České Budějovice : Trésor historique au cœur de la Bohême Rép. Tchèque +

Nous pénétrons ensemble sur la vaste place Přemysla Otakara II, à České Budějovice et aussitôt l’immensité du lieu nous saisit : sous nos pas, le pavé ancien résonne, encadré par des arcades peintes de couleurs chaudes et des façades où se mêlent les lignes élancées du gothique tardif aux volutes du baroque le plus raffiné. Au centre, la fontaine de Samson s’élance vers le ciel ; nous ressentons la force de son marbre poli, retranscrivant la légende du héros qui dompta le monstre, offrande d’eau vive à la cité fondée en 1265 par le roi Ottokar II lui‑même.

Nous flânons sous les galeries, effleurant du doigt la pierre patinée de la Maison à la Cloche de Pierre, joyau de la Renaissance qui doit son nom à une véritable cloche incrustée dans la façade : on dit qu’elle sonnait pour annoncer les grandes foires et protéger la place des tempêtes. Plus loin, la silhouette carrée de la tour de l’ancienne porte Sud se dresse, vestige des remparts médiévaux ; nous nous imaginons les sentinelles veillant autrefois sur la ville, guettant l’aube et le retour des marchands.

Au détour d’une ruelle, nous découvrons l’église gothique de la Présentation de la Vierge, lovée dans l’ancien couvent dominicain. Ses voûtes hautes et austères nous écrasent presque de leur immensité, tandis que dans le cloître, la douceur des dalles lissées par les siècles invite au recueillement. Nous entendons encore les échos lointains des processions hussites, ces croisades intérieures qui ont ébranlé la Bohême, et sentons palpiter le mélange des réformes religieuses qui, du XIVᵉ au XIXᵉ siècle, ont façonné l’âme de ce lieu.

Notre pas nous conduit ensuite à la brasserie Budvar, héritière directe de l’ancienne bière impériale. Nous descendons dans la vaste salle aux cuves de cuivre rougeoyantes, où l’air chargé de vapeur nous raconte l’histoire de Charles IV qui, en 1341, obtint le monopole brassicole dans un rayon de dix kilomètres : nous humons le malt, goûtant déjà la douceur légèrement amère de la lager, reflet pétillant d’une tradition ancestrale.

Tout près, la synagogue néo‑renaissance, ornée de briques ocre et de vitraux stylisés, nous rappelle la présence d’une communauté florissante : à l’intérieur, l’acoustique parfaite porte encore les récits d’un tapis persan, offert au rabbin et miraculeusement sauvé lors de l’épidémie de 1654, utilisé pour envelopper les défunts et conserver la mémoire de la ville.

Nous achevons notre itinéraire sur les berges de la Malše : le clapotis de l’eau contre les moulins restaurés rythme notre marche, tandis que nous gravissons le pont en fer pour un dernier panorama. Les toits de tuiles vernissées et les clochers pastel se découpent en silhouette devant le soleil couchant ; là, suspendus entre l’histoire médiévale, l’élégance baroque et la douceur d’une cité qui respire encore ses légendes, nous comprenons que České Budějovice est un trésor vivant, où chaque pierre murmure un fragment d’épopée.

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