Coliou rayé Colius striatus congicus- Speckled Mousebird +

Ce matin, alors que nous savourions notre petit déjeuner face au jardin, à Luanda en Angola notre regard a été happé par une scène délicieuse : deux colious se livraient à un véritable ballet aérien et acrobatique autour de l’arbre à papaye, avant de plonger leur bec dans la chair orangée d’un fruit bien mûr. Nous étions aux premières loges pour admirer leur agilité et leur coordination, chaque oiseau prenant tour à tour sa bouchée avant de s’écarter avec grâce, laissant l’autre se régaler.
En les observant attentivement, nous avons pu reconnaître, avec une probabilité élevée, la sous-espèce Colius striatus congicus, que l’on rencontre dans l’est de l’Angola, le sud de la RDC et l’ouest de la Zambie. Cette rencontre faisait écho à une autre observation, il y a quelque temps, à Ishasha, en Ouganda, où nous avions croisé la route d’un autre coliou rayé, Colius striatus jebelensis, cette fois adapté aux forêts d’altitude du Rift Albertin.
Le coliou rayé intrigue dès le premier regard : de petite taille, avec un bec court, un cou et des pattes relativement trapus, il fut longtemps confondu avec certains passereaux à très longue queue. Les recherches ultérieures l’ont replacé dans un ordre à part entière, les Coliiformes, sans proches parents vivants connus aujourd’hui. Ce groupe, bien distinct, aurait divergé très tôt dans l’histoire évolutive des oiseaux, et ne partage plus que de lointains ancêtres communs avec des familles comme les Coraciidae (rolliers), les Psittacidae (perroquets) ou encore les Musophagidae (touracos).
On dénombre environ vingt sous-espèces de colious rayés, dont les variations de plumage, de couleur du bec, des pattes ou de l’iris permettent de les différencier. Leur robe va généralement du brun chaud au brun cendré, avec un ventre chamois et des parties supérieures plus sombres. Leur longue queue graduée – représentant plus des deux tiers de leur corps – et leur crête claire ajoutent à leur élégance. Mâles et femelles présentent le même aspect, tandis que les jeunes arborent une crête plus courte et quelques fines rayures blanches sur le dos.
Ces oiseaux sont de véritables explorateurs de la végétation dense : ils fréquentent les lisières de forêts, les buissons épais, les savanes arborées, les parcs et même certains jardins urbains. Leur anatomie, notamment leurs pattes étonnamment flexibles, leur permet de grimper et se déplacer avec une aisance remarquable parmi les branches. Ils aiment aussi se prélasser au soleil, parfois suspendus tête en bas, comme pour mieux absorber chaque rayon.
Vifs, sociables et communicatifs, les colious vivent en groupes familiaux où les interactions sont constantes. Leur menu se compose principalement de fruits, de feuilles, de bourgeons, de nectar et d’écorce, avec parfois quelques insectes en appoint. Monogames, ils se reproduisent toute l’année et assurent ensemble la couvaison et l’élevage des petits.
Malgré la transformation des paysages par l’homme, notamment l’agriculture et l’urbanisation, le coliou rayé reste une espèce largement répandue et globalement non menacée. Sa capacité d’adaptation lui permet de cohabiter avec des environnements remodelés, pour peu qu’il y trouve encore quelques arbres fruitiers… comme ce matin, dans notre jardin, où deux d’entre eux nous ont rappelé que la nature sait parfois offrir, à l’heure du café, un spectacle bien plus savoureux que le contenu de notre assiette.