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Bondoukou « La Ville aux Mille Mosquées » Côte d’Ivoire

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Ce matin, nous quittons Korhogo tôt pour rejoindre Bondoukou, une ville située dans le nord-est de la Côte d’Ivoire, près de la frontière avec le Ghana. Connue sous le nom de « ville aux mille mosquées » en raison de ses nombreux lieux de culte, elle est la capitale de la région du Gontougo. Bondoukou est un carrefour culturel où cohabitent diverses ethnies, notamment les Abron, les Nafana et les Koulango, un mélange qui se reflète dans ses traditions, ses festivals et son riche artisanat, célèbre pour ses tissus tissés à la main et ses objets en bronze.

Après quelques heures de route, la voie bien asphaltée jusque-là commence à se dégrader peu avant Bouaké, se transformant en une piste poussiéreuse et parsemée d’ornières. Le passage de l’asphalte à la piste ralentit notre avancée, et le trajet devient plus éprouvant. Toutefois, les paysages du nord ivoirien, avec leurs champs de cultures et villages pittoresques, nous réconfortent et rendent le voyage plus agréable.

En arrivant à Groumania, la piste se dégrade encore davantage avec de profonds trous boueux. Nous commençons à nous inquiéter, surtout pour la traversée du fleuve Comoé. La route, rarement empruntée par des véhicules, semble presque impraticable. Heureusement, nous sommes brièvement rassurés en apercevant un pont relativement récent, que nous traversons sans encombre. La piste s’élargit ensuite, et nous reprenons confiance.

Mais à peine un kilomètre plus loin, la surprise est totale : la route est complètement inondée, avec plus de 70 cm d’eau sur plusieurs mètres ! Impossible de traverser avec le moteur allumé sans risquer de noyer le véhicule. Heureusement, des locaux, habitués à ces conditions, interviennent et nous proposent de pousser notre Raptor à cinq, nous aidant ainsi à franchir cette section inondée. Ce moment incroyable, où nous voyons notre véhicule avancer grâce à leur force, restera gravé dans nos mémoires.

En continuant notre route, nous sommes impatients de découvrir Bondoukou, cette ville riche en histoire, qui a joué un rôle central à l’époque précoloniale en tant que centre de commerce et de culture. Ses marchés animés, où l’on trouve fruits tropicaux, épices et artisanat, témoignent de la vitalité de la région. Entourée de magnifiques paysages naturels, avec des forêts et des collines idéales pour la randonnée, Bondoukou offre une autre facette de la Côte d’Ivoire, loin de l’agitation des grandes villes côtières comme Abidjan.

VISITE DE LA VILLE

Ce matin, nous profitons d’un soleil radieux pour partir à la rencontre des singes de Soko. Pleins d’enthousiasme à l’idée de les observer, nous arrivons sur place, mais malheureusement, on nous informe qu’il est préférable de revenir en fin d’après-midi pour avoir plus de chances de les voir. Déçus, mais pas découragés, nous rebroussons chemin et décidons de mettre ce temps à profit pour explorer Bondoukou.

La ville, avec ses rues calmes et ses habitants souriants, nous offre une ambiance sereine. Nous nous baladons tranquillement, découvrant ici et là les mosquées de style soudanais, les marchés locaux et quelques monuments historiques qui témoignent de la riche histoire de la région. Bondoukou, souvent appelée « la ville aux mille mosquées, » révèle peu à peu son charme, et nous sommes heureux de pouvoir l’explorer à notre rythme avant de retenter notre chance auprès des singes plus tard dans la journée.

LA MAISON DE BINGER

Ce matin, après avoir tenté sans succès d’observer les singes de Soko, nous décidons de consacrer notre temps à la découverte de Bondoukou et de ses trésors historiques. Parmi les sites incontournables figure la maison de Louis-Gustave Binger, un lieu chargé d’histoire que nous tenions absolument à visiter. Binger, cet explorateur français emblématique, est une figure majeure de l’histoire de l’Afrique de l’Ouest. Savoir qu’il avait résidé ici attise notre curiosité.

En nous baladant dans la ville, nous arrivons dans une petite cour familiale où se trouvent les ruines de ce qui fut autrefois la maison de Binger. C’est ici qu’il séjourna en décembre 1888, accueilli par Moustapha Ouattara, un riche marchand d’esclaves. Bien que la maison soit aujourd’hui délabrée, nous ne pouvons nous empêcher de nous arrêter pour imaginer ce qu’elle représentait autrefois. La structure, malgré l’usure du temps et les intempéries, laisse encore deviner l’architecture coloniale, un savant mélange de styles européens et locaux. Les claustras triangulaires rappellent le style soudanais traditionnel, tandis que les murs effondrés portent encore les traces de cette époque où Bondoukou était un carrefour de l’exploration et des échanges entre les royaumes locaux et les colons français.

Nous restons un moment, contemplant ces vestiges et nous imaginons Binger, installé ici pendant ses missions, s’apprêtant à partir pour de longues expéditions dans des territoires encore inexplorés à l’époque. Ce lieu, même dans son état actuel, fait revivre une partie de l’histoire franco-ivoirienne. Binger a laissé une empreinte indélébile en Côte d’Ivoire, notamment à travers ses cartes qui ont joué un rôle clé dans la colonisation française. Et là, face à ces ruines, nous ressentons le poids de cette époque. Même si la maison est aujourd’hui utilisée comme un dépôt pour le bois de chauffe et des ustensiles abandonnés, elle demeure un témoignage tangible de l’impact qu’a eu l’exploration sur cette région et ses habitants.

La doyenne de la famille qui habite la cour nous accueille avec un sourire chaleureux, malgré la tristesse qu’elle éprouve face à l’indifférence des autorités locales pour ce patrimoine en péril. Elle plaisante en disant que si Binger revenait aujourd’hui à Bondoukou, il préférerait sûrement séjourner à l’hôtel plutôt que dans cette vieille case devenue insalubre. Mais sous cette plaisanterie se cache une amertume face à la dégradation du lieu, et elle nous confie qu’ils ne pourront plus longtemps tenter de préserver la maison par leurs propres moyens. Le panonceau de ciment, sur lequel il est inscrit « Ici logea le capitaine Binger lors de sa première exploration de la Côte d’Ivoire en 1888 », est peut-être la seule preuve visible de l’histoire qui s’est déroulée ici.

Après avoir contemplé les vestiges de cette maison historique, nous poursuivons notre exploration de Bondoukou, fascinés par la richesse de son passé, qui se cache derrière chaque bâtiment, chaque rue. Ce lieu, bien plus qu’un simple site en ruine, symbolise l’importance de préserver la mémoire, même face à l’indifférence du temps et des hommes.

LA MOSQUEE DE SAMORY TOURE

Après notre passage aux ruines de la maison de Binger, nous poursuivons notre immersion dans l’histoire de Bondoukou en visitant l’ancienne mosquée de Samory Touré, située non loin de la « case » de Binger. Ce bâtiment a nettement plus fière allure, bien qu’il porte lui aussi les stigmates du temps, témoignant d’un manque d’entretien. L’histoire qui entoure cette mosquée est complexe, car il est difficile de savoir si Samory Touré, le célèbre chef militaire et résistant ouest-africain, y résida ou non. Certains soutiennent qu’il y pria lors de ses passages à Bondoukou ; d’autres, qu’il n’y passa même pas une nuit.

Cependant, une chose est certaine : c’est à Aboubacar Touré, un riche commerçant de l’époque, que l’on doit cet édifice construit en 1800. Ce dernier faisait affaire entre le Mali, le Ghana et le Burkina Faso, et aurait érigé la première maison à deux niveaux de la ville. Les vestiges de cet étage sont encore visibles à travers quelques poutres en rôniers, ainsi que les traces de l’escalier en terre battue qui menait autrefois au second niveau. Un détail intéressant de la construction : afin de rendre les briques de terre plus résistantes et mieux étanches, elles furent mélangées à du beurre de karité.

Aujourd’hui, tout comme la maison de Binger, la mosquée de Samory est un bâtiment à ciel ouvert dont l’état de ruine avancé empêche d’identifier clairement les différentes pièces qui la composaient autrefois. Malgré tout, elle reste une relique silencieuse, trônant fièrement au milieu d’un quartier plein de vie, entourée d’arbres et baignée par les rires d’enfants et les conversations joyeuses. Ce charme indéniable, renforcé par l’histoire et la culture locale, confère à l’endroit une aura de respect et de mystère.

Pour mieux comprendre et apprécier cet héritage, nous demandons à rencontrer Abdramane Touré, petit-fils d’Aboubacar Touré, qui veille aujourd’hui sur cette maison. En nous guidant à travers ces vestiges, il nous raconte l’histoire de sa famille, les légendes qui entourent la venue de Samory Touré, et l’importance de préserver ces traces du passé pour les générations futures. C’est un moment riche en émotion, qui nous plonge dans la profondeur historique de Bondoukou, entre légende et réalité, dans un cadre où le passé continue de dialoguer avec le présent.

LES SINGES SACRES DE SOKO

Lors de notre passage à Soko, nous faisons une découverte surprenante : la pintade blanche, une variété rare et particulière de cet oiseau que nous n’avions encore jamais rencontrée. Contrairement à la pintade commune, généralement grise avec des taches blanches, celle-ci arbore un plumage entièrement blanc, lui conférant une allure singulière. C’est un spectacle fascinant de voir ces oiseaux évoluer dans leur environnement naturel, un véritable trésor pour les amateurs d’ornithologie. La présence de cette pintade blanche ajoute une touche de mystère à la faune locale, déjà si riche et variée. Nous avons également la chance de retrouver le coucal du Sénégal, un oiseau fascinant qui nous rappelle notre précédente rencontre lors d’une promenade en charrette près de l’Ecolodge du Simal dans le delta du Saloum, au Sénégal. C’est un plaisir de l’observer à nouveau dans ce cadre naturel.

DONS DE MEDICAMENTS ET PANSEMENTS AU VILLAGE DE SOKO

À notre arrivée à Soko, nous avons pris contact avec Ibrahim, le représentant du responsable du village, au +225 07 59 37 18, afin de mieux comprendre les besoins de cette communauté très isolée, située à la frontière du Ghana. Sensibles à leur situation, nous avons décidé d’apporter notre aide en faisant don de pansements, médicaments, compresses et appareils de test de glycémie, dans l’espoir de contribuer à améliorer les conditions de santé locales.

Comme à notre habitude, nous avons insisté sur l’importance de préserver ces dons pour les plus nécessiteux, ceux qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins d’accès aux soins. Nous veillons à ce que ces ressources soient distribuées de manière équitable et prioritaire aux personnes les plus vulnérables.

Nous en profitons également pour exprimer notre gratitude envers nos généreux donateurs en France, qui rendent ces actions possibles. Un merci tout particulier à Johanne, fidèle contributrice, toujours présente à chacun de nos retours pour collecter non seulement des médicaments, mais aussi des peluches, des bijoux pour enfants, des vêtements et d’autres articles essentiels, apportant ainsi un peu de réconfort à ceux qui en ont le plus besoin.

LES SINGES SACRES

Mais c’est à Soko que nous rencontrons enfin les singes sacrés, une expérience mémorable qui nous émerveille. Situé à seulement 7 km de Bondoukou, près de la frontière ghanéenne, le village de Soko, dont le nom dérive de « koulango sokolo », signifiant « le chemin des éléphants », est un lieu fascinant. Paradoxalement, ce ne sont pas les éléphants qui y sont vénérés, mais bien les singes, au nombre de deux espèces : les cercopithèques et les patras. Les habitants de la localité ont établi une complicité avec ces animaux qui va bien au-delà du simple apprivoisement.

À notre arrivée, nous découvrons une petite forêt préservée où ces singes évoluent librement, interagissant naturellement avec les villageois. Les singes sortent tous les jours, attirés par l’alimentation que les locaux leur donnent. Ils se nourrissent de fruits, de légumes et d’autres aliments que les villageois leur apportent, mais bien sûr, ils ne consomment pas de viande, de poissons ni d’aliments épicés. Leurs comportements espiègles et curieux nous séduisent, et nous passons un moment à les observer jouer et se déplacer avec agilité entre les branches.

Lors de notre visite, nous rencontrons Ibrahim, le représentant du responsable du village, qui nous parle de ses projets pour l’avenir. Il envisage la construction de structures permettant d’alimenter plus régulièrement les singes, afin de s’assurer qu’ils restent localement et continuent d’évoluer en harmonie avec les habitants. Pour toute information, Ibrahim peut être contacté au +225 07 59 37 18.

Selon l’histoire du village, le chasseur d’éléphants Mélô, considéré comme le fondateur de Soko, aurait tissé des liens privilégiés avec ces mammifères après s’être perdu dans la forêt, faisant promettre à ceux qui l’ont rejoint de ne pas leur faire de mal sous peine de châtiment.

Une version plus mystique de l’histoire raconte que le féticheur du village aurait transformé les habitants en singes pour les sauver de l’armée de Samory Touré, laissant les descendants traiter tous les primates avec respect.

Les singes se déplacent avec aisance dans le village, où ils sont accueillis comme des membres de la communauté. Selon certains, les descendants de Mélô auraient même le devoir de partager leur repas avec eux, illustrant ainsi la symbiose entre l’homme et la faune

Deux espèces cohabitent ici : les cercopithèques de Lowé et des vervets verts

Cette rencontre avec les singes sacrés nous remplit de gratitude et d’émerveillement, renforçant notre appréciation pour la nature et la richesse culturelle de cette région. En nous éloignant, nous emportons avec nous des souvenirs précieux et l’envie de préserver ce lien unique entre l’homme et les singes, emblématiques de Soko.

LES LIENS VERS LES PHOTOS de la Côte d’Ivoire et de ses environs

J 822 DE KORHOGO A BONDOUKOU COTE D’IVOIRE

J 823 BONDOUKOU COTE D’IVOIRE

J 823 DONS DE MEDICAMENTS ET PANSEMENTS AU VILLAGE DE SOKO BONDOUKOU COTE D’IVOIRE

J 823 LES SINGES SACRES DE SOKO BONDOUKOU COTE D’IVOIRE

LA FAUNE LOCALE

J 823 LA PINTADE BLANCHE VILLAGE DE SOKO BONDOUKOU COTE D’IVOIRE

J 823 CERCOPITHEQUE DE LOWE VILLAGE DE SOKO BONDOUKOU COTE D’IVOIRE

J 823 VERVET VERT VILLAGE DE SOKO BONDOUKOU COTE D’IVOIRE

VIDEOS sur la Côte d’Ivoire et ses environs

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La Cuisine Ivoirienne

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RESTAURANT DE L’HOTEL IMANE BONDOUKOU

Le soir de notre arrivée, nous avons choisi de tester le restaurant de l’Hôtel Imane. Malheureusement, l’expérience a été quelque peu décevante. Nous avons rapidement constaté que le menu souffrait d’un manque de diversité, une situation similaire à ce que nous avions déjà remarqué à Bondoukou. En réalité, la carte, très basique, n’offrait que deux véritables options : poulet ou poisson grillé. Ce manque de choix nous a laissés sur notre faim, et bien que les plats proposés soient corrects, ils manquaient de saveur et de chaleur.

De plus, le restaurant ne proposait pas d’alcool, ce qui aurait pu apporter une touche de détente en fin de journée. Mais ce qui a le plus terni l’expérience, c’est le service. Nous l’avons trouvé froid, peu engageant, à l’image des plats eux-mêmes qui sont arrivés à table tièdes. Bien que l’endroit soit convenable pour un repas simple, nous espérions une ambiance plus chaleureuse pour cette première soirée.

RESTAURANT L’HORLOGE

Après notre expérience mitigée au restaurant de l’Hôtel Imane, nous avons décidé de tenter notre chance au restaurant L’Horloge à Bondoukou pour le déjeuner. Une fois de plus, nous avons constaté un choix limité sur la carte : encore une fois, seulement deux options principales, poisson ou poulet. Nous avons opté pour le poulet grillé, qui s’est avéré plutôt sec, malheureusement. Cependant, le cadre du restaurant est agréable et l’ambiance y est plus conviviale.

Un point positif : contrairement à notre expérience précédente, des boissons alcoolisées étaient disponibles, ce qui a apporté une touche plus détendue au repas. De plus, les prix sont extrêmement abordables. Pour quatre plats de poulet grillé accompagnés de frites et d’alloco, ainsi que les boissons, nous avons payé à peine 9000 FCFA. Une expérience plutôt satisfaisante dans l’ensemble, malgré la qualité moyenne du plat principal.

LES LOGEMENTS

HOTEL IMANE BONDOUKOU

Nous arrivons à Bondoukou en fin de journée, après un long trajet. La ville nous accueille avec ses collines et son atmosphère paisible, une véritable bouffée d’air frais après la route. Nous nous installons à l’Hôtel Imane, un établissement simple mais confortable, avec des chambres bien aménagées et une ambiance chaleureuse. La cour intérieure, bordée de palmiers, invite à la détente.

Bien que certaines chambres montrent des signes d’usure, notre suite est spacieuse, propre et offre tout le confort nécessaire pour se reposer. Le lit est particulièrement confortable, un luxe rare depuis notre arrivée en Côte d’Ivoire. La suite comprend également un petit salon, chacun équipé d’une télévision avec les chaînes françaises, ce qui nous permet de nous détendre pleinement après le voyage.

Un autre point fort de l’hôtel est sa piscine, très bien entretenue, qui semble idéale pour une baignade rafraîchissante. Nous comptons en profiter dès que possible. Cependant, nous remarquons que le restaurant souffre d’un manque de diversité dans ses plats. Le menu est assez limité, un problème courant à Bondoukou, mais les plats proposés restent tout à fait corrects.

En dépit de ce petit bémol culinaire, nous sommes ravis de notre installation à l’Hôtel Imane, qui constitue un excellent point de départ pour explorer Bondoukou et ses environs.

LES LIENS

 

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