Euphorbe de Poisson Euphorbia poissonii
Près des chutes de la Kota, à Natitingou au Bénin nous avons pu observer une flore singulière, et notamment des Euphorbia poissonii, également connues sous le nom d’Euphorbia poissoni et, à tort, sous le nom d’Euphorbia poisoni. Ces plantes succulentes, issues de la grande et variée famille des euphorbes, se distinguent par leur aspect original, mais aussi par leur nature hautement irritante et toxique. Originaires du nord du Nigéria, les agriculteurs locaux en extraient le latex, utilisé comme pesticide, ce qui témoigne de leur utilité pratique dans l’agriculture. La forte activité irritante et douloureuse de cette plante en fait également un choix privilégié pour constituer des haies naturelles, servant de barrière protectrice. Chez les Berom de la région de Jos, elle est connue sous le nom de pyùlúp, et ils la transplantent dans leurs concessions, la considérant comme une protection contre la sorcellerie.
Le nom de cette plante est attribué au botaniste français Henri Louis Poisson, qui a formellement décrit plusieurs espèces du genre Euphorbia. Quant à son activité toxique, le latex de l’Euphorbia poissonii renferme une variété d’esters irritants de type phorbol, ainsi que de la résinifératoxine et de la tinyatoxine, deux esters de type résiniféronol particulièrement puissants. La résinifératoxine, la toxine la plus active, se lie aux récepteurs de la douleur de manière similaire à la capsaïcine, mais avec une puissance bien supérieure, stimulant ainsi de façon répétée l’activation des neurones et provoquant une douleur intense. Cette propriété, qui implique une liaison sélective et la destruction des récepteurs de la douleur tout en épargnant les autres cellules nerveuses, suscite actuellement des recherches sur son utilisation potentielle dans le traitement de la douleur chronique.
Dans ce décor naturel, les Euphorbia poissonii se dressent en bordure des zones humides créées par les chutes, leurs formes inhabituelles et leur feuillage vert éclatant contrastant avec le milieu environnant. Leur présence ajoute une dimension particulière à l’écosystème local, révélant la diversité et l’adaptabilité de la flore dans un environnement où chaque espèce trouve sa place. Observer ces plantes nous a permis de découvrir une facette méconnue mais fascinante de la nature près des chutes de la Kota, où la beauté sauvage s’allie parfois à des propriétés étonnantes, voire redoutables, rappelant la complexité et la richesse de ce patrimoine végétal.
