Drongo brillant Dicrurus adsimilis – Fork-tailed Drongo +
À Natitingou, à l’Hôtel Totora, au BENIN alors que nous nous détendions aux abords de la piscine, nous avons été surpris par la présence d’un Drongo brillant, venu étancher sa soif dans l’eau. Cet oiseau, d’environ 25 cm, nous a immédiatement impressionnés par sa stature et son allure. De loin, il apparaît entièrement noir, mais à mesure que nous nous rapprochions, sous une lumière suffisante, nous avons pu distinguer sur ses parties exposées un plumage lustré aux reflets bleus ou bleu-vert, qui scintillent au soleil. Seule l’aile échappe en partie à ce lustre, les rémiges externes semblant plus brunes, et le dessous de l’aile, d’un gris-brun, apparaît beaucoup plus pâle lorsqu’il est en vol. Nous avons également noté que ses rectrices, mesurant entre 115 et 126 mm, présentent une différence de taille de plus de 2 cm entre les plumes médianes et les externes, conférant à sa longue queue fourchue un aspect typique. L’iris, d’un rouge intense, se détache avec force, tout comme le bec noir, robuste et légèrement crochu à la pointe, entouré de vibrisses caractéristiques, et ses pattes courtes, également noires.
En observant de plus près, nous avons pu distinguer les différences qui s’expriment chez les jeunes. Le juvénile, brun sombre, exhibe de petites taches rousses sur l’extrémité des plumes, et la fourche de sa queue est beaucoup moins prononcée, son iris étant brun. L’immature, quant à lui, ressemble à l’adulte, mais avec des reflets moins brillants et des parties inférieures plus pâles. Nous avons appris que le Drongo brillant regroupe actuellement quatre sous-espèces reconnues. La sous-espèce type, D. a. adsimilis, correspond à la description que nous venons d’observer. La D. a. divaricatus est un peu plus petite, avec une échancrure de queue inférieure à 2 cm, tandis que la D. a. fugax, elle, présente une queue encore plus profondément fourchue, mesurant de 23 à 27 mm. Enfin, D. a. apivorus est la plus grande, se distinguant par le dessous des ailes d’un gris pâle.
Ce qui nous a encore fascinés, c’est la voix de cet oiseau. Le Drongo brillant est notoirement très vocal, souvent le premier à chanter le matin et le dernier le soir. Son répertoire est d’une incroyable variété, composé d’appels sifflés courts et liquides, de notes grinçantes et grattées, formant un babillage qui peut être continu ou ponctué d’intervalles. Nous avons entendu l’un de ses longs tirades – une séquence étonnante ressemblant à « Drit-drit, woyglo-jit, drit-o, jewp-jewp, clic-clic, gliglaagligloo, jick-glo-jeea » – qui témoignait de sa capacité d’imitation. En effet, cet oiseau est un imitateur doué, capable de reproduire la voix de nombreux oiseaux tels que les tchagras, les bulbuls, et même certains rapaces comme l’Épervier shikra, l’Autour tachiro ou la Chevêchette perlée. Nous avons même appris qu’au Kenya, il a été signalé qu’il imite le miaulement d’un chat, et que des couples se lancent parfois dans des duos virtuoses d’une durée de 4 à 5 minutes, mêlant sons agréables et discordants.
Nous savions que le Drongo brillant affectionne tous types d’habitats boisés – des forêts et savanes ouvertes aux zones agricoles, en passant par les parcs et grands jardins publics –, et nous avons été étonnés de le voir s’aventurer jusqu’à la piscine de l’hôtel. Sa présence dans un environnement modifié par l’homme témoigne de son incroyable adaptabilité. Nous avons également appris qu’il chasse depuis un poste d’affût, observant son environnement avec une attention redoutable, et qu’il peut plonger pour attraper de petits poissons. Il se nourrit principalement d’insectes et de quelques petits poissons, et, en tant qu’imitateur, il est soupçonné de kleptoparasitisme, dérobant la nourriture d’autres oiseaux ou même d’animaux comme les babouins et les suricates en imitant leurs cris d’alerte. Territoriaux et agressifs, les adultes n’hésitent pas à poursuivre les intrus en vol, assénant de puissants coups de bec pour défendre leur territoire.
Ce moment passé au bord de la piscine, où nous avons observé ce ballet aérien et cette démonstration de l’ingéniosité de la faune africaine, nous a profondément marqués. Le Drongo brillant, par sa prestance, ses chants et son comportement audacieux, incarne l’esprit sauvage et authentique du Bénin. Cette rencontre inattendue a ajouté à notre séjour à l’Hôtel Totora une touche de magie, nous rappelant que, même dans un cadre aménagé, la nature et ses merveilles continuent de se révéler sous des formes surprenantes et fascinantes.