Calliandra haematocephala Arbre aux houppettes +

En remontant vers la sortie de Limbé, au Cameroun nous avons été arrêtés net par la vue d’une fleur solitaire, posée telle une gemme rose sur l’écorce sombre d’un tronc d’arbre. Immédiatement, elle nous a rappelé les fleurs du jamboissier rouge, mais son ton était plus délicat, tendre et légèrement satinée : il s’agit finalement d’un Arbre aux houppettes, Calliandra haematocephala, que nous avions surpris le long de la côte ouest de Limbé. Un seul pompon floral, retenu à même le tronc, suffisait à révéler son identité : une explosion de filaments d’un rose vif, presque soyeux, rayonnant depuis un cœur minuscule. Chaque étamine, fine comme un cheveu, se détachait en gerbes légères, créant l’illusion d’une petite bombe florale prête à éclore.

L’arbuste, en situation sauvage comme ici, peut atteindre deux à trois mètres de hauteur, formant des touffes denses de feuilles bipennées d’un vert sombre. Nous avons remarqué que, malgré la proximité du rivage, il s’acclimatait parfaitement à l’air salin et à l’humidité ambiante, déployant ces houppettes florales presque toute l’année dès que le soleil venait réchauffer l’écorce. Son port buissonnant, avec ses nombreuses ramification basses, en fait une plante idéale pour l’ombrage d’un sentier ou la délimitation d’un jardin tropical.

Les habitants nous ont expliqué qu’on l’appelait « powderpuff » en anglais pour ses fleurs duveteuses, prisées des abeilles et des oiseaux-mouches qui butinent les étamines en rafales. La forme cauliflore, qui pousse ces inflorescences directement sur le vieux bois, renforce son caractère spectaculaire : chaque branche, même la plus ancienne, peut offrir un de ces pompons roses. En observant la lumière jouer sur les filaments, nous avons compris que cet arbre est un véritable aimant à vie sauvage, transformant un simple tronc en scène animée de pollinisateurs.

Au retour, c’est l’image de cette seule fleur, si délicate et pourtant si lumineuse sur l’écorce sombre, qui reste gravée dans nos esprits. Calliandra haematocephala nous rappelle combien la nature camerounaise réserve sans cesse des surprises : un arbre discret à l’ordinaire devient, en un instant, la plus belle démonstration de féérie botanique.