Talapoin du Gabon ( Miopithecus ogouensis ) +

Le talapoin du Gabon, que nous avons eu la chance d’observer le long des berges du fleuve Lobé près de Kribi, au Cameroun est le plus petit singe d’Afrique. Ce primate discret, au pelage fin et soyeux, arbore une robe verdâtre sur le dos, mêlée de reflets jaune-olive, contrastant avec un ventre plus clair et des joues d’un blanc lumineux. Sa face, arrondie et expressive, est encadrée de poils courts, et ses yeux sombres, vifs et curieux, scrutent en permanence les alentours. Il mesure environ 30 à 45 centimètres, avec une queue souvent plus longue que le corps, qu’il utilise avec agilité pour se déplacer dans les arbres. Ce petit singe au corps compact et aux membres courts est parfaitement adapté à la vie arboricole.
Le talapoin vit en groupe, généralement en bandes mixtes pouvant atteindre plusieurs dizaines d’individus, organisées autour d’une hiérarchie souple. Le groupe que nous avons aperçu évoluait dans la canopée basse, à une hauteur de quelques mètres au-dessus de l’eau, dans un environnement dense et humide. Il s’agissait probablement d’un groupe familial, dont les individus passaient d’arbre en arbre avec une agilité déconcertante, leur silhouette furtive se fondant dans la végétation luxuriante. Leur comportement est à la fois alerte et joueur : ils s’interpellent par de petits cris, se poursuivent entre les branches, s’arrêtent parfois pour observer discrètement les visiteurs, avant de disparaître dans un bruissement de feuilles.
Ce singe frugivore consomme principalement des fruits, mais aussi des graines, des feuilles tendres, des fleurs, des insectes, et parfois de petits invertébrés. Ce régime alimentaire varié en fait un acteur important de la dispersion des graines dans la forêt équatoriale. Le talapoin fréquente les forêts riveraines, marécageuses ou proches des cours d’eau, ce qui explique sa présence ici, dans cet écosystème dense et humide du sud du Cameroun, où le fleuve Lobé serpente au cœur d’une végétation tropicale exubérante.
Son habitat de prédilection se compose de forêts secondaires, de galeries forestières et de zones boisées en bordure de rivières, qu’il explore à l’aube ou au crépuscule, moments où il est le plus actif. Le jour, il reste à l’abri des feuillages pour échapper aux prédateurs, parmi lesquels figurent les rapaces, les serpents arboricoles, et certains félins.
Espèce encore peu étudiée et souvent méconnue du grand public, le talapoin du Gabon est néanmoins menacé par la perte de son habitat due à la déforestation, à l’expansion agricole et à la pression humaine croissante sur les milieux forestiers. Son observation en milieu naturel, surtout dans des zones comme celle-ci encore préservée, est donc un privilège rare, et rappelle la fragilité de l’équilibre écologique de ces régions. La présence de ces petits singes dans la canopée du fleuve Lobé témoigne de la richesse exceptionnelle de la biodiversité camerounaise et souligne l’importance de sa préservation.
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