Santiago de los Caballeros : À la découverte de l’âme de la République dominicaine +

Depuis Saint-Domingue, nous entamons une nouvelle traversée en 4×4, cette fois en direction du nord du pays et Santiago de los Caballeros. Très vite, la capitale s’efface dans le rétroviseur, remplacée par des paysages verdoyants, des plantations de bananiers et de cannes à sucre, et les premières ondulations des montagnes de la Cordillère Centrale. La route est agréable, ponctuée de villages animés, de marchés colorés et de vendeurs ambulants qui s’approchent aux carrefours pour proposer mangues, empanadas, ou bouteilles d’eau fraîche.

Notre première grande étape est Santiago de los Caballeros, la deuxième ville du pays, souvent surnommée la “capitale du Cibao”. Cette ville au riche passé colonial est aujourd’hui un important centre économique et culturel.

En son cœur, le Monument aux Héros de la Restauration domine l’horizon — immense colonne blanche juchée sur une colline, entourée de jardins soignés et de marches où flânent les familles. Depuis le sommet, la vue s’étend sur toute la vallée du Cibao, bordée de montagnes lointaines.

Mais Santiago n’est pas seulement une ville d’histoire : elle est aussi réputée pour deux spécialités emblématiques de la République dominicaine — l’ambre et les cigares.

L’ambre : pierre de lumière et de mémoire

Nous flânons dans plusieurs bijouteries spécialisées, attirés par les vitrines qui exposent des bijoux d’une rare beauté.

L’ambre dominicain est l’un des plus célèbres au monde, notamment pour ses teintes dorées, ses nuances bleutées très rares, et les inclusions fossilisées parfois visibles à l’œil nu : petits insectes, feuilles ou fragments végétaux datant de plusieurs millions d’années.

Les artisans nous expliquent avec fierté les techniques de polissage, la provenance des pierres (souvent extraites dans les montagnes proches de Santiago ou de Puerto Plata), et les propriétés symboliques de cette résine fossile, censée protéger et apaiser.

C’est une véritable plongée dans le temps, un lien direct entre la nature préhistorique et le raffinement contemporain.

L’univers du cigare : la fabrique Tamboril

Nous poursuivons notre exploration avec une visite passionnante de la fabrique de cigares Tamboril, située à la sortie de Santiago. Tamboril est considérée comme la capitale mondiale du cigare artisanal, et pour cause : la région abrite une concentration exceptionnelle de manufactures, grandes ou petites, dont les productions sont reconnues à l’international.

Dès l’entrée dans l’usine, une odeur puissante et boisée de feuilles de tabac nous enveloppe. Le bâtiment est simple, sans artifice, mais à l’intérieur, c’est un ballet minutieux et silencieux qui s’opère. Les feuilles de tabac, triées par qualité et par texture, sont entreposées dans de grandes pièces ventilées où elles subissent un long processus de fermentation.
Nous assistons au travail des torcedores, ces artisans spécialisés dans le roulage des cigares. Leurs gestes sont rapides, précis, presque chorégraphiés : ils humidifient les feuilles, les roulent autour de la tripe (le cœur du cigare), ajustent la cape (la feuille extérieure) avec une petite lame et collent le tout avec de la gomme naturelle. Un bon rouleur peut produire jusqu’à 200 cigares par jour, tous vérifiés un à un pour garantir la régularité et la qualité.

Un guide passionné nous accompagne tout au long de la visite, nous expliquant les différentes variétés de tabac cultivées en République dominicaine, les mélanges propres à chaque marque, et les subtilités du vieillissement. À la fin de la visite, nous avons l’occasion de déguster un cigare sur place, accompagnés d’un verre de rhum vieux ou de café local, dans un petit salon prévu à cet effet. Même les non-fumeurs sont séduits par l’atmosphère feutrée et chaleureuse du lieu.

Cette journée à Santiago, entre patrimoine, artisanat d’exception et immersion dans la culture du cigare, marque une étape riche et pleine de saveurs dans notre périple dominicain.

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