Udaipur, la Venise du désert INDE +

Après cette immersion vertigineuse dans l’histoire et les remparts de Kumbhalgarh, nous reprenons la route vers le sud, en direction d’Udaipur, la « cité des lacs ». Le paysage change progressivement : les collines rocailleuses cèdent la place à des vallées plus ouvertes, parsemées de champs en terrasse, de buffles broutant paresseusement et de villages où la vie semble s’écouler au rythme immuable des saisons.
En approchant d’Udaipur, l’air devient plus humide, la végétation plus luxuriante, et les premiers reflets du lac Fateh Sagar apparaissent comme un mirage. Udaipur déploie ses palais et ses dômes blancs sur les berges, avec en toile de fond les Aravalli toujours présents. L’arrivée dans la ville, vivante et animée, se fait dans un mélange de klaxons, d’odeurs de jasmin, et de promesses de splendeur.
Après avoir longuement arpenté les couloirs majestueux du City Palace, nous laissons nos pas nous guider vers d’autres merveilles d’Udaipur, cette ville que l’on surnomme à juste titre la Venise de l’Orient. La lumière de l’après-midi commence à s’adoucir et, depuis les terrasses en surplomb du lac Pichola, nous apercevons le Lake Palace, posé comme un mirage sur l’eau.
Ce palais blanc immaculé, que l’on croirait sculpté dans une écume de marbre, semble flotter. Il fut autrefois la résidence d’été des maharanas de Mewar, construit au XVIIIe siècle par Jagat Singh II sur l’île de Jag Niwas. Aujourd’hui transformé en hôtel de luxe, il reste inaccessible aux simples visiteurs, mais sa beauté silencieuse se contemple depuis la rive avec la même fascination. Sous les reflets dorés du soleil déclinant, le Lake Palace se pare d’une aura presque surnaturelle. Le miroir liquide du lac, à peine ridé par les barques à moteur, en double les contours dans une parfaite symétrie.
Nous poursuivons notre marche le long des ghâts, croisant parfois un éléphant de rue aux flancs décorés de motifs floraux tracés à la craie. Ils avancent lentement, imposants et tranquilles, au milieu du tumulte urbain. Leurs cornacs les guident avec douceur, et leurs silhouettes ajoutent une touche de majesté à l’ambiance déjà enchanteresse de la ville.
Plus loin, nous grimpons sur une terrasse pour admirer le coucher de soleil sur le lac. La ville s’embrase doucement de teintes safran, ambrées, rose tendre. Les dômes et les minarets prennent une teinte d’or. Les cloches d’un temple proche tintent doucement, et une musique lointaine flotte dans l’air — peut-être un sitar, ou une prière du soir chantée au loin.
Sur l’autre rive, le Jag Mandir, deuxième palais insulaire d’Udaipur, se découpe à contre-jour. On raconte que l’empereur moghol Shah Jahan y aurait trouvé refuge avant de devenir souverain, et que l’architecture du Taj Mahal lui aurait été inspirée en partie par ce lieu.
En bas, les enfants jouent dans les ruelles bordées d’échoppes, les touristes s’installent en terrasse, les bateaux glissent lentement dans le silence du crépuscule. À cet instant précis, tout semble suspendu. Le temps, l’agitation, le monde moderne — tout cela s’efface dans la lumière du soir.
Udaipur n’est pas seulement une ville que l’on visite : c’est une ville que l’on ressent. Chaque regard vers le lac, chaque reflet, chaque ombre projetée par un balcon ciselé ajoute une nuance au tableau. Ici, plus qu’ailleurs, l’Inde paraît en paix avec elle-même, et nous offre le cadeau rare d’un moment d’harmonie pure.
TEMPLE DE JAGDISH
Le lendemain matin, après un petit déjeuner sous les bougainvillées du Shilpi Hotel, nous partons à pied vers le cœur palpitant d’Udaipur pour découvrir l’un de ses monuments les plus emblématiques : le temple de Jagdish.
À mesure que nous approchons du centre ancien, les ruelles se resserrent, bordées d’échoppes vendant encens, miniatures peintes, soieries chatoyantes et colliers de fleurs. L’air est saturé de parfums : ghee brûlé, santal, jasmin. Une clochette tinte quelque part, et les échos d’un bhajan s’élèvent depuis un haut-parleur perché au sommet d’un immeuble. L’ambiance est à la fois mystique et foisonnante, typiquement indienne.
Et soudain, au détour d’un carrefour, le temple de Jagdish surgit, dressant fièrement ses colonnes blanches sculptées au-dessus de l’agitation. Un large escalier en pierre mène à l’entrée principale, gardée par deux imposants éléphants de pierre. C’est l’un des temples hindous les plus majestueux d’Udaipur, construit en 1651 par le maharana Jagat Singh, dont il tire d’ailleurs son nom.
Dès nos premiers pas dans l’enceinte, nous sommes saisis par la richesse du décor. Chaque pierre est finement sculptée, représentant des scènes mythologiques, des figures divines, des danseuses célestes ou encore des animaux sacrés comme les lions et les éléphants. Le temple est dédié à Vishnou sous sa forme Jagannath, « Seigneur de l’Univers », et la statue principale du sanctuaire, haute de plusieurs mètres, représente le dieu à quatre bras, richement paré et entouré de lampes à huile qui brûlent en permanence.
Autour du sanctuaire central, plusieurs petits temples annexes abritent d’autres divinités comme Ganesh, la déesse Shakti ou Surya, le dieu-soleil. Le plafond, soutenu par des piliers massifs, est un chef-d’œuvre d’équilibre architectural, décoré de lotus inversés en pierre. Il règne à l’intérieur un calme intense, seulement brisé par les murmures des fidèles et le tintement régulier des clochettes suspendues.
Des prêtres en dhotis blancs accueillent les visiteurs, bénissent les offrandes et chantent des mantras en boucle. On nous invite à faire tourner les petites cloches de bronze accrochées à l’entrée : une manière d’annoncer notre présence aux dieux. L’atmosphère est empreinte d’une ferveur simple et vibrante, presque tangible.
À l’extérieur, en descendant les marches, nous prenons un instant pour observer la vue sur la ville rose pâle d’Udaipur et ses toits parsemés de coupoles. Tout autour, la vie continue à son rythme : vendeurs de fleurs, femmes en sari aux couleurs vives, vaches sacrées allongées au soleil, musiciens de rue… Et le temple, lui, continue d’être un lieu vivant, où spiritualité et quotidien se croisent sans cesse.
Cette visite du Jagdish Mandir nous a profondément marqués. Ce n’est pas seulement un monument architectural de premier plan, c’est un véritable cœur battant d’Udaipur, où se mêlent l’histoire, la foi, l’art et la vie.
AHAR
Temple d’Eklingji
Nous quittons les rives tranquilles d’Udaipur pour nous engager vers le nord, en direction de Kailashpuri, un petit village lové entre collines et champs, où bat depuis des siècles le cœur spirituel du royaume de Mewar. Après une trentaine de minutes de route, au fil d’un ruban d’asphalte bordé de palmiers et de vie rurale — vaches sacrées, scènes agricoles, enfants jouant sous les banians —, nous apercevons enfin les premiers murs d’enceinte du temple d’Eklingji, l’un des sanctuaires hindous les plus sacrés du Rajasthan.
Dès l’entrée, l’atmosphère change : ici, le monde semble ralentir, se poser, s’agenouiller presque. Nous enlevons nos chaussures, et franchissons l’arche de pierre. Un parfum d’encens flotte dans l’air, mêlé au chant des mantras récités par les brahmanes. Devant nous se dresse le sanctuaire principal, sculpté dans un marbre ancien, patiné par le temps, orné de bas-reliefs d’une finesse inouïe. Les volutes architecturales s’élèvent comme une prière vers le ciel, tandis que les murs murmurent encore les secrets d’un culte millénaire.
Le temple original aurait été érigé au VIIIe siècle par le légendaire Bappa Rawal, fondateur de la dynastie Mewar. Depuis ce jour, Shri Ekling Ji, forme de Shiva à quatre visages, y est vénéré non seulement comme un dieu, mais comme le souverain suprême de la région. Les maharanas de Mewar ne se considéraient pas comme rois, mais comme les Dewans, les ministres de ce dieu-roi, gouvernant en son nom. Et ici, dans la pénombre sacrée du sanctuaire principal, on comprend pourquoi.
Nous nous faufilons parmi les fidèles. Le sol est frais, lisse sous les pieds nus. Des clochettes tintent doucement, les lumières tremblent sur les visages en prière. Puis, dans un silence presque solennel, nous découvrons la statue noire de Shiva à quatre visages, abritée dans le cœur du temple, entourée de guirlandes de fleurs, d’offrandes de lait et de feuilles de bael. Elle irradie une force douce, une sérénité puissante.
Mais le temple d’Eklingji ne se limite pas à cette seule idole. Le complexe en compte 108, dispersés comme un collier de perles autour du sanctuaire central. Chacun a sa singularité : de petits temples dédiés à Parvati, Ganesh, ou Nandi, tous incrustés de symboles tantriques, de colonnes effilées et de fresques où se mêlent lions, éléphants et divinités dansantes.
Nous croisons un prêtre qui nous salue d’un sourire. Il nous explique que les rituels y sont toujours pratiqués plusieurs fois par jour. Le matin très tôt, lors du Mangala Aarti, les fidèles affluent dès l’aube. Le soir venu, c’est l’aarti de Sandhya, un moment suspendu, où les chants résonnent sous les dômes, dans une lumière dorée.
Aucun cliché ne pourra capturer la ferveur qui se dégage de cet endroit. Les photos sont interdites à l’intérieur, et c’est tant mieux : il faut y être, le vivre, le ressentir.
Alors que nous ressortons lentement, portés par l’énergie du lieu, le soleil commence à décliner. Le marbre pâlit, les ombres s’allongent. Le murmure des prières s’atténue. Nous reprenons la route vers Udaipur, le cœur encore habité par cette rencontre intemporelle avec l’âme de Shiva, et par cette certitude que certains lieux ont une mémoire plus ancienne que les pierres.
NAGDA
Après notre plongée spirituelle à Eklingji, nous reprenons la route, à peine quelques kilomètres plus loin, pour découvrir un site plus discret, mais tout aussi fascinant : Nagda.
Shilpgram, l’âme artisanale d’Udaipur
Au matin, alors que le soleil d’Udaipur dorait doucement les cimes des monts Aravalli, nous prenons la route vers Shilpgram, à quelques kilomètres seulement de la ville, mais déjà si loin de son agitation. La route serpente entre les collines, bordée de champs paisibles et de petits hameaux ruraux. En approchant du site, une grande allée bordée d’arbres et de fresques colorées nous mène à l’entrée de ce village-musée vivant, un hommage vibrant aux traditions rurales de l’Inde de l’Ouest.
City Palace d’Udaipur
Ce matin-là, le soleil se levait doucement sur les eaux paisibles du lac Pichola, enveloppant la ville d’Udaipur d’une lumière dorée presque irréelle. En suivant les ruelles anciennes de la vieille ville, nous atteignons l’entrée du City Palace, dont la silhouette majestueuse se détachait déjà sur la colline, comme suspendue entre ciel et eau.
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TEMPLE DE JAGDISH UDAIPUR INDE
TEMPLE D’Eklingji UDAIPUR INDE
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