Mysore, porte d’entrée du Karnataka Inde du sud +

De Bangalore à Mysore : première halte à Channapatna
À peine sortis de l’aéroport de Bangalore, nous prenons la route en direction de Mysore, impatients de découvrir les merveilles du Karnataka. Notre première étape est Channapatna, une petite ville dont la renommée dépasse largement ses frontières. Ici, le bois se transforme en magie : Channapatna est en effet surnommée la ville des jouets.
En nous baladant à travers les ateliers traditionnels, nous découvrons un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération. Les artisans travaillent un bois tendre, souvent du hale (un arbre local), qu’ils tournent, polissent et colorent avec des teintures naturelles. Les jouets, figurines et petits objets prennent des formes vives et joyeuses, reflétant un artisanat respectueux de l’environnement. La ville entière semble vibrer au rythme de ces couleurs éclatantes.
Mais Channapatna, ce n’est pas seulement le bois : nous y découvrons aussi l’univers fascinant de la soie. Les éleveurs de vers à soie nous montrent les délicates étapes de leur travail : de la culture des mûriers, dont les feuilles nourrissent les chenilles, jusqu’au tissage minutieux des fils de soie. Les cocons, soigneusement récoltés, sont transformés en fils brillants qui serviront à la fabrication des saris et étoffes précieuses.
Cette première immersion, à mi-chemin entre tradition artisanale et patrimoine vivant, nous offre une belle introduction à la richesse culturelle du Karnataka avant de poursuivre vers Mysore.
Sur la route de Somnathpur : entre rizières et scènes pastorales
Nous reprenons la route en direction de Somnathpur. La chaussée serpente à travers une campagne paisible, ponctuée de champs verdoyants et de petits villages animés. À chaque détour, le paysage se transforme : de larges rizières s’étendent à perte de vue, leur vert éclatant contrastant avec le ciel d’un bleu profond. Dans ces parcelles inondées, les buffles se prélassent dans l’eau, tandis que les paysans, les jambes plongées jusqu’aux genoux, travaillent avec patience et savoir-faire.
Les cocotiers dressent leurs silhouettes élancées au-dessus des maisons de torchis aux toits de tuiles rouges, apportant de l’ombre aux troupeaux de vaches et de chèvres que l’on croise au bord de la route. Par endroits, des femmes aux saris colorés s’affairent à porter des brassées de fourrage ou des paniers de fruits, ajoutant des touches vives au tableau déjà riche en nuances.
Sur notre passage, les scènes pastorales défilent comme des instantanés de vie quotidienne : des enfants qui rient en courant derrière un cerf-volant, un berger qui guide calmement ses moutons, ou encore des charrettes tirées par des bœufs décorés de grelots et de peintures traditionnelles. Chaque détail contribue à donner à ce trajet une atmosphère sereine, presque intemporelle.
Somnathpur — Le temple de Chennakesava : dentelle de pierre des Hoysala
Nous arrivons à Somnathpur et pénétrons dans l’un des rares temples Hoysalas pratiquement intacts : le Chennakesava Temple.
Dès les premiers pas, on comprend pourquoi ce site est souvent cité comme un sommet de l’architecture médiévale du sud de l’Inde — ici, la pierre a été travaillée comme un tissu fin, chaque surface offerte à la sculpture.
Le temple, fondé au XIIIᵉ siècle sous le règne de la dynastie Hoysala, doit son origine à l’initiative d’un haut dignitaire/chef militaire du roi Narasimha III (1254–1291) — un geste de piété et de prestige qui correspond à la grande tradition patronale des Hoysala.
La stèle d’entrée en basalte, surmontée de reliefs représentant les trois forms divines, rappelle cette fondation et marque l’arrêt des siècles devant l’œuvre accomplie.
Chamundi Hill — Le sommet sacré de Mysore
Nous commençons notre visite de Mysore par l’ascension de Chamundi Hill, petite butte de granit qui domine la ville et veille sur elle depuis des siècles. Après les 3 km qui nous mènent au pied de la colline, la route asphaltée de 12 km s’élève en lacets jusqu’au sommet — une montée facile en voiture mais qui, pour beaucoup, se transforme en pèlerinage à pied, entre pauses et pique-niques improvisés.
Dès l’arrivée, l’empreinte des Wodeyars (les rois de Mysore) se fait sentir : c’est au XVIIᵉ siècle qu’ils firent édifier ici le premier sanctuaire dédié à Chamundi (ou Chamundeshwari), la divinité tutélaire de leur dynastie.
Le temple que nous visitons aujourd’hui remonte pour l’essentiel au début du XIXᵉ siècle et se distingue par son haut gopuram (tour d’entrée) qui se découpe sur le ciel. Les horaires de visite, à prendre en compte pour organiser la journée, sont larges : matins et après-midi, avec également une plage le soir — parfait pour assister aux rituels du coucher de soleil.
Devaraja Market — Le cœur parfumé de Mysore
De retour en ville, nous nous perdons avec délice dans le Devaraja Market, l’un des plus beaux et des plus vivants marchés du sud de l’Inde. Installé au cœur de Mysore, il concentre en quelques rues un kaléidoscope sensoriel : couleurs, bruissements, voix, senteurs — surtout celle omniprésente du jasmin — et une énergie qui ne faiblit pas du matin au soir.
Dès l’entrée, les étals débordent : corbeilles de légumes fraîchement arrachés, piles de piments rouges, montagnes de curcuma et de gingembre, bouquets d’herbes aromatiques et, partout, des guirlandes de fleurs — souci, jasmin, rose, hibiscus — prêtes à orner temples, maisons ou coiffures. Les couleurs saturées (jaune des soucis, blanc crémeux du jasmin, rouge profond des hibiscus) frappent immédiatement l’œil.
Le secteur des poissons a son propre univers d’odeurs salées et de cris ; à proximité, les étals d’épices exhalent un parfum chaud, presque entêtant. On trouve aussi des tisserands de filets, des vendeurs de coco fraîche, des kiosques à chutneys et pickles, des étals de jaggery et de sucreries locales, ainsi que des boutiques de bois de santal, d’encens et d’objets dévotionnels.
Un des tableaux les plus charmants : les ateliers de confection de guirlandes. Assis sur de petites chaises, les artisans enfilent à grande vitesse fleurs et fil, serrant, pressant, nouant — on peut acheter des colliers “au mètre” ou demander qu’ils confectionnent une guirlande sur-mesure. Observer leur geste est presque hypnotique : en quelques minutes naît un collier qui embaumera la journée.
Le marché occupe des bâtiments anciens, à arcades et allées couvertes, qui abritent des échoppes parfois centenaires. Ces galeries ombragées et ce plan serré contribuent à l’atmosphère intime du lieu : on se sent immergé dans un décor qui a peu changé au fil des décennies.
Conseils pratiques
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Meilleures heures : tôt le matin (dès l’ouverture) pour la fraîcheur et la lumière — ou en fin d’après-midi (vers 17–18h) pour l’animation maximale au coucher du soleil.
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Durée de visite : prévoyez 1 à 2 heures pour flâner sans vous presser.
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Paiement : privilégiez l’espèce et ayez de la petite monnaie.
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Négociation : il est d’usage de marchander gentiment, surtout pour les souvenirs et les petites fournitures. Pour les fleurs, le prix est souvent donné au mètre ; demandez clairement « one metre, please ».
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À emporter : prévoir un sac isotherme si vous achetez produits frais, et du désinfectant pour les mains.
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Photographie : demander l’autorisation avant de prendre en photo un vendeur ou une personne, surtout dans les ateliers de guirlandes ou auprès des prêtres.
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Sécurité : marché très fréquenté — surveiller ses affaires dans la foule.
Anecdotes et atmosphère
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Les colliers de jasmin se vendent « au mètre » : on peut voir des piles de guirlandes prêtes à être coupées, nouées et données en offrande quelques pas plus loin.
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Les vendeurs ont leurs petites ritournelles pour attirer la clientèle ; parfois on entend des négociations chantantes qui rythment la matinée.
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Le marché est aussi un lieu social : les habitants y viennent non seulement pour acheter mais pour se rencontrer, échanger les nouvelles et s’échanger des conseils culinaires.
En somme, Devaraja Market est un passage obligé à Mysore : il donne le pouls de la ville, offre des images inoubliables et permet, en quelques pas, de goûter à la vie quotidienne locale — olfactivement, visuellement et gustativement.
Le Palais du Maharaja — splendeur et cérémonial à Mysore
Nous commençons la journée par la visite du Palais du Maharaja, et dès les premiers pas nous ressentons que nous entrons dans un théâtre de la royauté. En marchant pieds nus sur les dalles polies — rappel pratique et rituel que nous respectons sans hésiter — nous sommes immédiatement saisis par la profusion des matériaux, la précision des décors et cette volonté manifeste de faire du palais un écrin pour la magnificence. Comptez deux heures pour parcourir le lieu à tête reposée, prendre le temps de lever les yeux vers les plafonds sculptés, de vous attarder devant un panneau peint ou de vous laisser guider par le fil des scènes évoquant Dussehra.
L’histoire du palais se lit dans chacune de ses salles. Reconstruit et embelli à l’époque moderne pour refléter la grandeur des Wodeyar face à la présence britannique, il fut conçu comme une sorte de cité de cour, où l’apparat rappelait le prestige du pouvoir autant que son raffinement. Le Kalyana Mandapa, vaste salle de mariage achevée au début du XXᵉ siècle, en est un parfait exemple : la verrière aux paons, soufflée et assemblée à Glasgow, tamise une lumière qui révèle les peintures murales commandées plus tard, entre les années 1930 et 1945, et qui racontent en vingt-six tableaux la grandiose procession de Dussehra. Nous restons un long moment devant ces toiles qui font se répondre mémoire royale et célébration populaire.
En franchissant la marche menant au Durbar Hall, l’odeur légère du bois et le reflet du marbre italien nous accompagnent. L’escalier qui mène à cette tribune a été importé d’Italie et conduit à une estrade où se trouvait — et se trouve encore à l’occasion — le trône d’or. Imaginer la scène d’autrefois n’est pas difficile : gradins remplis selon le rang, musique, uniformes et cortèges, tandis que dehors défile la ville. La porte en bois de rose incrustée d’ivoire qui donne accès à la chapelle de Ganesha nous rappelle combien la religion et le pouvoir se mêlaient, et comment la divinité tutélaire veillait sur la maison du Maharaja.
L’Amba Vilas, la salle d’apparat, nous arrête par son opulence maîtrisée : vantaux d’argent, marbre incrusté, plafonds en teck, panneaux dorés et arcs festonnés forment un décor somptueux mais ordonné. Sous la verrière, les paons sculptés et les marqueteries racontent l’union du goût local et des influences étrangères. C’est ici que, chaque année lors de Dussehra, le trône royal retrouve sa place et que les héritiers de la famille prennent symboliquement la charge des cérémonies. Nous avons la chance d’entendre un gardien évoquer comment, malgré les aléas du temps et les incendies du passé, certaines pièces et traditions ont été préservées par la famille et par la ville.
Partout, les croisements d’influences sont visibles : colonnes de fer galloises, carreaux anglais, vitraux et verrières écossaises, escaliers et marbres italiens, boiseries locales, inlays d’ivoire et pierres semi-précieuses. Cette hybridation matérielle n’est pas seulement décorative : elle raconte les réseaux d’échanges, les commandes royales et la volonté d’affirmer, au cœur de l’Inde, une souveraineté culturelle parlante malgré les temps coloniaux. Nous éprouvons la même émotion devant une frise minutieuse que devant un portrait familial : le palais est à la fois trésor d’artisans et archive des relations politiques.
En quittant les salles, nous prenons un moment pour regarder la cour et imaginer les processions d’éléphants caparaçonnés, les musiciens, les serviteurs en livrée et la foule qui se presse lors de Dussehra. Anecdote qu’on nous rapporte : certains objets de la cour, petites mécaniques ou coffrets, portent encore des traces de réparations faites par des ateliers européens, preuve que l’artisanat local et l’industrie importée se sont rencontrés ici de façon concrète et quotidienne. Nous ressortons les pieds légers mais l’esprit chargé d’images — scènes de fêtes, rituels et luxe théâtral — qui donnent une bonne idée de ce que fut la « folie des grandeurs » des maharajas et de la manière dont ils ont voulu se présenter au monde.
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Dîner au Lalitha Palace — une soirée dans un écrin blanc
Nous descendons du taxi et restons un instant à admirer la façade immaculée du Lalitha Palace, toute blanche et superbe, comme une promesse. Ancienne propriété de la sœur du maharaja, la maison conserve l’élégance d’un temps royal : la verrière qui surmonte la salle à manger capte les dernières lueurs du jour, faisant miroiter dorures et porcelaines, tandis que les moulures et les boiseries racontent à elles seules une histoire de prestige et de calme feutré.
On nous conduit à notre table dans une salle qui ressemble à une bonbonnière : assises moelleuses, nappes immaculées, couverts brillants et un décor où la délicatesse se mêle au faste sans jamais en faire trop. Au fond, la scène accueille un trio de musiciens — sarangi, tabla et voix — qui jouent de la musique classique indienne en live. Les notes, tour à tour délicates et profondes, tissent une atmosphère intime et presque sacrée, comme si le temps ralentissait pendant le repas.
Le service est attentif sans être envahissant ; on nous présente la carte, riche et soignée, qui propose des plats indiens classiques sublimés par des cuissons précises, mais aussi quelques options internationales. Parfois, la maison offre un buffet généreux — selon les soirs — où l’on peut goûter plusieurs spécialités. Nous céderons volontiers à la tentation d’un plat local réinterprété avec raffinement, accompagné d’un verre conseillé par le sommelier, puis d’un dessert léger servi sous la verrière où la lumière des bougies danse sur les verres.
Après le dîner, nous nous laissons entraîner vers le bar feutré, un vrai témoignage de l’âme britannique de la maison : moquettes épaisses, fauteuils club, billard discret et ambiance tamisée.
Ici, le temps reprend la cadence des conversations feutrées, on commande un digestif, on partage nos impressions sur la soirée et l’on savoure ce moment de confort princier, loin de l’agitation de la ville.
Le Lalitha Palace n’est pas qu’un restaurant : c’est une parenthèse historique et sensorielle où l’architecture, la musique et la table se répondent. Pour nous, cette soirée restera l’une de celles où l’on sent que l’Inde sait aussi se faire élégante et cérémonieuse, sans perdre sa chaleur.
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