Cercopithèque à diadème, Singe bleu, Singe argenté Cercopithecus mitis mitis +

Plus discrets que les grivets, le cercopithèque à diadème (Cercopithecus mitis) se sont montrés dès notre arrivée au Kissama Lodge, en Angola mais avec une prudence bien plus marquée. Leur pelage sombre, parfois tirant vers le gris-olive, rehaussé de marques faciales blanches, les rend aisément reconnaissables. Toujours en groupes, mais nettement plus réservés, ils s’égaillent rapidement à notre approche. Pourtant, en restant attentifs, nous avons pu les surprendre, camouflés dans la végétation autour du campement et le long de la piste du retour, en quête de fruits et de graines.
Aussi appelés singe bleu, singe argenté ou encore singe de Stuhlmann, les cercopithèques à diadème forment un ensemble remarquable par leur diversité. Présents d’Afrique de l’Est à l’Afrique centrale, ils s’adaptent à des milieux variés : forêts de montagne, galeries forestières, zones de savane arborée.
Une mosaïque de sous-espèces
Le Cercopithecus mitis se décline en une quinzaine de sous-espèces, aux variations de pelage et de répartition bien marquées. Parmi celles-ci :
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Cercopithecus mitis boutourlinii : localisé dans les hautes terres d’Éthiopie, son pelage est gris argenté avec un diadème clair marqué.
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Cercopithecus mitis elgonis : présent sur les pentes du mont Elgon (Kenya–Ouganda), il arbore des teintes grisâtres avec des reflets plus clairs sur le dos.
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Cercopithecus mitis heymansi : limité au bassin du Congo, il se distingue par une fourrure plus sombre et une barbe réduite.
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Cercopithecus mitis mitis : la sous-espèce dite “type”, répandue en Angola et au nord de la Namibie, avec un pelage gris-olive sombre, un ventre plus clair et un diadème blanchâtre discret. C’est probablement celle que nous avons observée au Kissama.
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Cercopithecus mitis opisthostictus : endémique de Zambie et du Malawi, au pelage plus brunâtre avec des marques faciales plus diffuses.
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Cercopithecus mitis stuhlmanni : largement présent en Afrique centrale, il se reconnaît à son pelage noir plus uniforme, rehaussé d’une barbe blanche.
Ces différences de livrée — couleur du dos, netteté des marques faciales, taille de la barbe ou intensité du diadème — traduisent une adaptation aux habitats forestiers et aux pressions écologiques locales.
Mode de vie et écologie
Semi-arboricoles, les cercopithèques à diadème alternent entre les frondaisons, où ils trouvent fruits, jeunes feuilles et bourgeons, et le sol forestier, où ils capturent insectes ou petits vertébrés. Leur rôle écologique est essentiel : en consommant une grande variété de fruits, ils dispersent les graines et participent à la régénération de la forêt.
Contrairement aux grivets exubérants qui osent s’approcher des hommes, le cercopithèque à diadème reste en retrait, prudent, souvent silencieux, observant depuis l’ombre des branches. Cette nature réservée apporte au Kissama une autre facette de la vie sauvage : celle d’une présence discrète, élégante et insaisissable.