Pentaphlebia mangana ou Black relic #
Lors de notre exploration des cascades de Womé, dans la région des Plateaux au TOGO nichées au cœur de la région des Plateaux au Togo, nous avons eu la chance d’observer une libellule remarquable qui semblait appartenir à l’espèce Pentaphlebia mangana, communément appelée Black relic. Cette observation rare et précieuse a enrichi notre visite et témoigne de la biodiversité exceptionnelle de ce site. Pentaphlebia mangana est une espèce appartenant à la famille des Amphipterygidae, un groupe souvent désigné comme « libellules reliques » en raison de leurs caractéristiques primitives. Cette libellule se distingue par plusieurs traits morphologiques uniques qui la rendent immédiatement reconnaissable parmi les demoiselles africaines. Les mâles, en particulier, possèdent des ailes postérieures mesurant entre 31,5 et 36,5 mm. Leur coloration foncée et uniforme, le corps étant entièrement brun foncé à noir charbon même dès l’émergence, contraste avec les coxae et les bases fémorales densément pruineuses et quelques lignes vert-jaune pâle sur le thorax à maturité.
Les ailes longues et étroites, avec des extrémités falciformes foncées, présentent une nervation dense comportant 38 à 47 nervures transversales postnodales dans les ailes antérieures, mais aucune nervure transversale dans les cellules quadrilatérales. Les cerques robustes, dotés d’extrémités denticulées et d’une lame subapicale interne bien définie, courte mais large, constituent un autre trait caractéristique de cette espèce. Pentaphlebia mangana est particulièrement semblable à Pentaphlebia stahli, une autre libellule relique, mais s’en différencie par la coloration intégralement sombre de son corps, alors que Pentaphlebia stahli est en grande partie rouge brique. La lame subapicale des cerques est également plus arrondie chez Pentaphlebia mangana.
Le nom mangana tire son origine du minerai de manganèse, dont la teinte noire rappelle celle de cette libellule. Ce minerai est également extrait dans les régions où l’on trouve cette espèce, notamment dans des ruisseaux forestiers rocheux situés entre 90 et 700 mètres d’altitude, au Gabon et dans le nord-ouest du Congo-Brazzaville. Bien que notre observation ait eu lieu au Togo, il est possible que cette espèce, très discrète et encore peu étudiée, soit présente dans des habitats similaires, comme les cascades et ruisseaux ombragés de la région des Plateaux. Pentaphlebia mangana a un comportement fascinant. Les mâles se perchent souvent à l’ombre près des rapides et des chutes d’eau, des lieux où leur discrétion est maximale. On suppose que les larves de cette espèce, comme celles de Pentaphlebia stahli, vivent sous les rochers dans les cours d’eau, où elles trouvent refuge et nourriture.
Cette rencontre fugace nous a permis de mieux apprécier la fragilité et la rareté de ces espèces reliques, tout en nous sensibilisant à l’importance de préserver ces habitats uniques. La forêt dense et les cascades environnantes, avec leur humidité constante et leur pureté, offrent un sanctuaire précieux pour une biodiversité souvent méconnue, mais d’une grande valeur écologique.
