Madiaba, la cascade oubliée du grand Niari CONGO +

Le lendemain, un dimanche matin baigné de lumière, nous quittons Dolisie avec l’envie d’explorer les alentours. Notre objectif du jour : rejoindre les chutes de Madiaba, nichées quelque part dans les profondeurs du département du Niari. Pleins d’enthousiasme, nous suivons les indications de Google Maps qui, une fois de plus, se révèlent capricieuses. Après Mikokoti, la route goudronnée s’efface, remplacée par une piste poussiéreuse, sinueuse, qui s’enfonce dans une savane broussailleuse. D’abord praticable, la voie devient bientôt trop étroite, envahie par les herbes hautes, les termitières et des fourrés épais. Les arbres paraissent s’être concertés pour barrer le passage. L’illusion de pouvoir continuer s’évanouit au détour d’un virage, et nous rebroussons chemin, quelque peu frustrés.
Heureusement, à Manga Kala, un homme nous renseigne avec une précision précieuse : la seule voie d’accès viable part de la P2, juste après l’aéroport de Dolisie. Nous reprenons la route, et cette fois, la piste est bien balisée, relativement stable, traversant un patchwork de plantations de manioc, d’ignames et de champs en friche. En chemin, nous croisons quelques enfants, pieds nus, qui nous saluent en riant, une houe ou un fagot de bois sur l’épaule.
Nous atteignons le village de Sossi vers 10h30. Le soleil est déjà haut, écrasant les toitures de tôle des quelques cases du village. Sossi semble hors du temps. Quelques chèvres rôdent librement entre les habitations, des femmes lavent du linge dans un seau en plastique, des enfants courent autour d’un vieux ballon dégonflé. La place centrale est ombragée par un majestueux fromager, arbre emblématique des zones humides du Congo, autour duquel les villageois se rassemblent souvent pour discuter.
Comme le veut la tradition, nous nous présentons au chef de village (Libali – Makita que vous pouvez contacter directement par WhatsApp au 066490834 . Il pourra organiser votre transfert) . L’accueil est chaleureux. En échange du droit d’entrée sur le site et des services d’un guide, nous réglons 25 000 FCFA, un prix forfaitaire qui inclut également la garde du véhicule et une contribution à la communauté. Le chef nous glisse, avec le sourire, qu’il est d’usage d’apporter aussi une caisse de vin rouge et quelques ballons de football, denrées toujours très appréciées.
Nous faisons la connaissance de nos guides : Jean-Sébastien et Hervé, deux hommes du village, à la fois timides et passionnés. Nous nous engageons ensemble sur le sentier qui mène aux chutes, environ 5 kilomètres à travers des paysages changeants.
Au départ, la piste serpente à travers la savane, entre hautes herbes dorées, figuiers sauvages et acacias dont les branches tortueuses accueillent parfois le nid d’un tisserin. Les premiers kilomètres sont relativement faciles, si ce n’est la chaleur écrasante. Hervé nous raconte qu’à la saison des pluies, cette plaine se transforme en un marécage, difficilement franchissable. Les termitières coniques ponctuent le paysage, rappelant l’activité incessante des minuscules bâtisseurs.
Puis soudain, la végétation change. Une transition progressive, presque imperceptible, nous fait basculer dans la forêt de Mayombe. L’ombre se referme sur nous, l’air devient plus humide, plus dense. Des lianes descendent des arbres en tresses serrées, les racines émergent du sol comme des veines épaisses. La forêt ici est une cathédrale verte, vivante, bruissante. On y croise le scentifolia, le bois rouge, les colas, les musanga, les palmiers à huile, les rotins… Un monde végétal d’une richesse extraordinaire, encore largement méconnu.
Jean-Sébastien, le plus loquace, nous parle avec fierté des espèces protégées, de la nécessité de préserver cette forêt. « Si les gens coupent tout pour planter du manioc, il n’y aura plus rien pour les enfants, » dit-il d’un ton grave. Il déplore l’absence de contrôle effectif, les coupes illégales, mais espère que l’éco-tourisme pourra contribuer à inverser la tendance. Nous parlons aussi de la vie au village, des difficultés du quotidien, de médicaments, des longues marches jusqu’à l’école pour les plus jeunes. Et puis soudain, dans cette conversation à cœur ouvert, une coïncidence amusante surgit : comme Hervé, nous avons des jumeaux. Échange de rires, de sourires complices, un pont inattendu entre nos vies si différentes.
Quelques ruisseaux coupent le chemin. Il faut passer sur des troncs glissants, sauter de pierre en pierre, parfois s’aider de nos mains. L’humidité est partout, les moustiques aussi. Pas de martins-pêcheurs en vue aujourd’hui, ni de singes hurleurs – peut-être la chaleur les a-t-elle rendus discrets. Mais le chant des cigales et le crissement des feuilles nous enveloppent comme une respiration.
Enfin, le grondement lointain de l’eau annonce notre arrivée. Nous débouchons sur une clairière où se dressent les chutes de Madiaba. Majestueuses. L’eau se précipite d’une hauteur d’une quinzaine de mètres en une gerbe blanche, avant de rebondir sur des rochers sombres recouverts de mousse. À la base, un bassin se forme, peu profond, où l’eau tourbillonne. Pas de baignade aujourd’hui – le débit est trop puissant et le sol trop glissant. Mais l’endroit est d’une beauté saisissante. Tout autour, les fougères arborescentes, les ficus géants et les papayers sauvages forment un écrin luxuriant. On se sent minuscule, émerveillé.
Nous restons un long moment à contempler cette cascade, à écouter son chant grave et régulier, comme un vieux tambour qui bat dans le ventre de la forêt. Il n’y aura pas de déjeuner ici – nous n’avons rien emporté – mais nos cœurs sont pleins. De silence, de beauté, de gratitude.
FAUNE ET FLORE
J 1108 CORDONBLEU D’ANGOLA Uraeginthus angolensis DOLISIE NIARI CONGO
J 1108 Belonogaster juncea RESTAURANT PK150 DOLISIE NIARI CONGO
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LES LOGEMENTS
MESS CAPS
À notre arrivée à Dolisie, après avoir roulé depuis Brazzaville à bord de notre Raptor, puis fait escale à Nkayi, nous découvrons le Mess CAPS, dissimulé derrière une façade sobre mais soignée. L’endroit ne paie pas de mine au premier regard, mais il suffit de franchir le seuil pour pénétrer dans un petit havre de paix niché au cœur de la ville.
La réception, baignée de lumière, s’ouvre d’un côté sur une salle de restaurant conviviale, et de l’autre sur un espace détente inattendu : une piscine de taille modeste mais d’une propreté irréprochable, entourée de carrelage clair et de quelques transats. À proximité, un baby-foot invite à des parties endiablées, tandis qu’un petit salon lounge, meublé de fauteuils en osier, prolonge l’atmosphère de repos. Une cabane surélevée en bois, au toit de tôle ondulée, trône au fond du jardin : les enfants l’adoptent aussitôt comme base d’observation, tandis que les adultes y voient un perchoir agréable pour lire ou discuter à l’ombre.
Nos deux chambres, réservées pour trois nuits (120 000 FCFA au total), se trouvent dans un bâtiment voisin, à quelques pas du parking. À l’ouverture de la porte, une sensation immédiate de fraîcheur et de confort nous enveloppe. Les lits king-size, impeccablement faits, trônent au centre de la pièce. Les draps , repassés avec soin, contrastent avec les boiseries sombres de l’armoire spacieuse. Chaque chambre est équipée d’un coin bureau discret mais fonctionnel, idéal pour étudier cartes ou récits de voyage. La climatisation, silencieuse et efficace, promet des nuits paisibles.
Dans la salle de bains, le carrelage clair reflète la lumière naturelle. La douche à l’italienne offre une pression d’eau généreuse – un luxe que nous n’apprécions que mieux après la chaleur de la route. Les serviettes, épaisses et moelleuses, sont accompagnées de petits savons artisanaux à base d’huiles locales. Un large miroir au cadre en bois complète cet espace simple mais soigné, pensé pour le confort sans excès.
Le rez-de-chaussée du Mess CAPS réserve d’autres agréments. Un patio ombragé, au mobilier de rotin patiné par les ans, accueille nos fins d’après-midi. Nous y sirotons des jus de bissap ou des sodas locaux tout en laissant filer le temps, bercés par le bruissement lointain de la ville.
Les murs sont décorés de photographies anciennes de Dolisie, et de portraits en noir et blanc de l’ancien propriétaire des lieux – autant de clins d’œil à l’histoire congolaise qui donnent à l’endroit une âme discrète mais bien présente.
Grâce à son emplacement central, le Mess CAPS nous permet de partir à pied explorer les rues de Dolisie. Entre les échoppes de tailleurs, les vendeurs de fruits installés sous des parasols en toile délavée, et les petits marchés couverts, chaque promenade devient un prétexte à la découverte. Le soir, nous retrouvons toujours avec plaisir notre paisible retraite, ravis de savourer un dîner servi avec simplicité mais préparé avec soin, à base de produits locaux.
Ce logement, pratique sans être impersonnel, confortable sans être ostentatoire, et sincèrement accueillant, s’impose comme le point de chute parfait pour goûter les charmes discrets de Dolisie, au rythme tranquille et chaleureux de la vie congolaise.
LES LIENS VERS LES PHOTOS
J 1107 Piste de Dolisie, poumon vert du Niari CONGO
TENTATIVE DE REPARATION DE NOTRE SYSTEME DE FREINS A BRAZZAVILLE
LES LIENS
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