Chittorgarh, forteresse du courage et des flammes INDE +

Nous quittons Udaipur au petit matin, alors que les brumes flottent encore sur les champs et que les monts Aravalli dessinent une ligne bleutée à l’horizon. La route vers Chittorgarh serpente à travers des paysages agricoles paisibles. Des paysans s’affairent autour de puits à aube, où des seaux, suspendus à de longues perches de bois, remontent lentement l’eau pour irriguer les cultures. Par moments, des singes apparaissent sur les bas-côtés, jouant entre les branches ou observant notre passage avec l’œil curieux des gardiens invisibles de ces terres.
Puis, au détour d’un virage, le fort se dévoile. Posée sur une colline escarpée, la silhouette de Chittorgarh se détache comme une île de pierre dans l’océan vert de la plaine. Son imposante muraille semble flotter dans le ciel. On ressent immédiatement la grandeur de ce lieu, l’histoire à fleur de roche, le souffle encore vivant d’un passé indomptable.
Ce n’est pas un simple fort, mais une véritable cité-forteresse, l’une des plus vastes de l’Inde, un monde en soi perché sur un promontoire de 180 mètres de haut. Depuis sa fondation au VIIe siècle, Chittorgarh fut le cœur battant du royaume de Mewar, bastion des Rajputs, caste guerrière éprise de liberté et de loyauté. Le nom du fort évoque des siècles de batailles, de sièges, de sacrifices.
À trois reprises, la cité fut assiégée.
Chaque fois, la bravoure des guerriers la défendit jusqu’au dernier souffle.
Et chaque fois, lorsque la défaite devint inéluctable, les femmes de Chittor choisirent le feu plutôt que la honte, accomplissant le rituel terrible et sacré du jauhar.
L’histoire de la reine Padmini reste sans doute la plus poignante. Sa beauté était si éclatante qu’Alauddin Khilji, le sultan de Delhi, exigea de la contempler. Elle accepta, mais seulement à travers le reflet d’un miroir, depuis un pavillon sur l’eau du palais. Cette vision fugace enflamma la convoitise du souverain, qui déclencha un siège sanglant. Pour protéger son honneur, Padmini, accompagnée de centaines de femmes, marcha vers les flammes pendant que les hommes partaient mourir les armes à la main. Le silence qui entoure les ruines de son palais, au bord d’un réservoir tranquille, semble encore habité par leur courage.
En gravissant les rampes étroites qui mènent à l’intérieur du fort, on traverse d’immenses portes crénelées aux noms évocateurs, Ram Pol, Padan Pol, chacune marquée par des récits d’assauts héroïques. À l’intérieur, le fort déploie sa majesté : palais effondrés, temples sculptés, bassins secrets. Le palais de Rana Kumbha, bien que partiellement en ruines, conserve l’élégance austère des bâtisses de guerre et de gouvernement. On y devine les salles de conseil, les appartements royaux, et même un petit temple souterrain, où la poétesse mystique Meera Bai chantait son amour pour Krishna. Elle vivait ici en recluse, délaissant les dorures pour la dévotion.
En s’enfonçant plus profondément dans l’enceinte, on découvre la Tour de la Victoire, haute et ciselée comme un manuscrit de pierre. Elle fut construite au XVe siècle pour célébrer une victoire sur le sultanat du Malwa. Chaque étage est sculpté de scènes religieuses, de figures mythologiques, de divinités et de symboles.
Elle semble raconter, niveau après niveau, l’histoire d’un peuple qui priait autant qu’il combattait. Non loin de là, la Kirti Stambh, plus fine et plus ancienne, rend hommage au jaïnisme, avec ses frises délicates représentant les tirthankaras.
Tout au long de la visite, des temples hindous et jaïns apparaissent, sobres ou finement décorés, parfois abandonnés, parfois encore animés de prières. Des réservoirs d’eau jalonnent le fort — certains envahis de végétation, d’autres limpides, alimentés par des sources anciennes, comme le Gaumukh Kund. C’est là, au bord de l’eau jaillissant de la bouche sculptée d’une vache, que les guerriers venaient se purifier avant d’aller au combat. L’endroit dégage une sérénité étrange, presque hors du temps.
La fin d’après-midi offre un moment suspendu. Depuis les hauteurs de la tour, nous contemplons le soleil descendre lentement sur la plaine. Le fort s’embrase de teintes orangées. Le vent se lève doucement, comme une voix ancienne qui murmure des chants oubliés. Ce lieu, avec sa grandeur défensive, son poids d’histoire, son héritage religieux et sa mémoire douloureuse, nous laisse un sentiment d’admiration mêlé de respect.
Chittorgarh n’est pas un simple vestige, c’est une forteresse vivante. Elle ne parle pas seulement de pierre et de pouvoir, mais d’humanité, de choix irréversibles, de fidélité à une éthique, même au prix du sacrifice suprême.
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