Douz, entre dattes, dunes et dromadaires TUNISIE +

Après des jours passés à arpenter les ksour et les villages perchés du Dahar autour de Tataouine, nous atteignons enfin Douz, cette oasis surnommée « la porte du Sahara » qui marque la transition entre la Tunisie verte et les étendues infinies de dunes. Ici, à quelque 500 kilomètres au sud de Tunis, la vie s’organise autour de la palmeraie millénaire : des rangées de dattiers parfaitement alignées forment un véritable jardin suspendu, dans lequel se mêlent les parfums suaves de la fleur de datte et le bruissement discret de l’eau des canaux traditionnels.
La ville elle‑même, forte de ses 30 000 âmes, doit beaucoup aux Mrazig, ces tribus arabo‑berbères qui ont fait de Douz leur camp de base après des siècles de vie itinérante. En flânant sur l’avenue principale, nous croisons des femmes drapées de molahs colorés qui vendent des tapis berbères brodés de motifs géométriques, des bijoutières aux doigts agiles frappant l’argent en boucles d’oreilles finement ciselées, et des marchands de dattes deglet nour, réputées pour leur chair moelleuse et leur parfum délicat.
Le jeudi, tout prend une tout autre allure : c’est jour de souk. Les rues s’emplissent d’étals où foisonnent dattes, épices, huiles parfumées, et même de jeunes dromadaires aux yeux doux, prêts à durer un tour de piste pour le plaisir des enfants. Nous nous mêlons à la foule — Berbères venus négocier des troupeaux, nomades en burnous blancs drapés de henné, touristes émerveillés — et goûtons à l’effervescence d’un marché qui vit de ses traditions autant que du commerce moderne.
Puis nous partons vers la lisière du Grand Erg Oriental, là où les premières dunes se dessinent en collines dorées. À dos de dromadaire, nous glissons entre les vagues de sable, bercés par le pas lent et régulier de l’animal. Le soleil décline, couchant les dunes dans des teintes d’ocre et de pourpre ; le silence devient absolu, seulement troublé par le cliquetis des grelots portés par notre guide, descendant d’une longue lignée de caravaniers.
Pour aller plus loin, nous embarquons dans un 4×4 tout terrain, fonçant vers Ksar Ghilane, oasis perdue où une source chaude jaillit au milieu du désert, ou vers Tembaïne et Zaafrane, autres villages isolés où l’on peut planter la tente pour une nuit de bivouac. Sous la voûte céleste — constellations vertigineuses, voie lactée plus lumineuse qu’ailleurs — nous partageons un repas traditionnel : couscous dromadaire épicé, galettes de semoule cuites sous la cendre, et dattes trempées dans un miel épais, le tout accompagné du rythme hypnotique du derbouka et du rebab.
De retour à Douz, nous visitons le Musée du Sahara, un bâtiment sobre qui renferme les objets du quotidien des nomades : outres en peau, colliers de perles, armes d’argent, outils de tissage, et maquettes miniatures de tentes sahariennes. Les explications nous font prendre conscience de la force d’adaptation de ces peuples, capables de faire fleurir la vie même dans l’aridité la plus extrême.
Enfin, au sortir de la ville, le Chott el‑Jérid nous tend les bras : un lac salé où, par temps clair, l’œil est trompé d’illusions — des mirages flottent sur la surface craquelée, comme des îles éphémères. C’est là, dans ce panorama irréel, que se marient les extrêmes : l’ombre fraîche de la palmeraie et l’éblouissement du désert, la culture millénaire et le silence primordial.
Douz n’est pas une simple halte ; c’est une immersion totale : dans une civilisation nomade, dans un paysage sans fin et dans des traditions vivantes. Chaque grain de sable, chaque hurlement du vent dans les dattiers, chaque henné dessiné sur la main d’une marchande raconte une histoire séculaire, faisant de Douz le véritable seuil du Sahara — et l’un des points forts inoubliables de notre périple tunisien.
Désert de Douz, l’appel du sable et des étoiles
Dès le soleil levant, nous quittons l’ombre bienveillante des palmiers de l’Hôtel El Mouradi pour nous enfoncer dans le désert de Douz, véritable océan de dunes dorées aux portes du Grand Erg Oriental. À la lisière de la ville, la palmeraie cède rapidement la place à ce paysage lunaire où seuls quelques tamaris et acacias épars témoignent de la vie. L’air, encore frais, perle d’une lumière rose qui se transforme bientôt en un jaune éclatant.
Notre convoi s’organise : un chameau peinturluré de motifs berbères pour chacun, un cheval robuste pour les plus aventureux, et des guides mrazig au regard aussi droit que leurs burnous sont immaculés. Nous commençons par la méharée, lent ballet à dos de dromadaire, oscillant au rythme de marches séculaires. Soudain, le monde bascule : plus de route, plus de barrières, seulement la dune qui monte, la dune qui descend. Dans toute cette immensité, le silence est total, si ce n’est le frottement des fouets et les pas feutrés de nos montures.
Au cœur des dunes, nous posons nos sacs pour une halte à pied. Les chaussures s’enlisent dans le sable chaud, et nos pas dessinent des sillons éphémères, bientôt effacés par la brise qui sculpte les crêtes. Notre guide nous montre les empreintes du fennec, ce petit renard du désert, et ces touffes de graminées que seules les chameaux broutent, nous rappelant combien ce milieu, apparemment stérile, est en réalité un fragile écosystème.
En milieu de journée, nous troquons dromadaires et chevaux pour gravir à pied une des plus hautes dunes du secteur. Arrivés au sommet, la vue embrasse un infiniment vague où se dissolvent les ombres des mers de sable.
Nous sortons de nos sacs un thé sucré, préparé sur un petit foyer de pierre : l’eau chante avant d’être versée dans de fins verres transparents, et chaque gorgée, brûlante et parfumée à la menthe, nous réchauffe plus encore que le soleil.
À la tombée de l’après‑midi, nous repartons en 4×4, filant vers Ksar Ghilane, oasis noyée dans le sable, où jaillit une source chaude.
Glissant des dunes au creux des palmiers, nous trempons nos pieds dans l’eau tiède, tandis que le ciel bascule vers l’orange et le pourpre.
Un bivouac nomade nous attend là, campés sous des tentes berbères : tapis colorés, lampes à huile et tajines fumants mijotés dans un caquelon de terre cuite. Autour du feu, la musique s’élève — le derbouka vibre, le rebab chante, et les voix du désert se mêlent à l’éclat des étoiles.
BALLADE A DOS DE DROMADAIRE
Dès l’aube, nous quittons Douz dans un halo de brume dorée pour rejoindre la lisière du Grand Erg Oriental. Là, une longue file de dromadaires nous attend, silhouettes majestueuses au cou gracile, équipées de selles traditionnelles garnies de tapis berbères. Chacun d’eux nous englobe dans une lente oscillation, berceuse du désert, tandis que nous nous engageons sur la mer de sable.
La lumière naissante révèle les crêtes des dunes, coupées de reflets roses et ambrés. À chaque pas, le chameau glisse doucement sur le sable fin, creusant une empreinte éphémère qu’emporte le vent. Au rythme régulier de leur pas, nous laissons derrière nous la palmeraie et la vie urbaine, pour ne plus entendre que le souffle du vent dans les grains de sable et le cliquetis discret des grelots aux colliers de nos montures.
Vers le milieu de la matinée, notre guide mrazig, vêtu de son burnous immaculé, nous invite à partager un arrêt près d’une dune monumentale : là, à l’abri d’un rocher incliné, nous posons nos sacs. Il sort une thermos de thé à la menthe et quelques dattes chauffées aux braises — une halte simple et précieuse, qui renouvelle nos forces et nous replace dans la continuité d’un rituel nomade.
Nous reprenons la route, franchissant des dunes de plus en plus hautes. En haut d’une crête, le désert se révèle à perte de vue : une mer tranquille d’or et de bronze. La caravane s’étire, et nous échangeons quelques mots avec nos compagnons d’aventure : un couple de voyageurs français enchantés par la quiétude, un photographe en quête de l’ombre parfaite, et ce jeune géologue tunisien qui nous explique la formation des erg il y a des millénaires.
En fin d’après‑midi, nous atteignons un campement traditionnel niché entre deux dunes. Les tentes en toile de coton, posées sur des tapis colorés, sont prêtes à nous accueillir. Autour d’un feu de camp, nous dégustons un tajine dromadaire parfumé, mijoté dans un caquelon de terre, accompagné d’un pain cuit sous la cendre et d’un millet sucré. Les étoiles, déjà hautes, forment un dôme scintillant ; et tandis que la brise nocturne agite les pans des tentes, nous réalisons que ce trek à dos de dromadaire nous a donné plus qu’une balade : il nous a offert un fragment authentique de la vie saharienne, au rythme ancestral des caravanes.
LES SOUKS DE DOUZ
De retour à Douz, c’est avec un appétit de découverte que nous replongeons dans l’effervescence colorée des souks. Dès les premières ruelles, l’air s’emplit d’arômes d’épices : cumin, coriandre, cannelle et paprika dansent ensemble, portés par le vent du désert. Les étals débordent de paniers d’olives vertes et noires, de cornes de gazelle sucrées, de dattes Deglet Nour luisantes et de sacs entiers de pois chiches et de couscous local.
Sous les arcades basses, nous serpenteons entre les marchands de tapis berbères, où chaque kilim semble raconter une histoire : zigzags protecteurs, losanges symbolisant l’œil du mauvais sort, fils de laine vibrant sous nos doigts curieux. Les tisserandes, assises sur de petits tabourets, glissent leurs navettes avec une maîtrise silencieuse, tissant la mémoire de leurs ancêtres dans chaque nœud.
Un peu plus loin, les bijoutiers martèlent l’argent : bracelets, fibules, colliers ornés de perles d’ambre et de corail, chaque pièce façonnée à la main. Une femme nous invite à observer la gravure de motifs traditionnels sur une petite fibule en forme de croissant : « Nous portons ces symboles depuis des siècles, raconte‑t‑elle, pour rappeler la protection des étoiles sur notre désert ».
Le clapotis des fontaines dans un petit patio dissimulé nous attire vers les herboristes et vendeurs de henné. À la croisée des senteurs de rose et de santal, nous goûtons un thé infusé d’armoise, avant d’observer un marchand plier avec adresse des poignées de henné fraîchement moulu dans de délicates feuilles séchées.
Chaque allée réserve sa surprise : un apothicaire propose des huiles essentielles de myrte ou de romarin, tandis qu’un vieux forgeron façonne de petites louches de cuivre. Plus loin, on nous propose des paniers tressés en feuilles de palme, parfaits pour ramener un morceau de ce désert foisonnant.
Au cœur du souk, une échoppe de dromadaires miniatures sculptés en bois nous rappelle la vie des caravanes. Nous y échangeons quelques rires avec le vendeur, un jeune Mrazig vêtu de son burnous traditionnel, qui nous offre une petite figurine en gage d’amitié.
En fin de matinée, nous rejoignons la place centrale où, face à la mosquée aux murs ocre, les habitants vendent encore des jarres de miel de palme et de la pâte de dattes fourrée de noix. Assis sur un banc de pierre, nous dégustons un morceau de figue séchée, le goût doux et concentré évoquant les mirages de dunes lointaines.
Lorsque nous quittons les souks de Douz, nos paniers sont remplis de trésors artisanaux et nos cœurs, de mille images : la chaleur des échanges, la richesse des savoir‑faire ancestraux et le parfum vivant du Sahara, tout ancré dans le tumulte apaisé de cette porte du désert.
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LES LOGEMENTS
HOTEL SANGHO PRIVILEGE TATOUINE
À notre arrivée à Tataouine, c’est au Sangho Privilege que nous posons nos bagages pour les prochaines nuits. Perché dans les hauteurs de la ville, l’hôtel dégage une élégance simple : des tons beige et ocres qui se fondent dans le paysage désertique, des patios ombragés de palmiers et de lauriers roses, et une piscine dont l’eau calme reflète les murs chaulés.
À peine nos valises déposées, nous sommes accueillis par un thé à la menthe servi sur une terrasse d’où s’offre un panorama sur les toits de Tataouine et les massifs lointains.
La chambre, spacieuse et lumineuse, mêle tapis berbères tissés main, lit moelleux et salle de bains en marbre clair.
Le confort y est réel sans ostentation : climatisation pour échapper à la chaleur du jour, petits déjeuners généreux sous un kiosque de bois, et un service discret prêt à répondre à chaque envie, qu’il s’agisse de conseils pour notre excursion en quad ou d’une simple bouteille d’eau fraîche après une randonnée dans les ksour.
Installés dans ce refuge de quiétude, nous savourons déjà l’idée de nous replonger demain dans l’aventure saharienne, reposés et prêts à en découvrir plus encore sur cette terre chargée de légendes.
HOTEL EL MOURADI DOUZ
À notre arrivée à Douz, après le tumulte des souks et les silences du désert, nous prenons la direction de l’Hôtel El Mouradi, véritable oasis de confort nichée aux abords de la palmeraie. Dès le portail franchi, un effluve de jasmin et de bougainvilliers nous accueille, ponctué du murmure de l’eau dans les bassins et fontaines disséminés dans le jardin.
Le lobby, spacieux et baigné de lumière filtrée par de grands orangers, marie élégamment les couleurs chaudes du désert — ocre, terracotta, sable — à des touches contemporaines : fauteuils moelleux, tapis sobres, et œuvres d’art inspirées des paysages sahariens.
Un verre de bienvenue, un thé à la menthe fraîchement infusé, et nous sommes instantanément apaisés.
Notre chambre, vaste et climatisée, s’ouvre sur un balcon privatif donnant sur la palmeraie : des rangées de dattiers se balancent doucement sous la brise, tandis que, au loin, se profilent les premières dunes du Grand Erg Oriental.
Le lit, drapé de lin ivoire, invite à la détente, et la salle de bains, dotée de marbre clair et d’une douche à l’italienne, procure un confort moderne — véritable contrepoint à la rudesse du désert.
Nous prenons le temps de découvrir les installations : une piscine à débordement entourée de transats, un spa proposant hammam traditionnel et massages aux huiles locales, ainsi qu’un court de tennis pour les plus actifs. Le soir venu, le restaurant buffet, à ciel ouvert sous une pergola étoilée, nous offre une généreuse palette de mets tunisiens — couscous parfumé, tajines savoureux, pastas aux épices sahariennes — et de spécialités internationales, le tout servi avec le sourire et la chaleur de l’accueil local.
Installés à l’Hôtel El Mouradi, nous réalisons que cette halte constitue plus qu’un simple hébergement : c’est un refuge élégant et serein, idéal pour recharger nos batteries avant de reprendre, demain, la route vers de nouvelles aventures aux confins du Sahara.
LES LIENS VERS LES PHOTOS
FAUNE ET FLORE
LES LIENS
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