Telč : La perle Renaissance de la République tchèque +

Nous arrivons à Telč transportés par l’histoire de cette cité fondée au XIIIᵉ siècle au carrefour de routes commerciales, dont la première mention écrite date de 1335. Très vite, la ville s’organise autour d’un château gothique et de solides remparts, témoins de sa résistance lors des guerres hussites.
Au milieu du XVIᵉ siècle, sous l’impulsion de Zachariáš de Hradec, gouverneur de Moravie, le château prend des airs de palais Renaissance et les façades des maisons de la grande place se parent de motifs harmonieux, unifiant l’ensemble. L’arrivée des Jésuites en 1667 marque une nouvelle étape : l’église du Nom de Jésus apporte au décor une touche baroque qui enrichit l’identité visuelle de la cité.
Lorsque nous flânons sous les portiques de cette vaste place triangulaire—l’une des plus grandes d’Europe centrale—nous admirons les sgraffites raffinés, les pilastres élégants et les frontons richement décorés. Chaque maison raconte une histoire : scènes bibliques, blasons familiaux ou détails architecturaux uniques témoignent de l’essor Renaissance puis de l’esprit baroque qui a suivi.
Au centre, la fontaine de Samson domine les façades colorées. Sculptée en marbre, elle illustre la légende de l’homme domptant l’eau vive et rythme la place depuis le XVIIᵉ siècle.
Non loin, l’église Saint‑Jacques se distingue par son gothique flamboyant : son chœur voûté en croisées d’ogives et ses chapelles latérales créent un contraste spectaculaire avec le paysage urbain.
La tour de l’église du Saint‑Esprit, vestige roman tardif élevé à 48 m, servait autrefois de poste de guet ; aujourd’hui, ses escaliers étroits mènent à un panorama saisissant sur les toits vernissés et l’étang qui réfléchit les façades de la place.
Nous poursuivons vers le château Renaissance aux ailes en U, organisé autour d’un jardin à l’anglaise. À l’intérieur, les salons lambrissés et la chapelle Tous‑saints ornée de stucs délicats rappellent l’influence italienne chère à Zachariáš de Hradec. Une longue galerie en fer forgé surplombe le parc, lieu rêvé des bals et des fêtes aristocratiques d’autrefois.
Au fil de notre balade, nous découvrons aussi la Maison à la Cloche, dont la pierre enchâssée sonnait jadis l’ouverture des foires et prévenait des orages, ainsi que la Maison au Lion d’Or, ornée d’arcades baroques et de mascarons facétieux, où l’on disait que des trésors étaient dissimulés lors des sièges.
Chaque été, la place s’anime d’une reconstitution historique : chevaliers en armure, artisans et musiciens font revivre l’effervescence des foires d’antan. Les cinéphiles se souviennent des tournages de “La Princesse orgueilleuse” ou de “The Cassandra Cat” qui ont immortalisé ses arcades.
Enfin, nous écoutons l’anecdote de l’alchimiste mystérieux du XVIᵉ siècle, venu chercher l’élixir de longue vie dans une cave du château avant de disparaître sans laisser de trace, laissant derrière lui des légendes de trésors cachés.
Tous ces monuments—château, églises, fontaine et maisons décorées—forment un ensemble cohérent où l’histoire, l’architecture et les anecdotes se mêlent pour faire de Telč un joyau de la Bohême méridionale.
JIHLAVA
Depuis Telč, nous remontons vers le nord pour rejoindre Jihlava, la plus ancienne cité minière de la République tchèque, établie dès le haut Moyen Âge sur la rivière Jihlava, à la frontière historique entre la Moravie et la Bohême. Nous découvrons qu’elle tire son nom de ce cours d’eau qui a façonné son développement, attirant dès le XIIᵉ siècle des pionniers du minerai d’argent venus de toute l’Europe
Dès le XIIIᵉ siècle, la ville se ceinture d’imposantes fortifications de trois kilomètres, ponctuées de cinq portes dont seule la porte de la Mère de Dieu (Brána Matky Boží) subsiste aujourd’hui . En déambulant sur les portions restaurées, nous imaginons les sentinelles veillant derrière les créneaux, prêts à défendre la cité lors des conflits médiévaux
Au cœur de Jihlava, le patrimoine urbain se déploie en une galerie continue de styles gothique, Renaissance et baroque : les façades de la grande place offrent une harmonie de pignons gothiques et d’arcades polychromes, tandis que les sgraffites et les pilastres de la Renaissance se marient aux réinterprétations baroques des XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles . Nous levons les yeux vers les demeures patriciennes, dont les 213 bâtiments protégés témoignent d’une urbanisation précoce et d’un soin constant apporté à l’esthétique
Parmi les monuments emblématiques, l’église Saint-Jacques-le-Majeur, fondée en 1256 et remaniée jusqu’au XVe siècle, nous frappe par ses nefs voûtées en croisée d’ogives et ses deux tours gothiques, vestiges du rôle de lieu de culte et de guet des mineurs locaux À ses pieds, la porte de la Mère de Dieu nous rappelle l’unique accès médiéval toujours en place, flanquée de tours circulaires et surmontée d’une niche abritant une Vierge polychrome
En remontant la rue Narodních Hrdinů, nous passons devant l’Hôtel de Ville Renaissance, à l’horloge ciselée et à la tourelle en encorbellement, puis nous atteignons l’ancien pont sur la rivière Jihlava, jadis emprunté par les charrois chargés de minerai, aujourd’hui cœur d’un quartier animé de cafés et de galeries d’art
Nous ne manquons pas la légende du monnayeur royal Ottokar Iᵉʳ, qui établit ici une des premières monnaies impériales au début du XIIIᵉ siècle, assurant à la ville un privilège exclusif de frappe pendant plusieurs décennies . Plus tard, l’alchimiste Georgius Agricola, fils d’un forgeron de Jihlava, révolutionna la science minière au XVIᵉ siècle, posant les bases de la métallurgie moderne
Aujourd’hui, nous parcourons les vestiges de la mine de Vysočina, transformée en musée vivant, puis nous dégustons une pilsner locale dans l’enceinte d’une ancienne brasserie, avant de rejoindre les remparts au crépuscule : là, les créneaux se découpent sur un ciel rose, nous soufflant que Jihlava, tout comme Telč, est un carrefour où l’histoire, l’architecture et les anecdotes fusionnent pour offrir au visiteur un panorama exceptionnel de l’âme tchèque.
TREBON
Nous nous laissons gagner par l’atmosphère apaisante de Třeboň, qui s’est forgée dès le XIVᵉ siècle autour d’un monastère augustinien et d’un château médiéval, avant de devenir sous l’impulsion de la puissante famille Rosenberg un centre florissant de pisciculture grâce à un ingénieux système de bassins et de canaux. En déambulant sur la place Masarykovo, nous admirons les maisons à pignons élevés dont les façades mêlent sgraffites Renaissance et ornements baroques polychromes, et nous sentons la prospérité marchande d’autrefois encore vibrer sous nos pas.
Nous levons les yeux vers l’hôtel de ville, érigé en 1563 et couronné en 1638 par une tour haute de 31 m qui domine l’ensemble ; ses belles proportions et sa silhouette élancée incarnent l’élégance de la Renaissance morave. Plus loin, le château reconstruit entre 1565 et 1575 déploie ses ailes en U autour d’un jardin à l’anglaise feutré de massifs taillés et de bosquets ombragés. À l’intérieur, les salons lambrissés et la chapelle Tous‑saints ornée de stucs raffinés nous transportent en Italie, tandis que la longue galerie en fer forgé, surplombant le parc, évoque les grands bals et réceptions d’antan.
Nous gagnons ensuite la collégiale Notre‑Dame‑Reine‑et‑Saint‑Gilles, imposante basilique gothique au chevet élancé et aux trois nefs, dont les voûtes soutenues par d’élégants contreforts semblent défier la gravité. Son plan monumental, jadis adossé à l’ancien monastère augustinien, rappelle l’importance spirituelle et culturelle de Třeboň dans la région.
En parcourant les ruelles, nous découvrons le quartier juif et son cimetière classés à l’UNESCO : les deux synagogues restaurées et les rangées de maisons témoignent de la cohabitation culturelle et religieuse qui a façonné l’identité de la ville. Nous éprouvons une émotion particulière devant l’harmonie discrète de ces vieux murs, gardiens de souvenirs millénaires.
Les berges des étangs nous attirent enfin hors de la cité, où le réseau des bassins et des canaux, toujours en activité, offre un spectacle de reflets changeants et de roseaux dansants. Nous embarquons pour une courte croisière qui nous plonge au cœur du paysage piscicole : partout, le carassin, poisson emblématique, glisse sous la surface, tandis que le chant des oiseaux et le clapotis de l’eau forment une symphonie naturelle.
Avant de quitter Třeboň, nous ne résistons pas à la légende locale : la vieille statue de la Vierge sur la fontaine Renaissance devait changer de teinte avant les orages, dit-on, prévenant les pêcheurs de l’imminence des tempêtes. Nous jetons une pièce dans le bassin, espérant qu’elle nous garantira un jour un retour dans cette cité où chaque pierre, chaque reflet, chaque légende compose un tableau vivant de l’histoire et de l’architecture bohémiennes.
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