sédentaires, qui trouvent leur habitat tout au long de l’année dans les milieux ouverts, souvent proches de buissons, de haies ou même des terres agricoles. Ce comportement, caractéristique des oiseaux vivant dans les régions nordiques, montre leur capacité à s’adapter aux divers environnements tout en restant fidèles à des zones spécifiques pour se nourrir et se reproduire.
L’oiseau se déplaçait avec aisance sur le sable, sautillant de pierre en pierre, cherchant des graines ou des insectes sous les débris végétaux. Son alimentation varie selon les saisons, mais pendant la période de reproduction, il privilégie les insectes adultes, les chenilles et les sauterelles, ainsi que de petits arthropodes. Au printemps, il peut aussi se nourrir de baies et de jeunes pousses. Lorsqu’il se nourrit, il préfère les bords des champs, riches en invertébrés, ce qui était probablement le cas sur cette plage, bien que l’épicéa et les herbes marines y apportent aussi des ressources intéressantes.
La femelle, quant à elle, était moins éclatante que le mâle, avec un plumage plus terne, notamment un jaune moins marqué et des teintes plus verdâtres sur la tête et la gorge. Si le mâle se distingue par sa vivacité, la femelle, plus discrète, joue un rôle crucial dans l’élevage des jeunes, nourrissant les petits principalement de chenilles et d’autres invertébrés. Cette attention portée à l’alimentation de ses petits est essentielle, car la croissance des jeunes bruant jaune dépend largement des ressources alimentaires disponibles dans l’habitat.
Le bruant jaune est un nicheur tardif. La femelle, qui ne construit son nid qu’en avril ou début mai, choisit soigneusement l’emplacement, en recherchant des matériaux dans les environs. Une fois le nid terminé, elle pond entre trois et quatre œufs, qu’elle couve seule pendant 11 à 14 jours. Après l’éclosion, les jeunes restent au nid entre 9 et 14 jours, nourris par les deux parents. Si la femelle entreprend une seconde couvée, le mâle prend alors en charge leur alimentation. Cependant, le succès reproducteur peut être compromis par des printemps anormalement froids, qui retardent l’apparition des insectes nécessaires à nourrir les jeunes, ainsi que par l’utilisation d’insecticides qui réduisent la disponibilité de ces ressources.
Le succès de la reproduction est d’autant plus difficile à maintenir que le bruant jaune est une espèce en déclin, notamment à cause de la perte de ses habitats naturels et des pratiques agricoles modernes. Toutefois, ces oiseaux parviennent à faire face, en s’adaptant à des environnements changeants, comme ceux des terres agricoles riches en herbes, là où ils trouvent des graines et des invertébrés.
En dehors de la reproduction, le mâle produit un chant typique, composé d’un « didididi dîî », que l’on entend souvent avant de repérer l’oiseau. Son cri est court, un « tsirt », qui attire l’attention sur sa présence, particulièrement au printemps et en été, lors de son habillage sonore des lieux. Ce chant, porté par un promontoire ou un sommet, sert aussi à délimiter son territoire.
Sur le sable de Skagen, ce bruant jaune nous rappelait à la fois la beauté fragile de la nature et la nécessité de préserver les habitats de ces petits passereaux. Chaque moment passé à observer cet oiseau, avec son plumage éclatant et sa quête quotidienne de nourriture, devenait un acte de réflexion sur la préservation de cette espèce menacée, dont la survie dépend d’un équilibre délicat entre les besoins alimentaires, la reproduction et la protection de ses espaces vitaux.