Chacal à flancs rayés Lupulella adusta +

Dans la lumière dorée du soleil couchant, perché sur une hauteur dominant la savane clairesemée du campement d’HELP Congo, dans le Parc national du Conkouati-Douli notre regard a croisé celui d’un discret habitant des lieux : le chacal à flancs rayés. Immobile quelques instants, avant de se fondre dans les herbes hautes, il semblait scruter l’horizon ou peut-être simplement nous observer. Cette rencontre évoquait un souvenir lointain, une première apparition de ce même canidé près des berges du lac Albert, en Ouganda, dans une scène tout aussi silencieuse et captivante.
Le chacal à flancs rayés, connu scientifiquement sous le nom de Lupulella adusta, est le plus répandu des chacals africains. Malgré cette large distribution, il se distingue par son extrême discrétion. Plus timide et moins opportuniste que son cousin le chacal doré, il préfère les savanes boisées, les lisières de forêts et les zones buissonneuses, évitant les étendues trop ouvertes ou les zones fortement anthropisées. Il est particulièrement bien adapté aux habitats semi-ouverts, où il trouve à la fois refuge et nourriture.
Son pelage brun-gris est rehaussé de rayures claires sur les flancs, d’où son nom. Ce motif lui permet de se camoufler habilement dans les sous-bois, les zones de savane ou de brousse sèche. De mœurs majoritairement nocturnes ou crépusculaires, il est souvent difficile à observer en pleine lumière, ce qui rend notre rencontre au Conkouati d’autant plus précieuse.
Son régime alimentaire est varié : il se nourrit principalement de petits mammifères, d’oiseaux, de reptiles et d’invertébrés, mais n’hésite pas à consommer des fruits, des baies ou des charognes selon les saisons et les opportunités. Bien qu’il puisse être solitaire, le chacal à flancs rayés vit généralement en couples territoriaux. Les deux partenaires marquent et défendent leur territoire ensemble, tout en coopérant pour l’élevage des jeunes.
Il existe six sous-espèces reconnues de Lupulella adusta, réparties à travers toute l’Afrique subsaharienne. La sous-espèce nominale adusta occupe une grande partie du centre-ouest de l’Afrique, y compris le Congo. Lupulella adusta kaffensis, quant à elle, se rencontre plus à l’est, notamment dans la région éthiopienne et jusqu’en Ouganda, ce qui correspond sans doute à l’individu que nous avions observé près du lac Albert. D’autres sous-espèces comme grayi et lateralis sont réparties respectivement en Afrique australe et dans certaines zones du Kenya et de Tanzanie, tandis que bweha et notatus occupent des niches écologiques spécifiques au Kenya et à l’Afrique orientale.
Notre double rencontre avec ce discret prédateur, d’abord sur les bords du lac Albert, puis ici, dans le silence du Conkouati, nous rappelle la continuité des paysages sauvages africains, et la richesse de leur faune souvent cachée. Observer un chacal à flancs rayés dans son milieu naturel, à bonne distance et sans interférence, constitue un privilège rare pour le voyageur attentif.