Thekkady, au cœur sauvage du Kerala Inde du sud +

À 13h30 nous quittons Madurai. La route qui nous mène à Kumily / Thekkady s’annonce belle et changeante : 130 km annoncés, environ deux heures de route si la circulation nous sourit, mais nous savons que l’Inde aime ses imprévus — ralentissements, arrêts impromptus, et surtout autant d’occasions d’observer la vie qui borde la chaussée.
Dès les premiers kilomètres, la plaine cède la place aux pentes des Ghâts occidentaux. La route s’enroule entre des plantations bien ordonnées : théiers taillés en nappes verdoyantes, rangées d’hévéas qui ondulent au vent, et étages de caféiers dont l’odeur de terre humide semble nous inviter à ralentir. Les points culminants avoisinent les ~2 000 m ; les vallées ombrées, les ravines profondes et les silhouettes montagneuses composent un paysage dramatique et tranquille à la fois.
Tout au long du trajet nous remarquons des scènes quotidiennes qui valent mille photographies : femmes qui entretiennent les voies, lavent le linge au bord des rivières — frappant parfois les étoffes sur des pierres, ou utilisant les fruits du Sapindus mukorossi (les soap-nuts) comme lessive naturelle, écologique et 100 % biodégradable ; briqueteries artisanales fumant en lisière de village ; et, ponctuellement, d’anciennes figures religieuses : de gigantesques statues colorées gardant un carrefour ou le seuil d’un hameau. Ces instants nous donnent à voir la continuité des pratiques rurales et l’économie vivante de la région.
Peu avant Kumily, nous croiserons de nombreuses fermes d’épices et brûleries de thé ouvertes aux visiteurs : cardamome, poivre, cannelle, gingembre, girofle et vanille prennent ici racine dans un sol fertile. C’est une excellente occasion pour nous de comprendre la flore des Ghâts et d’apprendre, sur place, les gestes de culture et de récolte — sentir la cardamome fraîche, goûter un café torréfié localement, et voir les sacs de poivre noir empilés. Le petit village de Kumily possède une bourse à la cardamome très animée : certains acheteurs et vendeurs se retrouvent aux enchères hebdomadaires (plusieurs ventes se tiennent certains jours de la semaine, dont des sessions majeures le mercredi chez certains opérateurs). Si nous sommes curieux et que notre timing coïncide, c’est un spectacle commercial à ne pas manquer.
En atteignant Thekkady, nous découvrons le lac artificiel formé par le barrage de Mullaperiyar, construit à la fin du XIXᵉ siècle (ouvrant en 1895) : ce réservoir alimente aujourd’hui la région et borde une étendue d’eau qui s’étire longuement dans la gorge — un miroir liquide encadré de collines boisées. Thekkady se dresse sur la rive nord-est, sur une presqu’île, offrant un panorama spectaculaire de vallées et de montagnes couvertes d’une forêt dense et tropicale. Le lac lui-même est devenu le centre d’activités liées à la réserve et donne lieu à promenades en bateau très prisées pour l’observation des animaux depuis l’eau.
Kumily est aussi un nœud commercial pour les épices : la bourse à la cardamome rassemble des volumes importants (des dizaines de tonnes négociées selon les semaines) ; la région contribue à une part notable de la production nationale de petites épices. Plus largement, le Kerala exporte et commercialise massivement épices et dérivés — poivre, cardamome, cannelle, gingembre, clous de girofle et autres — et offre un marché foisonnant de produits liés à la plante : huiles essentielles, extraits de citronnelle ou d’eucalyptus, produits ayurvédiques, savons, et huiles de massage de grande facture
MASSAGES AYURVÉDIQUES À THEKKADY
Nous ne manquons jamais, à Thekkady, de céder au rituel réparateur d’un massage ayurvédique — ici, au Massages Arya sur Thekkady Rd. : une adresse simple, fiable et agréable où l’abhyanga (massage corporel à l’huile) est proposé autour de 500 Rps l’heure. Nous y avons apprécié la compétence de l’équipe (six praticiens, hommes et femmes), la variété des techniques et la possibilité d’ajouter un bain de vapeur pour une détente complète. Voici un texte développé qui décrit ce que nous vivons là-bas, pourquoi c’est bon pour la santé et les conseils pratiques avant / pendant / après la séance.
L’abhyanga est un massage ayurvédique complet du corps, effectué avec des huiles chaudes médicamenteuses (souvent à base d’huile de sésame ou d’huiles végétales infusées d’herbes). La séance se déroule au sol ou sur table selon l’établissement, et combine :
de longs effleurages rythmiques qui favorisent la circulation sanguine ;
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des pétrissages et frictions ciblées sur les zones tendues (nuque, épaules, lombaires) ;
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des percussions légères et des pressions profondes adaptées à la musculature ;
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une attention aux marmas (points énergétiques) pour améliorer l’équilibre énergétique.
Sensoriellement, l’abhyanga est chaud et enveloppant : l’huile chauffée pénètre la peau, laisse une sensation soyeuse et un profond relâchement. La cabine vapeur, si on l’ajoute, ouvre les pores et accentue la pénétration des actifs, accroît la relaxation musculaire et prolonge la sensation de légèreté.
Bienfaits pour la santé (avérés et traditionnels)
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Relaxation du système nerveux : réduction du stress, meilleure qualité du sommeil.
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Amélioration de la circulation et stimulation du drainage lymphatique.
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Soulagement des tensions musculaires et diminution des douleurs articulaires chroniques (avec précautions).
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Nourrissement et assouplissement de la peau (les huiles ayurvédiques laissent le corps hydraté).
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Soutien digestif et tonification par l’amélioration de la circulation et de la vitalité générale.
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Effet revitalisant : sensation d’énergie apaisée, concentration accrue après quelques séances.
Nous insistons sur la prudence : ne pas faire d’abhyanga si vous avez : fièvre, infections cutanées ouvertes, thrombose veineuse profonde connue, états inflammatoires aigus, insuffisance cardiaque non stabilisée, ou immédiatement après une chirurgie majeure.
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Grossesse : certaines techniques ou la vapeur peuvent être déconseillées ; toujours demander un avis médical et indiquer la grossesse au praticien.
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Hypertension / maladies cardiaques / épilepsie : consulter un médecin avant et informer le masseur.
En cas de doute, mieux vaut demander une consultation ayurvédique (anamnèse + pouls) avant d’engager un protocole.
C’est une très bonne adresse locale : tarifs raisonnables (≈500 Rps/h), équipe professionnelle et mixte, possibilité d’ajouter la cabine vapeur, techniques variées et résultats tangibles (détente + revitalisation). Nous recommandons d’y aller au moins une fois lors de notre séjour à Thekkady — et d’enchaîner plusieurs séances si l’on souhaite un effet durable.
Elephant Junction : immersion au cœur sauvage de Thekkady
Nous arrivons à Elephant Junction comme on entre dans un écrin végétal : la piste s’enfonce entre des arbres familiers des Ghâts et, soudain, la clairière s’ouvre sur des silhouettes massives qui semblent prendre leur temps, souveraines et tranquilles.
Après un rapide accueil, un mahout nous rassemble pour un bref entretien de sécurité et de respect ; ses gestes sont lents, précis, et ses mots nous invitent d’emblée à comprendre que nous sommes ici pour observer, apprendre et partager un moment avec des animaux dont la taille impose l’humilité.
Le parc, installé au Murukkady P.O. près de Thekkady, occupe une petite réserve d’environ seize hectares, un territoire intime où s’imbriquent des zones de forêt, des points d’eau et des enclos aménagés pour les soins.
Kadathanadan Kalari Centre : notre soirée entre souffle, musique et gestes anciens
Nous arrivons au Kadathanadan Kalari Centre comme on rejoint un cercle de feu tranquille : la petite salle s’assombrit, la lumière se concentre sur l’arène en cuvette — le kuzhikalari — et tout semble prêt à basculer entre spectacle et rite. Le show auquel nous assistons dure environ une heure et se tient en soirée ; les démonstrations de Kalaripayattu commencent classiquement vers 18h, juste au moment où la lumière du jour se fait moins vive et que le tambour prend toute sa place.
Dès les premières frappes, nous comprenons que Kalaripayattu n’est pas qu’un enchaînement de combats : c’est un langage du corps qui a grandi ici, dans le Kerala, depuis des siècles. Les artistes se placent, échauffent leur souffle et déroulent une suite de salutations rituelles, d’exercices de souplesse et d’attaques chorégraphiées qui mêlent acrobatie, équilibre et virtuosité des membres. Nous reconnaissons la filiation avec une pratique martiale ancienne — une matrice de gestes, d’étirements, de contrôles respiratoires et même de techniques médicales — qui fait de chaque mouvement une démonstration d’adresse physique autant que de tradition vivante.
Ce qui nous frappe d’emblée, c’est la présence de la musique : de puissants tambours (le chenda), des cymbales qui résonnent (ilathalam) et parfois d’autres percussions tissent un rythme à la fois primal et précis ; la percussion donne au pas la forme d’un pouls collectif et soutient l’élan des sauts, des renversements et des frappes des artistes. La bande sonore ne commente pas seulement, elle ordonne — quand le chenda s’amplifie, le geste se fait plus brusque ; quand il s’apaise, l’athlète se replie et dévoile un équilibre feutré.
Au fil de la représentation, la variété des segments nous retient : techniques à mains nues où le corps devient lame et bouclier, séquences avec bâtons qui exigent vitesse et synchronisation, et parties plus spectaculaires où les artistes manipulent des armes traditionnelles — épées, massues, lances — avec une précision qui nous donne le vertige. Par instants, dans un geste lent mais d’une précision extrême, l’un des maîtres nous montre l’usage d’un ancien mouvement de désarmement ; nous sentons alors que sous l’apparence du spectacle se cache un héritage de survie, d’entraînement et d’éthique martiale. Plusieurs spectacles permettent ensuite aux spectateurs de s’approcher, de toucher des armes ou de poser pour une photo, une façon conviviale de prolonger l’émerveillement et d’ancrer la mémoire tactile du geste.
Nous ne sommes pas de simples témoins : le ton est pédagogique. Entre deux séquences, les animateurs prennent le temps d’expliquer brièvement l’histoire de l’art, la valeur des exercices de souplesse et la relation entre Kalaripayattu et d’autres formes culturelles de la région. Ces courtes parenthèses transforment la performance en leçon vivante — nous repartons avec des noms de techniques, l’idée de l’importance du kuzhikalari comme lieu d’apprentissage et la sensation que l’on nous a ouvert une porte sur un savoir exigeant et ancien.
Sur le plan pratique, nous avons noté que la billetterie est simple et que le tarif public courant pour une démonstration est modeste ; le centre propose en général des billets à environ 300 roupies par personne pour chaque spectacle, ce qui rend la sortie accessible tout en contribuant au maintien des artistes et du lieu. Les représentations se succèdent souvent en soirée (parfois deux créneaux pour Kathakali et Kalaripayattu) ; il est donc possible de combiner forme martiale et théâtre de Kathakali dans la même soirée si l’on dispose d’un peu de temps. Pour réserver ou vérifier les horaires du jour, le centre est joignable sur place à Thekkady Road (Kumily) — et il est prudent d’appeler à l’avance en haute saison pour s’assurer de la place.
Nous recommandons d’arriver un peu avant le début pour saisir les détails : la manière dont les artistes huilent leurs articulations, les salutations aux maîtres, l’installation des musiciens qui accordent leur percussion. Asseyez-vous près de l’arène si vous aimez sentir les vibrations des tambours, ou un peu plus en retrait si vous préférez observer les motifs et les formes depuis une perspective générale. Respectez le silence lors des phases d’exécution et évitez l’usage du flash pour la photographie — ces usages perturbent l’ambiance rituelle et peuvent distraire les interprètes.
Nous gardons aussi un regard attentif sur la question du sens : assister à Kalaripayattu aujourd’hui, c’est célébrer une tradition qui a survécu aux époques, mais c’est aussi mesurer la difficulté de transmettre un art qui exige corps, temps et disponibilité. Les jeunes performers qui jouent devant nous ont souvent des parcours d’apprentissage exigeants et témoignent d’un engagement physique et moral remarquable. À la sortie, lorsque nous échangeons quelques mots avec eux, ils parlent d’entraînement matinal, de rigueur et d’une fierté palpable à porter ce patrimoine. C’est ce lien entre discipline, transmission et communauté qui rend la soirée bien plus qu’un spectacle — elle devient un moment de partage où nous participons à la reconnaissance d’un art et au soutien d’une filière culturelle locale.
Nous repartons transformés par ce kalari : les sons des percussions résonnent encore dans nos tempes, la mémoire de quelques sauts s’imprime sous les pieds, et la clarté de certaines postures nous accompagne comme une leçon silencieuse. Si vous aimez les expériences où la beauté du geste dialogue avec l’exigence physique et l’histoire, ne manquez pas la représentation ; et si vous écrivez, photographiez ou parlez de votre visite, faites-le en racontant aussi les coulisses — la discipline des artistes, le rôle des musiciens et l’importance du lieu pour la préservation de la tradition.
Periyar, au cœur de la jungle du Kerala
Le lendemain, nous quittons les plaines pour rejoindre l’un des sanctuaires les plus réputés de l’Inde du Sud : le Parc national de Periyar (ou Periyar Wildlife Sanctuary), véritable écrin de verdure au cœur des montagnes des Ghâts occidentaux. Créé en 1934 par le maharaja de Travancore afin de protéger les éléphants et les forêts, il fut ensuite déclaré réserve de tigres en 1978. Aujourd’hui, il s’étend sur plus de 900 km² de forêts, de lacs et de collines, constituant l’un des plus beaux exemples de biodiversité du Kerala.
Nous partons tôt, à l’aube, pour une journée complète d’exploration — départ à 6h du matin, retour vers 18h. Le programme alterne entre marche dans la jungle et navigation en radeaux de bambou, une expérience unique qui nous plonge littéralement dans l’univers sauvage.
Plantations de Thekkady
Sous le soleil de l’après-midi, nous quittons l’animation de la ville pour plonger dans l’univers luxuriant des plantations de Thekkady, véritable écrin de verdure au cœur des Ghats occidentaux. La route sinueuse nous mène à travers des collines parfumées où se succèdent des rangées infinies de théiers, des vergers généreux et une végétation exubérante.
En chemin, nous découvrons des pamplemoussiers aux fruits géants, suspendus comme des lanternes dorées, et respirons les arômes enivrants des épices qui ont fait la richesse du Kerala : cardamome, poivre, cannelle, clou de girofle, muscade… Chaque plante semble raconter l’histoire de siècles d’échanges commerciaux qui firent de cette région un carrefour convoité par marchands arabes, portugais et hollandais.
Les guides locaux, passionnés, nous expliquent comment ces cultures sont entretenues dans le respect de la terre et des traditions.
Nous apprenons que la cardamome, surnommée « la reine des épices », pousse à l’ombre des grands arbres et exige une attention minutieuse, tandis que le poivrier, grimpant comme une liane, enlace les troncs pour atteindre la lumière.
Les fleurs tropicales, aux couleurs éclatantes, ajoutent une touche de poésie à ce décor : hibiscus rouges, bougainvillées flamboyants et orchidées sauvages bordent les allées, attirant une multitude de papillons. L’air est saturé de senteurs mêlées, où se rencontrent la fraîcheur du thé, la vivacité des agrumes et le piquant des épices.
Au détour d’un chemin, nous croisons des villageois cueillant les feuilles de thé avec une rapidité impressionnante, gestes précis hérités d’un savoir-faire ancestral. Leurs paniers se remplissent de jeunes pousses vert tendre, qui seront ensuite séchées et roulées pour donner naissance au fameux thé des collines du Kerala.
Cette immersion dans les plantations est bien plus qu’une promenade botanique : c’est une véritable plongée dans l’âme du Kerala, où nature, traditions et hospitalité s’entrelacent harmonieusement.
De Thekkady à Kochi : un voyage entre montagnes et plantations de thé
Nous quittons ce matin les collines parfumées de Thekkady et les terres préservées du Periyar Wildlife Sanctuary pour prendre la route en direction de Kochi. La route serpente à travers un décor enchanteur, où les paysages semblent se déployer comme une fresque vivante.
Tout au long du trajet, nous longeons d’immenses plantations de thé, aux rangées parfaitement alignées qui ondulent sur les pentes verdoyantes. La brume matinale s’accroche encore aux collines, conférant aux vallées une atmosphère mystérieuse. De temps à autre, nous croisons des cueilleuses aux gestes précis, vêtues de saris colorés, qui remplissent de grandes hottes de jeunes feuilles tendres.
Les plantations s’alternent avec des forêts denses, des champs d’épices et des villages pittoresques où l’on aperçoit des marchés animés et des échoppes de bord de route. Le voyage devient une véritable immersion sensorielle : l’air se charge des effluves mêlés de thé, de cardamome et de poivre, tandis que nos yeux se perdent dans l’harmonie infinie des verts.
Peu à peu, les reliefs montagneux s’adoucissent et nous amorçons notre descente vers les plaines côtières, en approchant de Kochi, ancienne cité marchande ouverte sur la mer d’Arabie.
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