Boulaouane et la région des Doukkalas : entre Tazotas et Kasbah oubliée Maroc +

Partis tôt de Sidi Rahal près de Casablanca, nous avons pris la route vers l’intérieur des terres, décidés à explorer la mystérieuse région de Boulaouane , sa kasbah et les Doukkalas, terre agricole par excellence mais aussi berceau d’un patrimoine méconnu. Notre premier objectif : retrouver les Tazotas, ces énigmatiques constructions en pierre sèche qui n’existent qu’ici, au Maroc. On en recense plus de 450, disséminées dans les champs et les collines, mais beaucoup sont à l’abandon, englouties par le temps ou utilisées comme abris de fortune pour les paysans. Malgré nos recherches, nous n’en trouverons aucune ce jour-là.
Ces édifices coniques, souvent formés de deux cylindres élargis à la base, suscitent encore des débats passionnés. Certains y voient la main des paysans marocains du XVIIᵉ siècle, qui auraient cherché à édifier des greniers et refuges solides sous le règne de Moulay Ismaïl. D’autres soutiennent qu’ils auraient été bâtis par des captifs portugais, espagnols ou français, contraints de travailler à la construction des kasbahs et des fortifications. La parenté architecturale avec les trulli des Pouilles en Italie ou les cabanes de pierre sèche du sud de la France entretient ce mystère. Étaient-ce de simples celliers, des abris pastoraux, ou bien des éléments d’un système défensif ? Rien n’est encore tranché.
La route se poursuit à travers des paysages apparemment monotones, immenses plaines agricoles où le blé et l’orge dominent. Mais bientôt, un spectacle saisissant s’impose à nous : le fleuve Oum Er-Rbia, ce ruban d’argent qui naît dans le Moyen Atlas et irrigue depuis des siècles les terres fertiles des Doukkalas. Nous l’avions déjà vu bondir à sa source, près de Khénifra, puis se perdre dans l’Atlantique à Azemmour. Ici, il serpente calmement, creusant un coude spectaculaire, annonçant l’entrée dans un territoire chargé d’histoire.
C’est sur un promontoire rocheux dominant cette boucle majestueuse que surgit la Kasbah de Boulaouane. Construite en 1710 par Moulay Ismaïl, ce sultan bâtisseur qui fit ériger Meknès et ses palais, elle avait pour fonction de contrôler la vallée et de sécuriser les convois qui reliaient Marrakech, Fès et la côte atlantique. Ses murailles massives, aujourd’hui ébréchées, rappellent la puissance de l’empire alaouite à son apogée.
À l’intérieur, on distingue encore l’organisation d’une véritable citadelle autonome :
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une mosquée dont le minaret, bien que fissuré, s’élève toujours comme un phare silencieux,
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une grande citerne qui permettait de stocker l’eau,
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des écuries et des entrepôts où l’on imagine le bruit des sabots et le va-et-vient des soldats,
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une tour résidentielle, autrefois richement décorée de zelliges et de stucs, témoignant de l’art raffiné qui se mêlait ici à l’architecture militaire.
Un élément nous fascine particulièrement : un passage secret qui descend en zigzag jusqu’au fleuve. Il permettait d’abreuver les bêtes ou de s’approvisionner en eau à l’abri des regards, même en cas de siège. Dans ce couloir obscur, nous imaginons les scènes d’autrefois : les soldats pressés, les chevaux hennissants, et au loin, le clapotis de l’Oum Er-Rbia.
Cette kasbah est la mieux conservée des 76 forteresses construites par Moulay Ismaïl avec l’aide de milliers d’esclaves : captifs européens faits prisonniers lors des razzias corsaires, esclaves noirs acheminés depuis le Sahel, Portugais et Espagnols retenus après les grandes batailles. Ironie de l’histoire : beaucoup retrouvèrent la liberté après des négociations entre le sultan et Louis XIV, certains choisissant de rentrer en Europe, d’autres de rester au Maroc en se convertissant à l’Islam. Boulaouane porte ainsi la mémoire d’un carrefour entre mondes africains, méditerranéens et européens.
Le site n’est pas seulement chargé d’histoire : il a aussi nourri des légendes. On raconte qu’en 1927, Antoine de Saint-Exupéry, alors pilote de l’Aéropostale, aurait survolé Boulaouane et été frappé par l’isolement et la majesté de cette forteresse solitaire, qu’il aurait évoquée dans certains de ses récits.
Depuis les remparts effondrés, la vue sur la vallée est grandiose. Mais l’accès est périlleux : pierres branlantes, murailles crevassées, minaret interdit. La nature reprend ses droits, et pourtant, la Kasbah résiste, figée entre ruine et éternité.
En quittant les lieux, nous croisons quelques enfants du village voisin, qui accourent pour nous saluer. Leurs sourires lumineux contrastent avec la rudesse du décor. Nous partageons avec eux quelques livres de français et de contes, heureux d’offrir un instant de découverte en retour de leur accueil spontané.
Le soleil est haut, mais en ce deuxième jour de Ramadan, aucun restaurant n’est ouvert. Nous avions prévu le coup : un panier-repas que nous dégustons à l’ombre, face au barrage qui barre le fleuve en aval. Le silence n’est troublé que par le souffle du vent et le chant d’oiseaux invisibles.
Cette journée dans les Doukkalas, entre mémoire et paysages, nous rappelle combien le Maroc recèle de trésors oubliés, loin des circuits touristiques classiques. Des tazotas mystérieuses aux kasbahs monumentales, chaque pierre raconte une histoire de civilisation, de puissance et de résilience.
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LES LOGEMENTS
APPARTEMENT CASABLANCA SIDI RAHAL CHEZ HIND
L’appartement Chez Hind à Sidi Rahal est un magnifique logement comprenant deux belles chambres : une double et une avec deux lits simples. Il dispose également de deux salles de bains, d’une grande pièce à vivre avec un salon confortable et un espace repas. Vous pourrez profiter de la télévision avec Netflix et d’une connexion Wi-Fi, bien que celle-ci puisse être un peu lente. La cuisine est bien équipée, bien que légèrement étroite.
Vous pourrez également apprécier les balcons offrant une vue sur la grande piscine du complexe, même si elle est ouverte uniquement hors saison.
L’appartement est situé au deuxième étage d’une résidence sécurisée avec un gardien, à seulement 45 minutes de Casablanca. Il est recommandé de prévoir vos propres serviettes par précaution.
L’hôte est très réactif et serviable, ce qui rend le séjour encore plus agréable.
Nous avons passé quatre nuits dans ce logement, qui offre sans aucun doute l’un des meilleurs rapports qualité-prix que nous ayons trouvé. Il sera certainement ajouté à notre liste des meilleures trouvailles.
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J 259 CASABLANCA ET LA MOSQUEE HASSAN II
J 260 LA REGION DES DOUKKALAS ET BOULAOUANE
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