Bombay, la ville qui ne dort jamais Inde du Sud +

À notre arrivée à Bombay, nous sommes immédiatement saisis par le contraste saisissant de la ville. L’ancienne capitale coloniale, devenue Mumbai, nous apparaît comme une mégapole à la fois vibrante et chaotique, où l’élégance des bâtiments victoriens se frotte aux faubourgs les plus modestes. L’air saturé de klaxons, de poussière et d’odeurs d’épices nous enveloppe dès la sortie de l’aéroport, et nous avons le sentiment d’entrer dans une ruche en perpétuelle effervescence.
De la Gateway of India aux ruelles de Colaba : un premier regard sur Bombay
Nous commençons notre immersion dans le quartier de Colaba. À peine quelques pas dans ses ruelles, et nous découvrons les bidonvilles accrochés aux façades, les toits de tôle et les enchevêtrements de fils électriques qui se superposent à l’architecture coloniale décrépite. Partout, des enfants rieurs, des vendeurs ambulants qui proposent des fruits découpés, du thé brûlant, des babioles brillantes. Ce premier contact avec la réalité des quartiers pauvres nous bouleverse autant qu’il nous fascine.
Tout près de Horniman Circle, l’animation est constante. C’est là que nous nous arrêtons chez un coiffeur de rue, une petite échoppe ouverte où le miroir fendillé tient lieu de décor. L’homme, concentré, nous installe sur une chaise de bois branlante, et d’un geste sûr il fait chanter ses ciseaux. La coupe devient un véritable spectacle, entouré de curieux amusés. Le barbier propose aussi, comme le veut la tradition, un massage énergique du cuir chevelu et des épaules, qui nous laisse étourdis mais revigorés.
Nous reprenons ensuite notre marche le long de Colaba Causeway, cette grande artère où la vie se déploie à chaque mètre. Les trottoirs débordent d’étals de vêtements, de bijoux fantaisie, de sacs colorés et de mille objets improbables. Les passants se frayent un chemin dans un désordre organisé où se croisent touristes, étudiants, marchands et mendiants. La rue est un spectacle permanent : cris des vendeurs, appels des chauffeurs de taxi, rires d’enfants et musique sortie des haut-parleurs.
Le Crawford Market nous ouvre ensuite ses portes. C’est un labyrinthe de halles couvertes, hérissé de structures métalliques et de vitraux colorés hérités de l’époque victorienne. À l’intérieur, les odeurs d’épices, de fruits mûrs, de fleurs et parfois d’animaux se mélangent dans une confusion enivrante. Nous observons les raseurs de rue, installés sur un coin de trottoir avec leur boîte de bois, leur miroir et leur coupe-chou. Le geste est précis, presque cérémonial, et les clients patientent avec confiance dans ce décor bruyant. À quelques ruelles de là, nous tombons sur le souk des teinturiers, où des bacs remplis de pigments vifs colorent les tissus que les artisans frappent, trempent et suspendent à sécher. Les couleurs s’accrochent partout, jusque sur les mains des hommes qui sourient en nous saluant.
Au détour d’une rue, la Gateway of India surgit, imposante et solennelle face à la mer d’Oman. Ce gigantesque arc de triomphe, construit en basalte, symbolise à la fois la fierté coloniale et le départ des derniers Britanniques en 1948. Autour, une foule dense se presse : familles venues prendre la brise du soir, marchands de souvenirs, photographes à l’ancienne avec leurs appareils à soufflet. Juste en face, se dresse l’élégant Taj Mahal Palace Hotel, icône d’un luxe raffiné, dont les façades blanches et la coupole rouge contrastent avec l’agitation populaire qui l’entoure.
Nous prolongeons la visite par le Prince of Wales Museum, aujourd’hui appelé Chhatrapati Shivaji Maharaj Vastu Sangrahalaya. Derrière ses coupoles indo-sarrasines et ses jardins ombragés, nous découvrons des salles où s’entassent sculptures hindoues et bouddhiques, miniatures persanes, armes anciennes et antiquités venues d’Asie. La richesse des collections nous plonge dans un voyage dans le temps qui raconte autant l’histoire de l’Inde que celle de ses échanges avec le reste du monde.
En fin de journée, nous rejoignons le Victoria Terminus, aujourd’hui Chhatrapati Shivaji Maharaj Terminus, une gare monumentale classée au patrimoine mondial. Sa façade de pierre, hérissée de tourelles et de vitraux, est une œuvre d’art gothique. Le flot humain qui circule sous ses arches nous donne le vertige : des milliers de voyageurs pressés, des porteurs chargés de ballots, des vendeurs ambulants. Nous sommes happés par cette marée humaine qui illustre mieux que tout la vitalité de Mumbai.
Et puis, à la tombée de la nuit, la ville nous offre une surprise inattendue. Près de l’université, nous tombons sur une fête de rue, en ce 13 février 2011. Les tambours résonnent, les chants se mêlent aux rires, et les danses improvisées rassemblent les habitants dans une atmosphère électrique. Les guirlandes lumineuses, les pétards qui éclatent, les sourires généreux et la joie communicative transforment cette soirée en apothéose. Nous nous laissons emporter par cette célébration spontanée, mêlés à la foule comme si nous faisions partie du quartier depuis toujours.
Ainsi s’achève notre première journée à Bombay, une immersion totale dans une ville qui ne cesse de se réinventer sous nos yeux. Entre héritage colonial et vitalité populaire, luxe et pauvreté, traditions et modernité, Mumbai nous a déjà conquis par son énergie unique et son infinie complexité.
Entre baie, jardins suspendus et temples sacrés
Au petit matin, nous longeons Marine Drive, cette large promenade en arc de cercle qui épouse la courbe de Back Bay. L’air marin, encore frais, contraste avec l’agitation de la circulation, et nous marchons au rythme des joggeurs et des familles qui profitent de cette respiration urbaine. La vue s’ouvre sur la baie, bordée d’immeubles Art déco classés à l’UNESCO, tandis que les vagues viennent mourir contre les rochers noirs. La promenade est surnommée le “collier de la reine” quand ses lampadaires s’illuminent le soir, mais même au matin, elle dégage une élégance fascinante.
Nous gagnons ensuite Churchgate, où nous assistons à l’un des spectacles les plus étonnants de la ville : l’organisation millimétrée des dabbawallahs. Ces livreurs, reconnaissables à leurs casquettes blanches, transportent chaque jour des dizaines de milliers de gamelles métalliques — les dabba — remplies de repas faits maison, qu’ils livrent dans les bureaux de Mumbai. Le ballet est impressionnant : paniers, vélos, trains de banlieue, tout s’enchaîne avec une précision infaillible, sans technologies modernes. Nous restons bouche bée devant cette logistique humaine unique au monde, inscrite d’ailleurs au patrimoine immatériel de l’Inde.
La chaleur montant, nous grimpons vers Malabar Hill, où nous découvrons les célèbres Hanging Gardens. Ces jardins suspendus, aménagés au XIXᵉ siècle, offrent une vue panoramique sur la baie et Marine Drive en contrebas. À l’ombre des arbres centenaires, nous déambulons entre les haies sculptées en formes d’animaux, les allées fleuries et les points de repos prisés des habitants. Dans ce coin verdoyant, la ville semble soudain s’apaiser.
En poursuivant notre chemin, nous parvenons à un temple jaïn aux lignes délicates, orné de marbre blanc et de sculptures minutieuses. L’intérieur, baigné de lumière, invite au silence et à la contemplation. Nous découvrons un univers spirituel raffiné, fait de rituels précis et de symboles liés à la non-violence et à la pureté.
Un peu plus loin, nous faisons halte au Mahalakshmi Temple, dédié à la déesse de la richesse et de la prospérité. Ses marches sont animées par les dévots qui viennent offrir fleurs et noix de coco en prière. L’ambiance est vibrante, pleine de ferveur, et nous nous laissons porter par la beauté des chants et des gestes.
En fin de journée, nous rejoignons l’un des sites les plus emblématiques de Mumbai : le mausolée de Haji Ali. Posé sur un îlot accessible à marée basse, ce sanctuaire blanc, dédié à un saint soufi du XVe siècle, semble flotter entre ciel et mer. Le chemin qui y mène, bordé de pèlerins et de marchands, nous plonge dans une atmosphère à la fois mystique et populaire. Alors que le soleil décline et embrase la baie, nous ressentons toute la diversité spirituelle et culturelle de Bombay.
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EXCELLENT SEA RESTAURANT BOMBAY
Nous avons poussé la porte d’« Excellent Sea » sans tout à fait savoir à quoi nous attendre, guidés par un nom qui promettait mer et promesse. Installé dans une ruelle calme non loin de Horniman Circle, au cœur du vieux Fort de Bombay, le restaurant joue immédiatement sur l’équilibre entre simplicité et soin : nappes claires, quelques filets de décoration marine, et une odeur salée qui annonce tout de suite l’essentiel — le poisson et les crustacés. Horniman Circle, avec ses jardins circulaires et ses bâtiments coloniaux, fait office de repère : autour, la vieille ville bruisse, les bureaux se vident en fin de journée et les restaurants de fruits de mer se réveillent.
Le menu d’« Excellent Sea » est sans prétention mais précis : peu d’entrées, quelques plats principaux de poisson, et une section entièrement dédiée aux crabes — cuits au beurre, au curry, à la vapeur, ou transformés en soupe. Nous avons choisi d’y commencer : la soupe de crabes, dite « house crab soup », arrive en fumée, dans une grande soupière en porcelaine bleue qui rappelle l’océan. Dès la première louche, nous sommes saisis par la profondeur aromatique : le bouillon est corsé sans être gras, un fond de fumet de crustacé concentré (carapace déglacée, tête de crevette, têtes de poisson) mêlé à un filet de tamarin et à une pointe de piment — un équilibre très mumbaiote où l’acidité, le salé et le piquant se répondent sans s’écraser. Les morceaux de crabe sont généreux : chair filandreuse, goût iodé et une texture qui se délite délicatement dans la bouche. Quelques herbes fraîches (coriandre, fenugrec en touche) et un filet d’huile de curry complètent le tout. Nous notons la maîtrise technique : la soupe est à la fois réconfortante et structurée, capable de ravir le palais d’un connaisseur comme la curiosité d’un voyageur.
L’ambiance au moment du service est conviviale. Le personnel connaît les plats et conseille avec assurance : « prenez la soupe en entrée, puis partagez un plat principal à quatre », nous dit le serveur en nous détaillant la provenance des crabes — souvent pêchés localement — et la manière dont la cuisine travaille la fraîcheur. Les assiettes suivantes confirment l’impression : riz sauté aux parfums de cardamome, curry de crabe à la noix de coco riche mais jamais lourd, et une version locale de « crab masala » où la chaleur des épices épouse la douceur naturelle du crustacé. Mumbai, ville portuaire, revendique une tradition maritime très vivante ; ses restaurants de fruits de mer jouent avec les influences malvani, konkani et goanaise, et l’« Excellent Sea » n’échappe pas à ce brassage savoureux.
Côté pratique, la visite se prête bien à une pause après une promenade autour des jardins de Horniman Circle : le quartier de Fort est central et accessible, et il est agréable d’y réserver une table pour dîner — l’affluence monte en soirée, quand le personnel de bureau se presse pour un repas rapide et aromatique. L’addition peut varier selon le choix des crabes (les crabes vivants ou les préparations au beurre/masala sont souvent plus onéreuses), mais le rapport qualité-prix nous a semblé juste pour la fraîcheur et l’exécution. Nous recommandons chaudement de commander la soupe comme mise en bouche : elle révèle la personnalité du lieu, sa capacité à travailler la mer en profondeur aromatique.
Quelques conseils avant d’y aller : venir à plusieurs pour partager, réserver si vous venez après 19 h, et prévoir une serviette ou des lingettes — manger du crabe reste un petit exercice rituel et salissant, mais joyeux. Demandez aussi au serveur la version la moins piquante si vous voyagez avec des convives peu habitués aux épices indiennes ; la cuisine sait moduler la force des condiments sans perdre son âme. Enfin, accompagnez la soupe d’un pain local ou d’un riz vapeur : le contraste de textures est un vrai plaisir.
En quittant « Excellent Sea », nous gardons l’image d’un lieu qui privilégie le produit et l’équilibre des goûts plutôt que les effets de mise en scène ; la soupe de crabes, dense et savoureuse, reste le souvenir gustatif le plus net. Si tu souhaites que j’adapte l’article — en version plus courte pour un guide, en version critique plus pointue (notes sur cuisson, intensité des épices, technique de décorticage) ou en anglais — dis-le moi et je t’envoie la variante immédiatement. Si tu veux aussi que je cherche l’établissement exact et ses coordonnées en ligne, donne-moi une indication supplémentaire (photo, adresse approximative ou orthographe alternative) et je ferai une recherche ciblée.
RESTAURANT DU FARIYAS HOTEL
Nous dînons ce soir-là au restaurant de l’hôtel Fariyas, heureux de retrouver un peu de chaleur après nos errances dans la ville. L’ambiance est posée : lumières douces, boiseries et bruits feutrés de fourchettes qui s’entrechoquent, tandis que la salle, ouverte et rythmée par le va-et-vient du service, laisse filtrer des notes musicales indiennes en sourdine. Installés à une table centralisée, nous sentons tout de suite que la soirée sera consacrée aux produits de la mer et aux grillades — et la promesse se matérialise dès l’arrivée des premiers plats.
La table se couvre bientôt de petites assiettes et de planches chaudes : plusieurs brochettes et morceaux grillés, bien marqués par le feu, laissent deviner une cuisson tandoori ou au barbecue; la viande (probablement du poulet) joue sur des couleurs roussies, rouges et caramélisées, tandis que des boulettes allongées et des petites bouchées évoquent des kababs ou des pakoras revisités. À côté, trois coupelles blanches alignées portent des sauces contrastées — un chutney vert vif (menthe/coriandre), une sauce tamarin plus brune et acidulée, et un chutney rouge tomate-piment plus doux — qui offrent chacune un registre aromatique différent. Une bouteille de bière locale repose à portée de main : Kingfisher, qui vient parfaire le tableau d’un repas simple et convivial. La composition du plateau — feuilles de chou ou de salade en guise de lit, cuillères disposées pour prélever les sauces, portions à partager — nous invite à manger à la manière indienne : à plusieurs, en goûtant, en passant les assiettes.
La dégustation confirme l’impression visuelle : les brochettes sont juteuses, la viande a reçu juste ce qu’il faut d’épices pour être présente sans masquer la texture; les marinades laissent percevoir la fumée du grill, une pointe d’acidité et une discrète amertume d’agrumes ou de yaourt. Les sauces jouent leur rôle : la verte rafraîchit, la tamarin apporte la profondeur, la rouge relève. Les bouchées croustillantes alternent avec des morceaux plus fondants, et nous apprécions la précision du service — on nous conseille quel chutney marier avec tel morceau, on change les couverts, on apporte une petite salade pour alléger les sauces. Entre deux cuillerées nous bavardons, et la bière coule, désaltérante et neutre, permettant de remettre le palais à zéro entre deux épices.
Pour qui passerait une soirée similaire, nous recommandons de venir à plusieurs pour pouvoir commander plusieurs petites préparations et les partager, de demander au serveur les conseils d’accompagnement (quel chutney avec quelle brochette) et de garder une serviette à portée — manger ces plats peut être joyeusement salissant. Si vous cherchez une note sucrée finale, un dessert à base de lait et de cardamome ou un simple kulfi complèteront agréablement ce repas. En quittant la table, nous avons la sensation d’avoir partagé un moment chaleureux et sans prétention, où l’exécution des grillades et la qualité des sauces suffisent à faire d’un dîner d’hôtel une vraie découverte gustative.
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